
A la fin de son discours, la réalisatrice a cité Nelson Mandela qui disait : «Nous savons trop bien que notre liberté est incomplète sans la liberté des Palestiniens», en notant qu’aujourd’hui, ses mots sonnent plus vrais que jamais. Et de conclure : «Que l’âme de Hind repose en paix. Que les yeux de ses tueurs ne dorment jamais. Free Palestine».
La Presse —Le film «The Voice of Hind Rajab» (La Voix de Hind Rajab) de la réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania a été primé, samedi, du Lion d’argent à Venise, deuxième récompense la plus prestigieuse: Le Lion d’or a été décerné au film «Father Mother Sister Brother» de Jim Jarmusch.
Ces récompenses ont été remises lors de la cérémonie de clôture du 82e festival de cinéma de la Cité des Doges, marquée par les nombreux gestes et déclarations de solidarité à l’égard de Gaza.
«The Voice Of Hind Rajab», qui a marqué de manière éclatante le festival, a également remporté six distinctions majeures parmi les huit prix parallèles décernés cette année, un fait rarissime dans l’histoire de la Mostra.
Le premier trophée qui lui a été attribué est le Leoncino d’Oro (Lionceau d’or), remis par un jury de jeunes spectateurs, qui souligne la résonance particulière du film auprès des nouvelles générations. À cette reconnaissance s’est ajouté le Premio Croce Rossa Italiana (Prix de la Croix-Rouge italienne), récompense qui honore les films portant un message humanitaire fort. Le parcours s’est poursuivi avec le Premio Arca Cinema Giovani (Prix Arca Cinéma Jeunes), également décerné par un jury de jeunes, confirmant l’écho du film auprès d’un public diversifié.
Rappelons que le documentaire revient sur le destin tragique de Hind Rajab, tuée avec plusieurs membres de sa famille alors qu’ils tentaient d’échapper aux bombardements à Gaza. Avant sa mort, Hind et sa cousine avaient réussi à joindre les secours par téléphone; l’appel enregistré par le Croissant-Rouge, et largement relayé sur Internet, a provoqué une onde de choc mondiale. Quelques jours plus tard, les voitures de la famille et des secouristes ont été retrouvées criblées de balles (355 impacts sur le véhicule familial!).
Dans son discours de remerciements, Kaouther Ben Hania a dédié son prix au Croissant rouge palestinien. Elle a affirmé que le cinéma, bien qu’incapable de ramener les morts ni d’effacer les atrocités, peut préserver la mémoire et faire entendre des voix étouffées. A travers l’histoire de Hind, c’est celle de tout un peuple qu’elle veut faire connaître, un peuple victime d’un génocide perpétré par un régime israélien agissant en toute impunité.
Elle a rappelé que la mère et le frère de Hind (qu’elle nomme) sont en danger à Gaza, comme «d’’innombrables mères, pères et enfants qui se réveillent chaque jour sous le même ciel de peur, de faim et de bombardements». Elle a, de ce fait, exhorté les dirigeants du monde à les sauver. «Leur survie n’est pas une question de charité. C’est une question de justice, d’humanité, du minimum que le monde leur doit», a-t-elle déclaré.
Elle a transmis également un message de la mère de Hind, qui remercie l’équipe du film et exprime l’espoir que ce dernier puisse contribuer à faire cesser le génocide.
A la fin de son discours, la réalisatrice a cité Nelson Mandela qui disait : «Nous savons trop bien que notre liberté est incomplète sans la liberté des Palestiniens», en notant qu’aujourd’hui, ses mots sonnent plus vrais que jamais. Et de conclure : «Que l’âme de Hind repose en paix. Que les yeux de ses tueurs ne dorment jamais. Free Palestine».
Il est à noter que film a été choisi pour représenter la Tunisie aux Oscars 2026. Le long-métrage doit sortir le 17 septembre en Tunisie mais aucune date n’est encore prévue en Europe. Aux Etats-Unis il n’a pas encore de distributeur.