De l’apport des joueurs étrangers : Le bon grain et l’ivraie

L’apport des joueurs étrangers pour le football tunisien est indéniable. Le fiasco de certains clubs dans leurs recrutements ne doit pas occulter la réussite des autres
Demander si on est pour ou contre le recours à des joueurs étrangers dans notre championnat est une question qu’on ne pose plus car elle n’est plus d’actualité depuis bien longtemps. Ceux qui, même minoritaires, continuent à prôner la fermeture  de nos frontières aux joueurs de nationalité étrangère pour le bien de nos jeunes footballeurs de talent obligés souvent de rester dans l’ombre de ces «oiseaux rares» recrutés parfois à prix  d’or pour faire le beau temps et le printemps de nos équipes de Ligue 1  vont contre le cours de l’histoire et pas dans le droit chemin. La bonne et la vraie question que l’on doit se poser est la suivante : est-ce que la valeur et la qualité intrinsèques de ces joueurs «importés» dépassent celles de notre produit local et est-ce que leur apport est notable et palpable dans le saut qualitatif de notre football vers le haut niveau et les hautes performances?

Les dernières statistiques de la FTF relatifs à la saison écoulée (2017/2018) font état de 559 joueurs professionnels tunisiens et 64 étrangers. Avec un pourcentage légèrement supérieur à 10% on ne peut pas dire que c’est la ruée vers les joueurs étrangers même si ce nombre a sensiblement augmenté cette saison (2018/2019) du fait que les joueurs provenant des pays de l’Unaf comme l’Algérie, le Maroc, la Libye et l’Egypte ne sont plus considérés comme des «étrangers» et n’entrent plus dans le quota autorisé. Bien entendu, le taux de réussite de ces recrues étrangères diffère d’une équipe à une autre, allant de la réussite parfaite à l’échec total.

Ce n’est pas seulement une question d’argent qui est derrière la réussite de l’opération recrutement puisque des clubs à faible budget peuvent faire mieux que des clubs qui jonglent avec les milliards dans ce domaine. C’est surtout une question de bons choix, de bonne gestion faits par des connaisseurs avec l’aide de bons intermédiaires sur les marchés de transfert et pas par le biais de faux agents de joueurs, de mauvais intervenants comme ces soi disant avocats «experts» en règlements sportifs qui font les tractations et mènent les négociations comme des marchands de tapis. L’USBG et l’UST sont de bons exemples de réussite de clubs à faible budget qui ont fait la bonne affaire en matière de recrutement de joueurs étrangers. Le trio Patrick Lwa Lwa-Gilmerson Dos Santos-Tijani Anan a une part prépondérante dans les résultats actuels des Benguerdanais alors que l’attaquant Ismaïl Diakité fait à lui seul comme premier buteur de l’équipe le bonheur des Tataouinis qui figureront à coup sûr dans les cinq premiers à la fin de la saison.

Le président du CSHL se mord encore les doigts d’avoir laissé partir un tel attaquant de valeur et d’avoir fait venir à titre d’exemple un Mossamba David pour une poignée de millions qui n’a encore rien prouvé alors que l’avocat intermédiaire de cette opération manquée lui met encore le couteau sous la gorge pour réclamer une commission de 100 mille dinars. Le président de l’ASG est en proie aux mêmes remords pour être tombé dans le piège du duo Dramé Mechaelo et Jacques Médina deux attaquants qui font la pluie plutôt que le beau temps d’une «Zliza» qui a mis un pied en ligue 2. Le SG est dans le même pétrin avec le quatuor Obiozar Christian-Issaka Abudo-Moses-Orkuma-Atavit Pila Samuel qui n’ont rien montré d’extraordinaire et qui n’ont pas survolé une «Stayda» elle aussi à deux doigts de connaître le triste sort de son voisin. En contrepartie, il y a des clubs qui sont restés fidèles à leur tradition de bons recruteurs de joueurs étrangers, l’Espérance étant en tête avec de grands noms comme Franck Kom, Fousseny Coulibaly, Mohamed Youssef Belaïli, Hamdou El Houni, devançant le CAB avec sa bonne paire Youssoupha Mbengué-Ibrahim Ouatara, la JSK avec l’excellent tandem El Khaly Traoré-Lamine Sylla. Le CSS, avec un Kingsely Sokari qui a perdu sa flamme et son panache et un Kouako Chris Emma qui est tout juste moyen, est en perte de vitesse alors que le CA avec les Sasrako, Rodrigue Kossu et même un certain Diouf Waly est l’exemple type de club qui a toujours échoué sur toute la ligne et qui essuie les revers les uns après les autres pour avoir conclu des contrats à coup de milliards avec des joueurs de quartier.

Hedi JENNY

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