
La ville de Siliana a vécu du 23 au 29 juin au rythme du théâtre. Dans le beau complexe culturel, le public de tout âge est venu nombreux aux représentations nocturnes programmées au cours de cette 4e édition. L’engouement du public et son assiduité s’expliquent par l’intérêt qu’il porte à la culture d’une manière générale et au théâtre tout particulièrement, mais aussi à une programmation bien étudiée de pièces tunisiennes récentes de bonne facture.
La Presse —Les soirées douces de Siliana sont arrosées d’une ondée de créations théâtrales qui rafraîchissent les esprits et les détendent.
La Ville de Siliana a vécu du 23 au 29 juin au rythme du théâtre. Dans le beau complexe culturel, le public de tout âge est venu nombreux aux représentations nocturnes programmées au cours de cette 4e édition.
L’engouement du public et son assiduité s’expliquent par l’intérêt qu’il porte à la culture d’une manière générale et au théâtre tout particulièrement, mais aussi à une programmation bien étudiée de pièces tunisiennes récentes de bonne facture, dont certaines ont remporté plusieurs prix dans des festivals internationaux, à l’instar «d’Othello et après» de Hamadi Louhaibi, «La dernière fois» de Wafa Taboubi ou encore «La danse céleste» de Taher Aissa Ben Larbi.
A l’issue de chaque représentation, metteur en scène et comédiens engagent un débat fructueux avec les spectateurs pour mieux appréhender leurs réactions et leur état d’esprit par rapport à la représentation. Un exercice à la fois nécessaire et réjouissant pour les artistes. Le dialogue avec le public leur permet de peaufiner leur jeu pour les prochaines représentations et au metteur en scène de revisiter son travail, toujours en constante évolution.
Il est clair que le théâtre engagé n’est pas que l’apanage d’une élite «tunisoise», mais il s’étend aussi dans d’autres franges de la société des villes de l’intérieur du pays, notamment dans celles où l’infrastructure s’y prête comme c’est le cas à Siliana.

Pour cette 4e édition, le lever de rideau était avec «Othello et après». Othello est donc descendu de son piédestal pour se confronter à une assistance qui ne connaît pas nécessairement Shakespeare, mais a pu le découvrir à travers la peau de Mhedheb Rmili. Un Othello agité et coléreux en proie à un amour fantasmé et contrarié par un rival qui cherche à prendre le dessus. S’engagent alors un combat acharné et une lutte de pouvoir entre les deux hommes. Le bien et le mal, l’amour et la haine et d’autres dérives propres à l’époque contemporaine comme le racisme et l’intégrisme.
«Sous pression» d’après un texte de Haifa Boulakbach, Rayen Karoui entreprend une mise en abîme qui déstabilise le spectateur. Une troupe de théâtre amateur se trouve confrontée avec les autorités, ce qui transforme la représentation en un conflit sur la liberté d’expression et la censure.
Wafa Taboubi propose, quant à elle, dans «La dernière fois», un redoutable mais saisissant face-à-face entre un homme et une femme à travers une mise en scène à couper au couteau où les comédiens Meriem Ben Hamida et Oussama Kouchkar poussent à fond leur jeu à travers des personnages aveuglés par la peur, la solitude et l’isolement. Un chassé-croisé où les corps se font et se défont sous les regards conquis des spectateurs.
Dans un tout autre registre, «La danse céleste» de Taher Aissa Ben Larbi se veut une interrogation sur l’amour absolu où l’être humain est tiraillé entre la foi, la tyrannie et l’oppression. Une vision du monde qui évoque la relation mystique qui s’est tissée entre Jaleleddine Erroumi et Shamseddine Tabrizi. Un dialogue entre théâtre et cinéma, passé et présent, spirituel et matériel qui entraîne le public dans une danse transcendantale à l’image des derviches tourneurs. La pièce est sublimée par la présence de Mouna Noureddine sacrée la meilleure de tous.
D’autre part, précédant chaque représentation, le festival Théâtre et société a prévu des mini-spectacles de musique qui se sont déroulés sur le parvis du Centre culturel.
Des chaises sont aménagées pour permettre au public, constitué en grande majorité de femmes et d’enfants, d’assister à des tours de chant d’artistes, certes pas beaucoup médiatisés, mais qui assurent leur présence avec un répertoire hétéroclite composé de chansons du terroir et de mélodies de création personnelle, à l’instar de la chanteuse Rania Jedidi accompagnée de deux guitaristes…. Khaoula Taoues et un organiste interprètent des chansons orientales
La vedette de cette 4e édition est inconstestablement l’acteur Khaled Bouzid connu pour son rôle d’El Fahem dans le feuilleton comique «Nsibti Laaziza», qui a animé un atelier d’initiation au théâtre du mime destiné aux enfants. Armé d’une bonne pédagogie, l’acteur a de fortes capacités pour se faire aimer des enfants et de les convaincre à s’intéresser au théâtre et à comprendre ses implications dans la société. Sa popularité auprès des enfants est grandiose.
Dans les rues de Siliana, les gamins se bousculent pour prendre des selfies avec leur idole toujours souriante et disponible pour la circonstance. Khaled Bouzid ne se lasse pas de servir cette jeunesse en quête de connaissance et de savoir-faire.
Il sillonne le pays de long en large pour impliquer les jeunes dans la culture et les disposer avec beaucoup de tact à la création. Un pari gagné auquel il se consacre entièrement.