Accueil A la une Modernisation à la chinoise : Un modèle inspirant pour la Tunisie et l’Afrique

Modernisation à la chinoise : Un modèle inspirant pour la Tunisie et l’Afrique

La modernisation d’un pays ne se lit pas seulement dans ses gratte-ciel ou ses autoroutes, mais dans les visages rencontrés et les amitiés nouées. En Chine, j’ai découvert bien plus qu’un pays en mouvement : j’ai rencontré une humanité qui m’a profondément marquée.

La Presse — De retour après quatre mois passés en Chine, je garde en mémoire une expérience qui dépasse le simple voyage. J’ai découvert un pays en pleine modernisation, mais aussi une société attachée à ses traditions et ouverte au dialogue. Entre Wuxi, Chengdu et le Xinjiang, entre infrastructures futuristes et rencontres humaines, j’ai mesuré ce que signifie réellement la «modernisation à la chinoise» et comment elle peut inspirer nos propres trajectoires en Tunisie et en Afrique.

Dès mon arrivée à Beijing, la Chine m’a donné l’impression d’un pays à la fois immense et intime. Immense par ses routes, ses gratte-ciel, ses trains ultrarapides qui relient des villes distantes de milliers de kilomètres en quelques heures. Intime par les sourires des passants, les gestes simples d’hospitalité, et cette curiosité sincère de ses habitants pour comprendre d’où je venais. La modernisation, je l’ai d’abord perçue dans ce contraste : un pays qui court vers l’avenir, mais qui n’oublie pas d’accueillir l’étranger avec chaleur.

Quand la Chine se modernise sans perdre son âme

À Wuxi, dans la province du Jiangsu, j’ai découvert une ville qui incarne cette harmonie entre passé et présent. Bordée par le lac Taihu, l’un des plus grands de Chine, elle est surnommée la «perle du Jiangnan». Ses jardins soignés, ses temples anciens et ses canaux rappellent la Chine traditionnelle que l’on retrouve dans les livres et les peintures. Mais à quelques rues de là, s’élèvent des parcs industriels modernes, des laboratoires de recherche et des entreprises tournées vers l’innovation. Cette dualité m’a fascinée : la modernisation à la chinoise ne consiste pas à effacer le passé, mais à dialoguer avec lui.

Avec un groupe d’amis locaux, nous avons exploré un souk traditionnel et partagé quelques plats savoureux. Entre les rires et les discussions animées, nous avons échangé sur nos cultures, nos traditions et nos visions de l’avenir. J’ai senti leur fierté à transmettre à la nouvelle génération un équilibre entre accès à l’éducation moderne et attachement aux coutumes ancestrales.

Chengdu, ma deuxième étape, m’a révélé un autre visage de la Chine. La ville est célèbre pour ses pandas géants, symboles universels de douceur et de protection de la nature. Mais derrière ce symbole se cache une capitale régionale en pleine effervescence. Les avenues sont bordées de start-up high-tech, les transports publics exemplaires, et la ville est classée parmi les plus agréables à vivre en Chine.

Ce qui m’a touchée à Chengdu, ce n’était pas seulement l’efficacité des infrastructures, mais l’art de vivre qui s’en dégage. Dans les maisons de thé, j’ai vu des habitants passer des heures à discuter, à savourer la lenteur d’un moment partagé. Cette scène m’a rappelé Tunis et nos cafés populaires : preuve que la modernisation n’efface pas le besoin de convivialité, au contraire, elle peut le renforcer.

Xinjiang : la vraie découverte

Si je devais retenir une seule étape, ce serait le Xinjiang. Région vaste et diverse, située aux confins de la Chine, elle est un carrefour de cultures, de langues et de traditions. Avant d’y aller, je connaissais surtout les images médiatiques, souvent réductrices et éloignées de la réalité. Ce que j’ai découvert sur place m’a profondément bouleversée.

À Urumqi, la capitale régionale, j’ai été frappée par le mélange : des marchés animés aux odeurs d’épices, des musiciens jouant des instruments traditionnels, des mosquées anciennes côtoyant des universités modernes et des routes rapides. Dans les bazars, les vendeurs m’accueillaient avec curiosité et bienveillance, souvent surpris d’entendre que je venais de Tunisie. Certains me disaient qu’ils connaissaient notre pays comme destination touristique, d’autres qu’ils rêvaient de visiter la Méditerranée.

