
En septembre 1981, peu de temps après l’arrivée de François Mitterrand et des partis de gauche au pouvoir en France, l’auteur-compositeur Hervé Cristiani fait sortir chez RCA sur un 33 tours sa chanson « Il est libre Max » qui devient vite un hymne libertaire traduisant « les ruptures et les espoirs traversant alors la société française », comme l’écrit le journaliste Philippe-Jean Catinchi, plus d’une trentaine d’années plus tard, dans le journal Le Monde.
Trois ans plus tard, en 1984, le militant libanais pro-palestinien et chef de la Fraction armée révolutionnaire libanaise (groupuscule de chrétiens libanais marxistes) en France, Georges Ibrahim Abdallah, est arrêté, puis, condamné en 1987 à la réclusion à perpétuité pour complicité d’assassinat de diplomates sionistes et américain à Paris.
En effet, le plus célèbre des prisonniers politiques (pas à cause de son affaire, mais parce qu’on l’a longtemps cru, à tort, à l’origine de la vague d’attentats de 1985-86 qui avait fait 13 morts et installé la psychose dans les rues de Paris-NDLR) n’a jamais reconnu son implication dans les assassinats des diplomates dans la Ville Lumière, mais les a toujours qualifiés d’« actes de résistance » contre « l’oppression israélienne et américaine », refusant toujours de renier ses convictions, dans le contexte de la guerre civile et multiconfessionnelle au pays du Cèdre ainsi que l’invasion sioniste au sud-Liban en 1978.
D’ailleurs, deux mois après la condamnation à la perpétuité de Georges Abdallah, les commanditaires ainsi que les véritables responsables, avaient été déjà identifiés. Libérable depuis 25 ans, mais Washington, parties civiles, et les lobbies sionistes se sont fermement opposés à chacune des demandes de libération déposées par ses avocats.
Doyen des détenus dans l’Hexagone, avec plus de 40 ans derrière les barreaux au pays qui prône comme devise « Liberté, égalité, fraternité », la justice française a ordonné hier la libération de cette icône du mouvement de la lutte armée anti-sioniste, « sous condition de quitter le territoire national et n’y plus paraître » le 25 juillet prochain.
Ainsi, lors d’une audience non publique au Palais de Justice de Paris, la cour d’appel a rendu sa décision, en l’absence du détenu de la prison de Lannemezan (sud), âgé de 74 ans.
« C’est à la fois une victoire judiciaire et un scandale politique qu’il ne soit pas sorti plus tôt, à cause du comportement des Etats-Unis et de tous les présidents français » successifs, a déclaré au sortir de la salle d’audience son avocat, Me Jean-Louis Chalanset.
Dissoute depuis longtemps, la faction des FARL (Fractions armées révolutionnaires libanaises) « n’a pas commis d’action violente depuis 1984», avait fait savoir la cour dans son arrêt de février, estimant que Georges Abdallah « représente aujourd’hui un symbole passé de la lutte palestinienne».
Son frère, Robert, s’est dit « heureux » de cette décision judiciaire, « surtout après les nombreuses tentatives de libération avortées ». « Pour une fois, les autorités françaises se sont affranchies des pressions exercées par l’entité sioniste et les Etats-Unis. »
Il est prévu qu’il soit emmené par les forces de l’ordre à l’aéroport de Tarbes (sud) direction Roissy, en région parisienne, où il prendra un vol pour Beyrouth.
Certes, la décision de la cour peut faire l’objet d’un pourvoi en cassation du parquet général, mais il ne serait pas suspensif et n’empêcherait donc pas Georges Abdallah de rentrer à sa patrie, le Pays du Cèdre.
Sur fond d’actualité toxique où les forces sionistes violent le droit international en bombardant Damas, tout en poursuivant la « Solution Finale » et les crimes génocidaires du gouvernement fasciste de Netanyahu à Gaza, la nouvelle de la libération de Georges est une véritable brise de liberté et une victoire pour son collectif de soutien et pour les quelques fidèles manifestant chaque année devant sa prison ou pour la poignée de parlementaires de gauche. Tout un symbole pour la résistance pro-palestinienne et anti-impérialiste !
Et comme on le dit si bien en Tunisie, « El haï yraouah, wel habs kadhab » (un proverbe qui signifie : tout prisonnier vivant finira un jour par rentrer chez lui et la prison est éphémère). Tout un symbole !
Maintenant, on peut chanter fièrement et dignement: il est libre Georges.