
Le secteur touristique enregistre des performances exceptionnelles au premier semestre 2025. Portée par l’afflux de visiteurs européens, une stratégie de diversification et une volonté de montée en gamme, la Tunisie entend battre des records cette année. Mais cette embellie doit s’accompagner d’une réflexion stratégique face à une concurrence méditerranéenne de plus en plus rude.
La Presse — L’été 2025 s’annonce exceptionnel pour le tourisme tunisien qui connaît une belle croissance, qui ne peut que confirmer la vigoureuse reprise du secteur après quelques années difficiles. Selon les dernières données, la Tunisie a accueilli 4,3 millions de touristes au premier semestre, soit une progression de 11 % par rapport à la même période en 2024, une dynamique qui devrait permettre d’atteindre, voire de dépasser, pourquoi pas, l’objectif des 11 millions de visiteurs d’ici la fin de l’année, un record historique pour la destination
Un semestre record qui confirme la reprise
La croissance du secteur touristique s’inscrit dans un contexte économique plus large, marqué par une certaine résilience de l’économie tunisienne, malgré certains signes inquiétants. D’ailleurs, la Banque mondiale prévoit une croissance du PIB tunisien de 1,9 % en 2025, contre 1,4 % en 2024, une croissance certes pas énorme, mais qui confirme la résistance de l’économie face à la crise. Il faut dire également qu’après des années d’inflation, cette dernière a suivi un chemin décroissant pour s’établir autour de 5,4.
Il n’est plus à démontrer que la Tunisie est depuis des décennies l’une des destinations préférées des Européens pour les vacances d’été, en dépit de quelques creux. En 2025, elle est même la première destination étrangère des Français, avec une hausse spectaculaire de 40 % selon une récente étude d’une agence de voyage française.
Le phénomène ne se limite pas à la France : le Royaume-Uni, l’Allemagne et d’autres marchés européens enregistrent également une forte progression des arrivées; pour eux, la Tunisie représente le soleil et la plage, avec en prime, un rapport qualité-prix très intéressant.
La Tunisie a, par ailleurs, compris qu’elle devait diversifier son offre et le ministère du Tourisme a misé sur cette stratégie axée sur la qualité, la digitalisation, le développement durable et la valorisation des atouts culturels et naturels du pays. Les investissements dans l’hôtellerie, la modernisation des infrastructures et la formation du personnel sont renforcés afin de répondre aux attentes d’une clientèle internationale de plus en plus exigeante.
Concurrence et exigences !
Selon certaines statistiques, le tourisme pèserait aujourd’hui 5 % dans le PIB national et il va sans dire qu’il génère des devises étrangères ôh combien précieuses pour le pays. Cependant, cette croissance et cette reprise confirmée ne doivent pas occulter l’essentiel, à savoir la forte concurrence méditerranéenne qui fait que l’Espagne, la Grèce, l’Italie et la Turquie restent des poids lourds du tourisme estival, attirant chaque année des dizaines de millions de visiteurs.
Outre ces géants du tourisme, de nouvelles destinations font irruption à l’instar de l’Albanie, qui enregistre une croissance spectaculaire de la fréquentation européenne, ou encore, la Croatie et le Monténégro, qui séduisent par leur offre et leurs prix compétitifs.
Pas de panique cependant, le marché est vaste et le gâteau est grand, mais ce qui est certain, c’est que l’offre que doit présenter la Tunisie devra se diversifier davantage pour attirer les touristes avec leurs exigences en constante évolution. Alors que majorité continue à privilégier le tourisme balnéaire, il est important que nous puissions préserver nos plages de la pollution notamment.
Par ailleurs, de nouvelles générations de touristes sont en quête de nouvelles expériences qui soient en adéquation avec leurs valeurs.
Aujourd’hui, une partie non négligeable de touristes cherche des destinations bas carbone (proches), mais également où les économies d’énergies, l’écologie, la préservation des droits des populations locales (pas d’exploitation des travailleurs), sont garanties.