
Le nouveau gouvernement Elyes Fakhfakh, composé de 30 ministères et deux secrétariats d’Etat, vient d’être validé par l’ARP avec 129 voix en faveur du gouvernement, 77 contre et une seule abstention, soit 20 voix de plus que la majorité absolue. Ce n’est pas beaucoup mais c’est suffisant dans une démocratie. Parmi les 217 membres que compte le Parlement, 207 ont pris part au vote. L’équipe de Fakhfakh est relativement équilibrée mais marquée par une faible représentativité de la femme. Elle est composée de nouveaux membres indépendants qui font leur première entrée dans le gouvernement et de représentants des partis politiques (Ennahdha, Courant démocratique, Tahya Tounès, El Badil Ettounsi, Mouvement Al Chaâb, Nida Tounès).
Deux ministres d’Etat
Le nouveau gouvernement comprend deux ministres d’Etat auprès du chef du gouvernement, Anouar Maârouf, chargé du Transport et des Logistiques, et Mahamed Abbou, chargé de la Fonction publique, de la Bonne gouvernance et de la Lutte contre la corruption. Certains se posent déjà la question autour de la différence entre ministre et ministre d’Etat. Ce n’est pas du tout protocolaire, répondront les spécialistes, cela signifie que l’action du ministère concerné est beaucoup plus prioritaire pour le gouvernement.
Affaires locales et Environnement se séparent
Les Affaires locales et l’Environnement se séparent en raison de leur importance et leur rôle prépondérant dans le renforcement du rôle du pouvoir local et de la décentralisation, selon la nouvelle loi organique relative au code des collectivités locales. Cette séparation a été aussi dictée par l’impératif de la mise en place des objectifs durables (ODD) établis par les Etats membres des Nations unies qui sont rassemblés dans l’agenda 2030. Des objectifs tendant à assurer un avenir meilleur et plus durable pour les nouvelles générations et à relever les défis relatifs surtout aux inégalités, au climat et à la dégradation de l’environnement.
Deux magistrats indépendants, à savoir Mme Thouraya Jribi Khemiri et Imed Hazgui, sont nommés respectivement à la tête de la Justice et de la Défense nationale, alors qu’un diplomate de carrière a été choisi pour le ministère des Affaires étrangères. Il s’agit de Noureddine Erray. Le nouveau ministre de l’Intérieur, Hichem Mechichi, a été choisi sur la base de l’indépendance, la compétence et l’intégrité.
Retour attendu du ministère de l’Energie
Rayé de la liste en 2018 sur injonction de l’ancien chef du gouvernement suite à une grande affaire de corruption et mis sous la tutelle du ministère de l’Industrie et des PME, le ministère de l’Énergie, des Mines et de la Transition énergétique retrouve sa place dans l’équipe de Fakhfakh. De bon augure pour un secteur qui fut l’un des principaux piliers de l’économie du pays et qui commence à se redresser et recouvrer la santé. Le secteur du phosphate reprend du poil de la bête en enregistrant à la fin de l’année 2019 un record de production s’élevant à 4,1 millions de tonnes, ce qui représente une hausse de 46% par rapport à 2018.
De l’économie numérique à la transition numérique
Sous la pression de l’impératif de la transformation digitale et les nouveaux défis qui se profilent à l’horizon en la matière, le ministère des Technologies de la communication et de l’Economie numérique préfère un passage à « la transition numérique ». Désormais on parlera du ministère des Technologies de la communication et de la Transition numérique. En effet, le pays est appelé à réussir et à ne pas rater le train de la transition dans le domaine de la digitalisation qui évolue très vite.
Deux rescapés de l’ancienne équipe
Les seuls rescapés de l’équipe de Youssef Chahed sont le ministre des Affaires religieuses, le magistrat Ahmed Adhoum, qui est appelé à occuper la même fonction et celui de la Jeunesse et des Sports, Ahmed Gaaloul, qui avait occupé le poste de secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Jeunesse et des Sports et prend les commandes de ce ministère.
Mohamed Abbou, Abdellatif Mekki et Chiraz Laatiri, retour par la grande porte
Pour Mohamed Abbou, qui vient d’être désigné comme ministre d’Etat chargé de la Fonction publique, de la Bonne gouvernance et de la Lutte contre la corruption, c’est le retour par la grande porte. En effet, ce dernier a occupé le poste de ministre chargé de la Réforme administrative dans le gouvernement de Hamadi Jebali de 2011 et a préféré claquer la porte l’année suivante. Idem pour Chiraz Laatiri, nommée à la tête des Affaires culturelles qui, après avoir été limogée de son poste en tant que directrice du Centre national du cinéma et de l’image, revient à la tête dudit ministère.
A son tour, Abdellatif Mekki fait son retour à la tête du département de la Santé publique, poste qu’il a occupé dans le gouvernement Hamadi Jebali.
Faible représentativité de la femme
C’est pour la première fois dans l’histoire du pays qu’une femme est nommée à la tête du ministère de la Justice. Toutefois, avec seulement quatre femmes ministres sur une trentaine de membres (Thouraya Jribi Kemiri, ministre de la Justice, Lobna Jeribi, ministre chargée des Grands projets nationaux, Asma Sehiri Laabidi, ministre de la Femme, de la Famille, de l’Enfance, Chiraz Laatiri, ministres des Affaires culturelles), la faible représentativité des femmes dans la nouvelle équipe gouvernementale vient confirmer que le pays n’a pas su se démarquer d’une politique sexiste depuis l’indépendance.
L’article 46 de la Constitution, accordant des droits précis à la femme et assurant la parité, n’a pas été respecté pour la énième fois.