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La ligne d’or : L’écologie comme levier de croissance

La Presse — Souvent, et bien plus dans les pays du Sud, la question écologique est reléguée au second plan, voire au troisième plan, pour une simple et bonne raison légitime : il nous faut créer de la croissance pour rattraper notre retard et nourrir la population. Ainsi, l’écologie devient un enjeu secondaire, un luxe que ne pourraient se permettre que les pays solides économiquement.

Or, avec un peu d’ingéniosité et énormément de bonne volonté, il serait possible de penser une stratégie économique nationale à la fois rentable et écologique. Pour ce faire, cela demande un exercice d’équilibrisme entre deux impératifs souvent perçus comme antagonistes : la croissance économique et la préservation de l’environnement. 

Le principe qui devra servir de boussole est en fait extrêmement simple, c’est celui de se dire que tout projet qui détruit la planète ne crée pas de richesse, il transfère des coûts aux générations futures. À partir de là, un Etat peut décider que tout projet économique, plan d’investissement, réforme ou partenariat doit passer par une sorte de test de durabilité.

Une fois ce filtre installé, il devient un obstacle aux projets nuisibles, d’une part, et un accélérateur pour les innovations « eco-friendly », d’autre part. Naturellement, ces innovations vont créer de la valeur, et participer au PIB sans nuire à ce qui est essentiel pour la pérennité  de notre environnement naturel. 

D’ailleurs, le PIB, somme  des  richesses produites en une année, ne rend malheureusement pas compte de l’épuisement des ressources. C’est la raison pour laquelle certains penchent vers des indicateurs alternatifs (en plus des indicateurs classiques), à l’instar d’un « PIB vert» qui soustrait du PIB classique les coûts environnementaux comme la dégradation des écosystèmes et la pollution, afin de mieux refléter le bien-être et la soutenabilité à long terme, mais si l’on soustrait ce qui est mal, on pourrait tout à fait envisager d’intégrer les bénéfices occultés des projets environnementaux.

Dans une politique d’Etat bien structurée, les subventions, les cadeaux fiscaux et les financements publics sont réorientés vers des projets qui permettent à la fois de préserver l’environnement et de créer de la croissance. En fait, il est erroné de penser que l’économie verte est « sacrifice », le mindset, dans ce sens, doit changer, car l’économie verte doit désormais être pensée comme un marché d’avenir, capable de créer de l’emploi. 

À elle seule la transition écologique et énergétique peut être un catalyseur de l’innovation et de l’emploi, à travers le soutien des start-up  vertes, la formation de travailleurs aux métiers de la transition comme la rénovation énergétique, la gestion des déchets, etc, pour répondre aux exigences légales (normes de constructions établies par un Etat soucieux et conscient de l’enjeu écologique).

Il ne s’agit vraiment pas d’une utopie fictionnelle, mais bien d’une réalité d’ailleurs éprouvée dans plusieurs pays. Non loin de nous dans notre continent, le Gabon  est souvent salué pour sa politique environnementale. Dès 2009, le pays a pris un virage écologie important où la politique, baptisée « Gabon Vert », s’engage à conserver plus de 85 % de ses forêts tropicales.

Ce qui est intéressant à signaler, c’est que le Gabon « monétise » des services écologiques, notamment en développant la valorisation financière des crédits carbone et de la biodiversité pour attirer des investissements verts et soutenir la diversification économique. Une orientation stratégique qui lui permet aujourd’hui de conjuguer croissance et sauvegarde de l’environnement.

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