
Où va le monde face à la recrudescence des conflits armés et à l’embrasement du Moyen-Orient ? Serait-ce vers une redéfinition de l’ordre mondial marqué par le primat des puissances ?
Les conflits armés n’ont guère cessé depuis la Seconde Guerre mondiale de 1939-1945. Ce sont leurs théâtres qui changent : Corée, Indochine, Moyen-Orient, Afrique, Amérique latine, etc. La nouveauté (toute relative d’ailleurs, se rappeler les conflits qui ont accompagné le démantèlement de l’ex-Yougoslavie) est que ces confits se déroulent de nouveau sur le sol européen et engagent les pays de l’Otan face à une puissance nucléaire, en l’occurrence la Russie.
Quant au Moyen-Orient, il n’a connu, à aucun moment, la paix depuis la création en 1948 de l’entité sioniste. Si donc on a l’impression d’une recrudescence des conflits armés, c’est que ces conflits ne sont plus des incursions limitées dans le temps, ou des guerres apparemment civiles alors que ce sont des guerres par procuration, qu’ils sont plus dévastateurs et plus meurtriers pour les civils, et qu’ils se déroulent pour la première fois dans l’histoire en direct sous les projecteurs des informations partagées sur toute la surface de la planète à travers les réseaux sociaux.
Où va le monde face à cette situation ? Personne n’est en mesure de fournir une réponse définitive et convaincante. Par contre, ce dont on est sûr, c’est que le complexe militaro-industriel, défini par Eisenhower dans son discours d’adieu comme un danger qui guette la démocratie américaine, est plus influent que jamais, et il fera tout pour attiser les conflits et qu’il n’y ait pas de paix partout dans le monde.
Nous sommes donc tout le temps en situation d’équilibre précaire de la terreur et cet équilibre risque d’être rompu, entraînant l’humanité vers la catastrophe finale. L’entrée de la Chine dans ce jeu ne change pas sa nature profonde, mais si embrasement général il y a, il ne peut venir que l’entité sioniste, parce que son idéologie, foncièrement raciste, ne connaît de limites que par la domination universelle du «peuple élu de Dieu».
Dans un monde ravagé par des conflits majeurs et des violations répétées du droit international, comment les intellectuels et les institutions académiques peuvent-ils contribuer à la défense des principes universels de justice et de paix ? Jusqu’où leur neutralité peut-elle être légitime sans devenir problématique ?
L’attachement de plus en plus important des masses populaires au respect du droit international, visible dans les manifestations à travers le monde contre la violation de ce droit, est bien le résultat du travail de longue haleine des intellectuels et des institutions académiques en faveur de cette noble cause.
Cependant, leur rôle ne peut remplacer celui des responsables politiques au niveau de l’efficacité immédiate des actions concrètes. Il n’est pas question pour eux de neutralité, mais d’exigence de clairvoyance et de retenue. Mais le problème inédit auquel ils sont confrontés est que l’intrusion des réseaux sociaux empêche l’éclosion de leaders d’opinion, à cause du flux ininterrompu des informations, obstacle majeur à l’intérêt qui est porté aux discours mobilisateurs ou simplement différents de la version dominante.
Quels types de coalitions ou d’alternatives intellectuelles peuvent émerger pour repenser les équilibres mondiaux, face à ces guerres et à l’effritement de l’ordre multilatéral ?
La réponse à cette question dépend des solutions et des alternatives à l’ordre capitaliste débridé qui est imposé actuellement par la force. Or, cet ordre qui est à l’origine de toutes les iniquités ne disparaîtra pas du jour au lendemain. C’est une œuvre de longue haleine où n’interviennent pas que les idées, malgré leur importance, mais essentiellement les forces sociales de plus en plus nombreuses et victimes des abus du capitalisme sauvage. À mon humble avis, nous devons nous attendre à des drames d’une ampleur inédite dans cette période d’agonie du système en vigueur.