
L’image a sidéré, choqué et fait le tour du monde. Donald Trump, sourire narquois, tapant sur l’épaule d’un dirigeant arabe lors de la signature de l’accord de paix en Égypte entre les colons sionistes et les Palestiniens, lance des phrases au vitriol sur «la faiblesse du monde arabe» et sa dépendance envers «la puissance américaine».
La Presse — «Vous voyez, sans nous, rien ne se règle ici», a-t-il prouvé. Derrière la mise en scène, c’est tout un symbole de l’arrogance impérialiste qui s’est affichée au grand jour, celle d’un Occident qui continue à humilier ses partenaires sous le couvert de la diplomatie.
L’humiliation de trop
Les propos de Trump n’étonnent plus personne. Ils ne sont que la version brute d’un discours que Washington tient depuis des décennies : celui du tuteur qui croit devoir guider un monde arabe incapable de marcher seul. D’ailleurs, ce n’est pas la première fois que le monde arabe est rabaissé publiquement par un dirigeant occidental. Mais cette fois, le geste est lourd de sens. L’accord de paix, censé ouvrir une ère nouvelle, s’est transformé en mise en scène de la domination. Trump n’a fait que dire tout haut ce que beaucoup de responsables américains pensent tout bas : le monde arabe n’est pas un partenaire, mais un client.
Cette logique paternaliste, héritée d’un autre siècle, a fini par user la patience des peuples arabes. La rue gronde, les éditorialistes dénoncent, et une idée s’impose: il est temps de tourner la page.
Cette fois-ci, l’humiliation est publique, frontale, et ressentie comme une gifle collective. Ce n’est pas seulement une question d’ego. C’est une question de dignité, de souveraineté, et de vision du monde. Les peuples arabes en ont assez d’être le théâtre des calculs américains, oscillant entre promesses creuses et manipulations géopolitiques. L’accord de paix en Égypte au lieu d’être un pas vers la stabilité régionale, il s’est transformé en leçon de soumission.
Le monde change, pas le pays de l’Oncle Sam
Pendant que Washington répète son vieux discours de domination morale, le monde avance, change et va à mille à l’heure. La Chine, discrète mais constante, tisse sa toile à travers l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Asie. Les Brics offrent une alternative concrète à l’ordre occidental, un espace où les nations du Sud peuvent dialoguer d’égal à égal, sans être infantilisées ni menacées.
Une chose est sûre aujourd’hui et que les Arabes doivent saisir : le XXIe siècle ne sera pas américain. Il sera multipolaire. Et ceux qui tardent à s’y inscrire resteront prisonniers d’un système qui ne leur offre ni respect ni prospérité.
Regarder vers l’Est : un choix stratégique pour le monde arabe
Rejoindre les Brics ou renforcer les partenariats avec la Chine, ce n’est pas seulement une option économique. C’est un acte politique et symbolique fort : celui de rompre avec la logique de dépendance qui a paralysé la région depuis un siècle.
L’Est ne demande pas d’allégeance, mais de la coopération. Pékin n’impose pas de modèle, elle propose des échanges. Moscou, New Delhi, Pretoria, Brasilia, tous parlent le langage du partenariat, non celui du chantage. Bien sûr, tout n’est pas idyllique. Mais face à un Occident qui méprise et qui sanctionne, mieux vaut un partenaire exigeant qu’un maître arrogant.
L’humiliation publique servie par Trump pourrait être, paradoxalement, une bénédiction. Une claque qui réveille. Elle rappelle que la dignité ne se quémande pas à la Maison-Blanche. Elle se construit, plutôt, par des alliances nouvelles, des institutions souveraines et une foi renouvelée en la capacité du monde arabe à tracer sa propre voie.
L’histoire ne repassera pas deux fois. Le train du monde multipolaire est en marche. Il part de Pékin, passe par Moscou et New Delhi, et attend encore au Caire, à Riyad, à Alger, à Tunis et à Bagdad.
La question est simple : les Arabes monteront-ils à bord, ou resteront-ils sur le quai de l’humiliation ?