
Les cours du pétrole ont fortement bondi ce vendredi, dans le sillage d’une attaque israélienne contre des sites stratégiques en Iran, qui fait craindre une escalade majeure des tensions au Moyen-Orient et une perturbation de l’approvisionnement mondial en brut.
Le baril de Brent de la mer du Nord progresse de 6,36 % pour atteindre 73,76 dollars, tandis que le WTI américain (West Texas Intermediate) gagne 6,6 % à 72,53 dollars. Plus tôt dans la journée, le Brent avait brièvement grimpé de 14 %, flirtant avec les 79 dollars, marquant l’un de ses plus forts mouvements intrajournaliers depuis l’invasion russe de l’Ukraine en 2022.
Ces tensions géopolitiques profitent aux valeurs pétrolières, à contre-courant des principaux indices boursiers en net recul sous l’effet d’un regain d’aversion au risque. En Europe, l’indice sectoriel Stoxx 600 Oil & Gas gagne 0,58 %, seule hausse notable du jour, tandis qu’à Wall Street, l’indice S&P 500 Energy avance de 1,3 %.
Une attaque à haut risque
Tel-Aviv a revendiqué l’attaque de la nuit de jeudi à vendredi, visant des sites nucléaires, des usines de missiles balistiques et des commandants militaires iraniens, dans ce qu’elle présente comme une opération préventive pour empêcher Téhéran de développer une arme nucléaire.
L’Iran a juré de riposter. Le président iranien Massoud Pezeshkian a déclaré :
« Le peuple iranien et les responsables du pays ne resteront pas silencieux face à ce crime. La réponse légitime et puissante de la République islamique d’Iran fera regretter à l’ennemi son acte insensé. »
L’escalade intervient dans un contexte régional explosif, dix-huit mois après le début de la guerre à Gaza, nourrissant les craintes d’un conflit plus large opposant les États-Unis et Israël d’un côté, à l’Iran et ses alliés de l’autre.
Risques sur l’approvisionnement
Les marchés pétroliers intègrent désormais une prime de risque géopolitique accrue. « L’incertitude géopolitique s’est nettement intensifiée et justifie une réévaluation du risque de perturbation de l’offre », soulignent les analystes d’ING.
Cependant, plusieurs institutions, dont Goldman Sachs et Citi, estiment que les flux d’approvisionnement ne devraient pas être durablement affectés, sauf en cas d’aggravation majeure.
Le marché surveille avec attention le détroit d’Ormuz, par où transite environ 20 % du pétrole mondial. Bien qu’un blocus complet paraisse peu probable, toute entrave à ce corridor stratégique pourrait empêcher les pays de l’OPEP+ d’activer leurs capacités de réserve, selon Goldman Sachs.
En cas de perturbation prolongée, certains scénarios extrêmes envisagent un baril au-delà de 100 dollars.
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) s’est dite prête à libérer une partie de ses 1,2 milliard de barils de réserves stratégiques, si une crise d’approvisionnement se matérialisait. Une déclaration aussitôt critiquée par le secrétaire général de l’OPEP, Haitham Al Ghais, qui a dénoncé une communication alarmiste susceptible de nourrir la panique sur les marchés.