Kairouan | cantines scolaires dans les zones rurales : Les ressources financières font défaut

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La plupart des cantines aménagées dans des locaux exigus, humides et froids d’écoles construites il y a plusieurs décennies manquent des commodités les plus basiques.

Les cantines scolaires constituent, sans aucun doute, un lieu de partage et de convivialité permettant à l’élève de sentir qu’il appartient à son institution. En outre, en servant un repas sain et équilibré aux écoliers durant tout leur processus scolaire, on contribue à améliorer leur rendement et on les incite à fournir davantage d’efforts pour réussir leurs études, surtout si les repas sont nutritifs et garantissent l’apport calorique nécessaire.

Dans un gouvernorat comme celui de Kairouan,il existe 285 écoles en milieu rural dont 196 disposent de cantines scolaires qui offrent des repas à 21.205 élèves dont 765 bénéficient de repas chauds et les autres doivent se contenter de repas froids composés, suivant le budget de l’école, de pain, de sardine, d’harissa et de fromage.

La plupart des cantines sont situées dans des écoles construites il y a plusieurs décennies et manquent de beaucoup de commodités avec des locaux exigus, humides et froids. Néanmoins, les cantines scolaires situées dans les écoles construites récemment sont en bon état.

M.Abdessalem Ghannem, secrétaire général du Commissariat régional à l’éducation, nous précise dans ce contexte que beaucoup de travaux de restauration et de rénovation sont annuellement effectués au niveau des cuisines et des cantines afin de prémunir les élèves, à un âge vulnérable, contre les intoxications alimentaires et les maladies contagieuses : «En outre, au cours de l’année 2018-2019, nous avons programmé la construction de 8 nouvelles cantines qui répondent aux normes modernes en ce qui concerne les équipements, la qualité des repas servis et de l’hygiène.

D’ailleurs, 8 cantines scolaires émergent du lot par leur architecture, leurs espaces aérés et leurs équipements. Il s’agit notamment de cantines situées dans des écoles dans les zones montagneuses dont Nahhala et Essarha (Oueslatia), Dhriat (Sbikha), Ouerfellh (Chebika), Et Farj (délégation de Sbikha) et Oued El Jabbes (délégation de Haffouz).

En outre, l’Office des œuvres scolaires œuvre pour la promotion des cantines scolaires situées dans les villages défavorisés. Parmi ces projets pour 2020, on peut citer celui de la création d’un grand restaurant moderne à Hajeb El Ayoun qui sera chargé de préparer de grandes quantités de repas nutritifs et sains afin de les distribuer aux autres cantines dépourvues de cuisines. Evidemment, il reste beaucoup à faire pour les autres cantines qui ne servent que des repas froids. C’est pourquoi, avec l’office, on aspire à renforcer le réseau des restaurants scolaires et à fournir des rations alimentaires équilibrées afin de permettre aux jeunes écoliers de poursuivre leurs études dans de bonnes conditions…», a ajouté M. Ghanem.

Création de jardins potagers

Notons dans ce contexte que les responsables de certaines écoles ont opté pour la plantation et la création de jardins qui profitent ainsi aux cantines scolaires et aux écoles rurales où tout fait défaut à part quelques maigres budgets rafistolés ça et là pour acquérir des denrées alimentaires et des produits d’entretien. D’ailleurs, les directeurs font souvent des acrobaties pour pouvoir gérer les besoins et les achats nécessaires.

D’après les témoignages recueillis auprès d’élèves inscrits dans des écoles rurales situées à Chrarda, à El Ala et à Chebika, il y a beaucoup d’insuffisances en ce qui concerne les repas chauds. Ramzi Mebhi et Maher Dhyaoui nous confient dans ce contexte : «Comme nous habitons loin de nos écoles, nous sommes obligés de manger tous les jours des repas fades presque toujours les mêmes et qui manquent de poissons, de fruits et de salades. Nous n’avons pas d’autres alternatives, puisque dans nos villages, il n’y a ni épicerie, ni fast-food… Parfois, on a l’impression que nous ne sommes pas les bienvenus puisqu’on nous sert de petites quantités qui nous laissent sur notre faim…».

Par contre, à l’école primaire «Nagaz» à El Ala qui a connu d’importants travaux de rénovation grâce à une banque qui a eu le mérite d’équiper tous les locaux, la cantine est devenue propre, éclairée et aérée, comme nous l’expliquent Sarra Jeballah et Inès Sboui : «Par le passé notre école laissait à désirer et tout était vieux et cassé. Mais aujourd’hui, on étudie dans de belles salles bien équipées, y compris les ordinateurs. Et la cantine est devenue très agréable et propre et on nous offre des rations alimentaires équilibrées qui nous font éviter les coups de fatigue, notamment lors des longues journées à l’école…».

A quand le système de la séance unique ?

D’après plusieurs instituteurs, le problème des cantines scolaires pourrait être résolu si on adaptait le système de la séance unique (par exemple de 9h00 à 15h00), surtout dans les zones rurales et montagneuses, ce qui permettrait aux chérubins de regagner leurs maisons dans l’après-midi, au lieu de rentrer à la tombée de la nuit.

Notons dans ce contexte que les responsables au sein du Commissariat régional à l’Education de Kairouan ont opté pour la séance unique au sein des écoles situées dans les zones montagneuses, et isolées, à savoir à Mouisset (Bouhajla), Bir Ghorzane et Maâzil (Oueslatia), Kabbara (Nassrallah) et Mahatat Sidi Saâd (Menzel Mhiri). Mais cela ne pourra pas se réaliser, pour le moment, dans d’autres écoles, vu le manque de salles et de locaux.

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