Accueil International Éclairage : Entre l’entité sioniste et la République islamique : qui pèse plus lourd?

Éclairage : Entre l’entité sioniste et la République islamique : qui pèse plus lourd?

Deux puissances régionales face à face, selon l’Institut de Stockholm pour la paix.

La Presse — La guerre opposant, depuis jeudi, l’entité sioniste et l’Iran reste ouverte à tous les pronostics. Sauf que les capacités militaires des uns et des autres pourraient éclairer la lanterne de ceux pour qui le paysage semble être aussi complexe qu’ambigu.

Dans son dernier rapport annuel 2024, l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri) dresse un tableau précis et contrasté des capacités militaires de l’entité sioniste et de l’Iran, ces deux rivaux géostratégiques majeurs au Moyen-Orient. Leurs forces armées, bien que profondément différentes en termes de doctrine, de technologie et d’alliances, sont au cœur de l’équilibre ou du déséquilibre régional.

Cette étude permet de mesurer, au-delà des perceptions, l’ampleur et la nature du potentiel militaire des deux États, régulièrement impliqués dans des affrontements aujourd’hui directs, mais depuis toujours indirects en Syrie, au Liban, en Irak et plus récemment dans la mer Rouge.

Dépenses militaires : un écart en valeur, mais pas en intensité

Selon le Sipri, l’Iran a consacré environ 9,9 milliards de dollars à sa défense en 2024, contre 23,4 milliards de dollars pour l’entité sioniste. Cet écart reflète des priorités budgétaires, mais aussi des contraintes : Téhéran reste soumis à de lourdes sanctions économiques qui limitent ses achats d’armement et sa capacité de modernisation. Cependant, l’effort militaire en pourcentage du PIB reste significatif dans les deux pays : 3,4 % pour l’Iran et 4,5 % pour l’entité sioniste. L’État hébreu, bénéficiant d’une aide militaire annuelle américaine de près de 3,8 milliards de dollars, investit massivement dans la technologie de pointe et l’innovation défensive, notamment les systèmes antimissiles comme le Dôme de fer (Iron Dome), «David’s Sling» et «Arrow-3».

Effectifs massifs vs armée technologiquement avancée

L’Iran dispose d’environ 610.000 militaires actifs (y compris les Gardiens de la Révolution et les forces paramilitaires du Bassidj), contre 170.000 pour les sionistes, selon la même source. Cette supériorité numérique repose sur une armée à large base conscriptionnelle, mais ses équipements datent pour beaucoup de l’ère soviétique ou des années 1980. Malgré des avancées locales en production d’armement, l’Iran souffre de l’absence d’accès au marché mondial des armes sophistiquées, ce qui limite ses capacités conventionnelles.

L’entité sioniste mise pour sa part sur la qualité, l’interopérabilité et la supériorité technologique. Son armée de l’air est considérée comme l’une des plus performantes au monde, avec des dizaines de chasseurs furtifs F-35, des drones d’attaque de dernière génération et un réseau de renseignement électronique extrêmement développé. La doctrine militaire sioniste repose sur la mobilité, la frappe préventive et la supériorité aérienne.

Nucléaire et missiles, qu’en est-il de la dissuasion ?

L’Etat sioniste n’a jamais officiellement reconnu posséder l’arme nucléaire, mais le Sipri estime qu’il détient entre 80 et 90 ogives nucléaires opérationnelles, basées sur des vecteurs terrestres, aériens et maritimes (triade nucléaire potentielle avec sous-marins Dolphin de fabrication allemande).

L’Iran, quant à lui, n’est pas une puissance nucléaire déclarée, mais ses avancées dans l’enrichissement de l’uranium (au-delà de 60 %) inquiètent les chancelleries occidentales. D’après le Sipri, Téhéran disposerait de la capacité technique de produire une bombe dans un délai estimé entre quelques mois et deux ans, si la volonté politique était confirmée.

En termes de missiles balistiques, l’Iran possède l’un des plus vastes arsenaux du Moyen-Orient, avec des portées allant jusqu’à 2.000 km, pouvant potentiellement frapper Tel-Aviv, les bases américaines dans la région et les capitales du Golfe. L’entité sioniste, de son côté, dispose de missiles Jericho à longue portée et de systèmes de défense multi-couches capables d’intercepter des menaces diverses.

Cyberdéfense et guerre asymétrique

L’entité sioniste est considérée comme l’une des principales puissances cybernétiques mondiales, ayant mené des opérations réputées comme Stuxnet (ver informatique découvert en 2010 qui aurait été conçu par la National Security Agency et la Central Intelligence Agency, en collaboration avec l’unité israélienne 8200, pour s’attaquer aux centrifugeuses iraniennes d’enrichissement d’uranium) ou d’autres attaques contre les installations nucléaires iraniennes. Tsahal possède une unité cyberspécialisée, l’Unité 8200, mondialement reconnue.

L’Iran développe aussi activement ses capacités cyber, souvent via les pasdarans (Gardiens de la Révolution), mais ses actions sont plus limitées à des cyberattaques disruptives ou de propagande. En revanche, Téhéran excelle dans la guerre asymétrique, via ses alliés régionaux (Hezbollah au Liban, milices chiites en Irak, Houthis au Yémen), ce qui lui permet de projeter son influence sans confrontation directe.

Selon le Sipri, l’entité sioniste et l’Iran incarnent une asymétrie maîtrisée, mais explosive, deux modèles militaires opposés : l’un, technologiquement supérieur et intégré aux réseaux occidentaux; l’autre, numériquement dominant, résilient et décentralisé. Le déséquilibre technologique est compensé, en partie, par la stratégie de harcèlement indirect de l’Iran à travers ses proxys.

La guerre ouverte entre l’Iran et l’entité sioniste et les frictions persistantes en Syrie, en mer Rouge ou dans le cyberespace enflammeraient davantage le conflit régional majeur secouant le Moyen-Orient, mais qui pourrait encore embraser une grande partie de la planète.

 

Mohamed Hedi ABDELLAOUI avec rapport annuel 2024 du Sipri*

*Sipri :  Institut international de recherche sur la paix de Stockholm 

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