
Bien que les dernières statistiques du ministère du Tourisme témoignent d’une hausse de fréquentation, le secteur touristique tunisien traverse une crise structurelle profonde, a alerté Amel Djait, membre du bureau exécutif de la Fédération Interprofessionnelle du Tourisme Tunisien (FITT).
Dans une déclaration accordée ce samedi à Express Fm, Djait a confirmé que les chiffres annoncés par le ministère — 5,27 millions de visiteurs jusqu’au 20 juillet 2025, 3,9 milliards de dinars de recettes, et une hausse de 7,1 % des nuitées — sont officiels, transparents et crédibles, mais elle met en garde contre une lecture trop optimiste de ces résultats, en raison de la perte de près de 80 000 lits dans les structures d’hébergement.
“C’est une alerte rouge pour le secteur”, a-t-elle déclaré, en soulignant que cette perte pose de sérieuses questions sur l’adéquation entre les chiffres globaux et la réalité du terrain.
Amel Djait a aussi rappelé que le tourisme de proximité, notamment algérien, constitue un levier clé depuis 2015. Toutefois, elle appelle à une refonte urgente de l’offre, avec un accent sur l’amélioration des services dans les régions frontalières et une meilleure prise en compte des attentes des touristes algériens, devenus “plus exigeants et sélectifs”.
Concernant le marché européen, Djait a estimé que la Tunisie reste loin des performances d’avant les attentats de 2015, malgré la connaissance partagée des réformes à mettre en œuvre. “Nous savons tous ce qu’il faut faire, mais rien n’avance concrètement”, a-t-elle regretté.
Elle a aussi dénoncé la dépendance excessive au modèle hôtelier classique, expliquant que le faible niveau de dépenses des touristes étrangers découle du manque de diversification de l’offre, de la dégradation de l’environnement, de l’insuffisance des infrastructures et de la persistance de problèmes de gouvernance.
“Le tourisme, ce n’est pas seulement dormir à l’hôtel”, a-t-elle martelé, appelant à une prise de conscience collective.
Amel Djait a enfin lancé un appel clair à une “révolution touristique” en Tunisie, fondée sur : une vraie coopération entre les secteurs public et privé, l’actualisation du cadre législatif, la modernisation des infrastructures, notamment aéroportuaires, et le soutien à l’investissement touristique local.
“Cela fait plus de 15 ans que les mêmes obstacles reviennent : lenteur administrative, lois dépassées, manque de vision. Il est temps d’en sortir”, a-t-elle encore précisé.