Mais au-delà des paysages et des traditions, c’est l’humanité du Xinjiang qui m’a le plus marquée. Je me souviens d’une soirée passée dans une famille ouïghoure qui m’a ouvert sa maison avec générosité. Autour d’un repas riche en saveurs, nous avons parlé de nos coutumes respectives. Ils voulaient savoir comment les Tunisiens fêtaient l’Aïd, quelles musiques nous écoutions, comment nous transmettions nos traditions à nos enfants. En retour, ils m’ont montré des danses locales et m’ont appris quelques mots de leur langue.

Ces instants, simples et sincères, m’ont fait comprendre que la modernisation chinoise ne se réduit pas aux infrastructures, elle inclut aussi la volonté de faire coexister les différences dans le respect.

Ces rencontres humaines n’ont pas été éphémères. A Beijing, entre balades dans les ruelles animées des hutongs, visites de temples et moments partagés dans les cafés et maisons de thé, j’ai noué des liens sincères avec plusieurs amis chinois. Nous avons partagé nos histoires personnelles, nos coutumes et nos passions, évoqué nos rêves pour l’avenir et nos différences culturelles, souvent avec beaucoup d’humour et de curiosité mutuelle. Ces échanges quotidiens m’ont permis de comprendre la Chine autrement : derrière les gratte-ciel et les technologies impressionnantes, il y a une société ouverte et désireuse de créer du lien. Ces amitiés durables sont, pour moi, la preuve que la modernisation à la chinoise ne se limite pas aux infrastructures : elle a aussi une dimension profondément humaine, capable d’ouvrir des passerelles entre les peuples.

Au cours de mon séjour, j’ai également rencontré plusieurs Tunisiens vivant à Beijing. Leurs parcours sont autant de témoignages de réussite et d’inspiration. Certains sont étudiants dans des universités prestigieuses, d’autres journalistes de renommée, et d’autres encore entrepreneurs ayant su créer des ponts économiques entre la Chine et la Tunisie.

Nous avons échangé sur leurs expériences, leurs défis et leurs projets, et j’ai été frappée par la passion et la persévérance qui les animent. Ces Tunisiens sont à mes yeux de véritables ambassadeurs de l’amitié sino-tunisienne : chaque jour, par leur travail, ils incarnent la coopération entre nos deux pays.

Ce qui m’a particulièrement marquée à Beijing, c’est la façon dont ces rencontres humaines s’insèrent dans le tissu même de la ville. Entre visites de la Cité interdite, promenades sur la place Tian’anmen ou découvertes des marchés traditionnels, chaque interaction m’a montré que la modernisation de la capitale n’est pas seulement technique ou matérielle : elle est également sociale et culturelle. Beijing réussit à allier efficacité, innovation et chaleur humaine, et c’est cette dimension qui rend la ville vivante et accueillante pour ceux qui la visitent ou y vivent.

Une modernisation qui inspire la Tunisie

Ce voyage m’a permis de comprendre que la modernisation à la chinoise n’est pas un modèle unique à reproduire, mais une expérience dont nous pouvons tirer des leçons. La Chine a choisi sa propre voie, adaptée à ses réalités, ancrée dans son histoire et tournée vers l’avenir. Cette approche peut inspirer la Tunisie et l’Afrique.

Nous aussi, nous avons besoin d’investir dans les infrastructures, de développer l’innovation et de valoriser notre patrimoine culturel. Mais ce que la Chine m’a montré, c’est que le développement n’a de sens que s’il reste proche des citoyens, s’il améliore leur quotidien et s’il respecte leur identité.

En quittant la Chine, je n’ai pas seulement rapporté des images de villes futuristes ou de paysages impressionnants. J’ai surtout ramené des visages, des voix, des sourires et des amitiés. J’ai découvert un pays en mouvement, mais profondément humain. Et c’est cette humanité qui, à mes yeux, fait la vraie force de la Chine et nourrit l’amitié entre nos deux pays.

La Chine est, aujourd’hui, bien plus qu’une puissance économique. Elle est un partenaire, un ami, un pays qui sait conjuguer le passé et l’avenir, la diversité et l’unité, la modernité et la chaleur humaine. Et c’est peut-être là le plus grand enseignement de mon voyage : moderniser, oui, mais toujours en gardant au cœur ce qui nous rend profondément humains.

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