Portrait — Mohamed Amine Hamouda, artiste visuel: Il crée de bout en bout


Durant ces dernières années, l’artiste s’est concentré sur une recherche expérimentale qui consiste à exploiter ce que nous offre la nature comme pigments et fibres colorées. Un retour aux sources et une manière de rompre avec tout ce qui est industriel et chimique.


L’art, il le préfère en général engagé, il aime le théâtre absurde et expérimental, s’intéresse à l’œuvre de Samuel Beckett et d’Eugène Ionesco. Pour lui : «L’art est un mode de vie, une manière de penser. Ce n’est pas un luxe, c’est une nécessité primordiale, un repère de développement et de civilisation. Il est désormais une forme essentielle d’immunité contre l’obscurantisme». Il s’appelle Mohamed Amine Hamouda. Il est artiste visuel et scénographe. Portrait.

Mohamed Amine Hamouda est né à Gabès où il enseigne actuellement à l’Institut supérieur des Arts et Métiers. En 2007, une maîtrise en arts plastiques spécialité peinture lui ouvre les portes de la recherche scientifique avec un master en Sciences et techniques des arts et une inscription en doctorat, d’abord à l’Institut supérieur des Beaux-Arts de Tunis, ensuite en France à l’Université de Lorraine. Scénographe également, il a signé, à plusieurs reprises, la scénographie de la scène du Festival international de Gabès et a réalisé aussi les décors de pièces théâtrales.

Depuis 2010, Mohamed Amine expose en Tunisie et à l’étranger dans des expositions de groupes, entre autres, au Maroc, en Grèce, en Chine, Turquie, Allemagne, Koweït… Il a aussi exposé individuellement, «Transcendance» en 2016 à Gabès, «A fleur de Papier» 2018 à Elbirou à Sousse et «Transe-Papier» en 2019 à la galerie de l’Institut supérieur des arts et métiers de Gabès. Cette même année, il a obtenu le 2e Prix de la Biennale des artistes arabes du Koweït 2019. «Ma pratique est une tentative de traduire des images mentales et des compositions  qui se forment dans ma tête», note-t-il en parlant de son art et d’ajouter : «Une tentative de répondre à une question qui m’habitait depuis toujours : comment peut-on traduire une pensée ou une idée informelle en mélodies et sonorités chez les musiciens et en formes, en couleur,  surfaces et graphismes chez nous (les plasticiens)…».

Durant ces dernières années, l’artiste s’est concentré sur une recherche expérimentale qui consiste à exploiter ce que nous offre la nature comme pigments et fibres colorées. Un retour aux sources et une manière de rompre avec tout ce qui est industriel et chimique. Ainsi, il fabrique lui-même ses teintures et ses papiers issus uniquement d’éléments naturels végétaux. Cela donne lieu à un univers authentique et particulier où la matière règne en maîtresse. Une œuvre d’obédience soufie, qui puise dans la terre et qui passe par plusieurs étapes de création. 

Cela a commencé en 2013 avec une série intitulée «Schème» qui compte plus d’une centaine de travaux avec des teintures naturelles, issues de l’oseille de Guinée, du safran, de la garance, du henné et du tannin, et qui, selon ses termes, sont «plus expressives , puissantes, profondes et  franches» .

Après l’étape de la fabrication des couleurs, dont les recherches, par ailleurs, continuent, il a commencé à confectionner son propre support:  «Aujourd’hui j’ai réussi à fabriquer du papier purement végétal (ricin, eucalyptus, plumes de pampas) après une période de trois ans de recherche et d’expérience», déclare-t-il fièrement. 

Mohamed Amine partage avec nous le fruit de ses recherches et autres invocations chromatiques et matiéristes en exposant actuellement une série de ses œuvres dans l’exposition de groupe «Trait, Tache, Trace» à la Galerie Elbirou à Sousse. Bon vent l’artiste !

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