
La Presse — Lorsqu’on parle de mentoring, la première idée qui nous vient à l’esprit de manière intuitive est sans aucun doute, dans une entreprise, une nouvelle recrue, jeune, épaulée et encadrée par un collaborateur d’expérience, largement plus âgé, en quelque sorte, le sage qui prodigue ses conseils à son jeune disciple. Mais imaginez que les rôles traditionnels seraient légèrement bousculés pour le bien de l’entreprise ? C’est en fait exactement ce que propose le mentorat inversé (reverse mentoring en anglais) ! Au lieu que le senior forme le junior, c’est l’inverse qui se produit! Le plus jeune devient le mentor, partageant son expertise avec un collègue plus âgé ou plus expérimenté.
Ce concept est né avec l’arrivée massive de la génération Y sur le marché du travail et l’explosion des technologies.
En effet, ces jeunes souvent plus à l’aide avec le numérique, qui sont ultra connectés, multitâches et friands de développement, vont mettre leurs compétences et leur énergie pour épauler les plus expérimentés.
Généralement, dans nos entreprises, il y a plusieurs générations qui se côtoient, et le mentoring inversé peut réellement créer des synergies improbables et précieuses pour l’entreprise, mais, surtout, épargner aux dirigeants ce qu’on appelle des « angles morts », une évolution technologique, une tendance qui aurait échappé à ceux qui ont le pouvoir décisionnel.
Le « Reverse mentoring » permet à la fois un meilleur partage des connaissances, mais, également, il crée de véritables ponts entre les différentes générations dans une entreprise.
Par ricochet, on peut espérer qu’avec cette approche, on en finisse avec les préjugés intergénérationnels du type « les jeunes ne connaissent rien au monde du travail » ou bien, de l’autre côté, du type « les plus âgés ne comprennent rien au nouveau monde ».
Concrètement, le « Reverse mentoring » permet au jeune, fraîchement recruté, de cultiver ses compétences en leadership en accompagnant des collaborateurs plus âgés et plus expérimentés. Ces jeunes recrues vont très facilement se sentir à l’aise et valorisés à l’intérieur de l’entreprise.
Par ailleurs, la promiscuité avec un collègue plus ancien lui donnera une meilleure compréhension de l’organisation, et là, c’est tout bénéfices pour l’entreprise qui pourra s’assurer que la transmission est réellement faite. Mais ce n’est pas uniquement pour la jeune recrue ou l’organisation que le « Reverse mentoring » est bénéfique, car, pour la personne expérimentée qui est accompagnée, ce soutien peut s’avérer une formidable opportunité pour rester dans le coup, et acquérir de nouvelles compétences qui viennent s’ajouter à sa longue expertise.
Bien évidemment, comme pour toute pratique managériale, si l’on veut que les choses se passent en douceur, et dans l’intérêt de tous, il faut absolument observer un certain nombre de règles. Pas question par la personne accompagnée que ce soit le supérieur hiérarchique direct du jeune employé chargé du mentoring, cela pourrait évidemment créer des tensions et être contreproductif.
Par ailleurs, il est impératif que le binôme formé fixe les périmètres du jeu de mentoring. Il s’agit de discuter en amont des objectifs et écarter les sujets qui ne sont pas du ressort du mentoring.