
Alors que le soleil implacable de juillet accable la Tunisie et que le mercure dépasse allègrement les 40 degrés, la piscine municipale de Métlaoui, un joyau d’architecture sportive et la première piscine conforme aux normes olympiques érigées en Tunisie, demeure désespérément fermée.
Cela fait désormais plus de 20 longues années que cette infrastructure vitale, autrefois bouffée d’oxygène pour la jeunesse locale, est livrée à l’abandon. Une situation d’autant plus déplorable qu’elle persiste malgré les appels répétés du Président de la République au déblocage des projets à l’arrêt.
La Presse — Ce triste tableau est d’une incohérence frappante, voire d’un cynisme désolant. En 2020, un appel d’offres avait pourtant été lancé pour sa réhabilitation. Un budget conséquent de 45.000 dinars avait même été alloué pour son aménagement et sa restauration, avec une durée des travaux fixée à seulement 120 jours. Mais en vain, la piscine est toujours un symbole de déliquescence, ses bassins vides se transformant en un cimetière de rêves brisés pour les jeunes de Métlaoui.
Le comble de cette tragédie est que, dans son état de délabrement avancé, cette ancienne oasis de fraîcheur a trouvé une nouvelle, et amère, vocation : elle sert désormais de cadre incongru pour l’organisation de foires commerciales. L’image d’étals de produits ou de stands d’exposition dressés au milieu de ce qui fut un bassin olympique est une illustration glaçante du gaspillage et du détournement de l’usage initial d’une infrastructure publique essentielle.
Pendant ce temps, bien que la ville de Métlaoui compte trois piscines privées, ces alternatives sont loin d’être une solution viable. Ces installations sont malheureusement trop exiguës pour accueillir un grand nombre de baigneurs et, surtout, leurs prix d’accès ne sont pas à la portée de toutes les bourses. Elles restent donc un luxe inabordable pour la majorité des jeunes de la région minière, qui se retrouvent ainsi privés d’un lieu de rafraîchissement abordable et adapté à leurs besoins, contrairement à ce qu’offrait la piscine municipale.
Dans cette région où les perspectives de loisirs et de divertissement sont déjà cruellement limitées, la fermeture de cette piscine est bien plus qu’une simple commodité perdue. Elle prive la jeunesse d’une oasis, d’un lieu où celle-ci pouvait échapper à la chaleur écrasante de l’été, se défouler et tisser des liens. L’absence d’un tel espace aggrave un sentiment au sein d’une communauté qui lutte déjà contre un manque flagrant d’infrastructures sociales et culturelles.
Une question brûlante demeure : comment un projet aussi vital, doté d’un financement et d’un calendrier précis, peut-il rester paralysé aussi longtemps ?
Il est grand temps que les autorités locales prennent la pleine mesure de cette situation. La réouverture de la piscine de Métlaoui ne serait pas seulement la réhabilitation d’une infrastructure, mais la restauration d’un espoir et la preuve tangible que les promesses peuvent se concrétiser.
Il est impératif d’agir pour que cette première piscine olympique de Tunisie retrouve sa vocation et devienne, enfin, un espace de vie, de sport et de joie pour les générations futures de Métlaoui, plutôt qu’un triste parterre pour des foires commerciales, et offrant une véritable alternative aux rares options privées et coûteuses.