
Une table ronde tenue récemment a permis aux participants de donner leurs points de vue sur cette expérience intéressante qui permet aux cinéastes des deux rives de la Méditerranée de développer des films en commun, mais il reste encore du chemin à faire, notamment au niveau de la diffusion des films coproduits.
La Presse — Dans le cadre d’Italian Screens, manifestation cinématographique du cinéma contemporain italien qui se tient jusqu’au 22 juin au cinéma Agora à La Marsa, une table ronde intitulée « L’audiovisuel entre l’Italie et la Tunisie : état des lieux », organisée au Cnci, a réuni plusieurs professionnels tunisiens et italiens du secteur de l’audiovisuel, mercredi dernier, à la Cité de la culture, pour mettre au point la coopération cinématographique entre les deux pays.
Dirigée par le réalisateur de « Asfour Jenna », Mourad Ben Cheikh, la table ronde a permis aux participants de donner leurs points de vue sur cette expérience intéressante qui permet aux cinéastes des deux rives de la Méditerranée de développer des films en commun, mais il reste encore du chemin à faire, notamment au niveau de la diffusion des films coproduits.
Au cours de son intervention en visioconférence, Roberto Stabile, responsable de l’internationalisation à la Direction générale du cinéma et de l’audiovisuel du MiC à Cinecittà, s’est félicité de ce partenariat en matière d’audiovisuel entre les deux pays qui partagent une longue histoire commune, soulignant par ailleurs que ces débuts prometteurs pourront se poursuivre pour de nouvelles perspectives dans l’avenir.
Mourad Ben Cheikh, modérateur de la table ronde, qui a bénéficié du soutien financier de ce fonds pour la réalisation de « Asfour Jenna », s’est interrogé sur le potentiel de financement des films en commun et les horizons de ce partenariat d’échanges. Il s’agit-là d’un laboratoire de développement de films et non seulement un lieu de tournage comme le fut autrefois la Tunisie.
De son côté, Ginella Vocca, directrice du Medfilm festival, a indiqué que depuis 2018, il y a eu plusieurs accords de coproductions avec plusieurs pays. La Tunisie est le seul pays d’Afrique du Nord qui a bénéficié d’un accord de coproduction, renouvelé chaque année, en raison de l’histoire commune entre les deux pays et la rencontre entre des énergies fortes de part et d’autre.
Le producteur Habib Attia a mis l’accent sur la proximité culturelle et sociale entre les deux pays qui a permis la création de ce Fonds de développement de l’audiovisuel sans lequel certains films n’auraient pas vu le jour mais le chemin reste encore long pour aboutir à la matérialisation d’un Fonds de coproduction invitant les institutions à apporter une attention particulière à ce projet.
Le réalisateur Mohamed Challouf a insisté sur la sauvegarde du patrimoine audiovisuel en invitant les autorités des deux pays à mettre en place un accord cadre pour la sauvegarde des films anciens, d’autant plus que l’Italie dispose du savoir-faire et de l’expertise dans ce domaine ainsi que la réactivation de la diffusion des films italiens en Tunisie.
Prenant la parole, le réalisateur Habib Mestiri, qui a longtemps travaillé en Italie, a signalé que ce Fonds de développement est une étincelle pour relancer la production à quatre mains. Il y a lieu de mettre en place un vrai Fonds de coproduction qui permettra de valoriser le cinéma tunisien et aux cinéastes de ne pas faire la queue avec les Italiens pour obtenir des sommes dérisoires. Le Cnci n’a pas fourni de chiffres sur le nombre de films ayant bénéficié de l’aide du Fonds de développement de l’audiovisuel, ni des projets qui ont été réellement concrétisés. Dans l’attente, pour rappel, l’aide est fournie aux projets de films de fiction, de documentaires et d’animation dont la durée est supérieure à 52 minutes. Les œuvres doivent être destinées à une première diffusion dans les salles de cinéma.
Après avis d’une commission, la subvention accordée par le Fonds n’excède pas 70% des dépenses de développement d’un projet. Elle est plafonnée à 30 mille euros pour la partie italienne et 50 mille dinars pour la partie tunisienne. Pour bénéficier des subventions, les films doivent impliquer, d’une part au moins un producteur établi en Tunisie, d’autre part, au moins un producteur fiscalement résidant en Italie. Un projet ayant déjà obtenu une aide publique à la production du ministère de la Culture ou du Cnci, quelle qu’elle soit, n’est pas éligible à l’aide de ce Fonds cinématographique tuniso-italien.