
Voila, nous y sommes. Après les éternelles interrogations relatives à la meilleure façon de vendre et de consommer notre huile d’olive, après avoir en grande partie boudé le mouton en raison de son prix exorbitant, nous abordons le problème des vacances.
La Presse — En effet, en raison de la hausse des prix dans le secteur touristique national, les familles tunisiennes sont dans l’incapacité d’accéder aux vacances. C’est le président de l’Organisation d’orientation des consommateurs (Otic), Lotfi Riahi, qui l’affirme.
Il ne fait que redire la même chose, tel que l’ont fait ses prédécesseurs depuis des décennies. Rien n’a changé et les différents responsables à tous les niveaux, n’ayant rien compris ou ne voulant rien comprendre, demeurent complètement hors du coup.
Selon ses estimations, «un séjour de 5 jours dans un hôtel 3 étoiles revient à plus de 2.000 dinars pour une famille de quatre personnes, tandis que cette somme grimpe jusqu’à 6.000 dinars pour les établissements 5 étoiles».
Soyons plus modestes et consultons la facture à payer si nous choisissons des endroits moins huppés.
«Pour certains ménages des quartiers populaires, passer quelques jours dans les banlieues de Tunis coûte entre 150 et 200 dinars par jour, ce qui reste lourd à supporter».
Nombre de familles tunisiennes n’ont pas pu partir en vacances depuis cinq ans, une conséquence directe de la détérioration continue du pouvoir d’achat et de l’envolée des prix du tourisme intérieur.
Si nous prenons en considération que dans bien des domaines, on est en train de déployer des efforts louables au niveau des établissements de santé pour que le citoyen puisse trouver des soins de qualité, rénover bus, trains et métros, remettre en circulation des lignes de chemin de fer, pour qu’on puisse se déplacer dans un meilleur confort, recruter et régulariser la situation des enseignants, pour que l’enseignement retrouve son lustre, nous ne pouvons que regretter le manque d’initiative au niveau du tourisme.
Les chiffres et les records à atteindre ne disent absolument rien au citoyen qui se prépare à passer ses trois mois dans la chaleur suffocante et l’inconfort.
Son pouvoir d’achat ne lui permet pas de prendre sa petite famille et de prétendre à un repos bien gagné au bord de la mer ou dans ces décors montagneux, ces bois luxuriants que les étrangers viennent découvrir. Les vestiges qui rappellent l’histoire de ce pays, il ne les a connus que dans les manuels scolaires.
Tout cela, par la faute d’une mauvaise gestion de ce que nous possédons.
Tout d’abord nos hôtels dont les prix des séjours sont bradés et qui demeurent accessibles aux étrangers et non aux Tunisiens auxquels on propose de ridicules «remises» relève du scandale
Pourquoi ne pas faire bénéficier les tunisiens des mêmes avantages ? Il y a des familles tunisiennes qui résident à l’étranger et qui empruntent ce circuit pour passer des vacances de tout repos à un prix défiant toute concurrence.
C’est ensuite le manque d’initiatives au niveau de l’extraordinaire infrastructure scolaire dont nous disposons.
En effet, les établissements scolaires, une fois les examens terminés, seront fermés. Des espaces perdus, où l’on trouve des dortoirs, des cuisines, des restaurants, des lieux de loisirs tels que les salles couvertes ou les terrains de sport.
Imaginons que dans chaque ville où cette infrastructure existe (dortoirs, cuisine, restaurants, etc), nous puissions en mobiliser une partie pour recevoir des familles.
Nous n’avons rien inventé. Les auberges de jeunesse jouaient ce rôle au lendemain de l’indépendance. Nous ne savons pas ce qu’elles sont devenues. Des familles y allaient, c’était bien organisé et les personnes de condition modeste bénéficiaient de très beaux séjours.
Qu’y aurait-il de génial de mettre en place ce genre d’organisation ou de réanimer ces auberges de jeunesse (sous une autre forme) pour relancer une activité en mesure de résoudre bien des problèmes, favoriser l’activité économique de bien des régions et surtout maintenir les installations existantes sous pression pour en préserver l’état mais actuellement abandonnées trois mois durant ? Ne parlons pas de ce que pourraient générer ces initiatives, cette reconversion pour les caisses de ces établissements.
Malheureusement, tout est cloisonné chez nous. Chacun ne se sent bien que seul, isolé, sans partage, alors que d’autres pays plus développés que nous le font. L’administration pure et dure tue toute initiative, en dépit des appels répétés d’oser, d’innover, de favoriser tout ce qui est de nature à rendre service au citoyen, de lui faciliter la vie. Après tout, l’Etat est un et indivisible.
Les autorités régionales, les responsables de l’établissement eux-mêmes, les jeunes, les familles, devraient se mobiliser et présenter des programmes sérieux pour résoudre une bonne partie du problème que posent les vacances.
Cela n’empêche pas le secteur du tourisme de trouver la formule pour mettre un terme à ce favoritisme que rien n’explique, que rien ne justifie. Le plus vite possible.