Produits agricoles : Les fruits sur une courbe ascendante

Les prix, en raison d’une demande normale, ne devraient pas dépasser certains seuils

En dépit de tous les problèmes et aléas que traverse le pays, à part quelques denrées qui manquent, rien n’est vraiment à signaler. Les Tunisiens trouvent tout sur le marché. Reste la question des prix qui fluctuent en fonction des heures et des endroits que l’on choisit pour faire ses emplettes et qui finit par harasser une clientèle de plus en plus désorientée.

Il n’en demeure pas moins que les prix de certains produits agricoles, surtout les fruits, sont élevés. Très élevés même pour certains au point de voir bon nombre de  consommateurs s’en priver alors que le pays est gros producteur.

Il faudrait, en effet, prendre en considération que, la saison estivale passée, nos hôtels étaient presque en surbooking. Cette année, Covid-19 oblige, la moitié des établissements hôteliers sont fermés et le reste tourne à la limite de la rentabilité. La pression, la demande qui n’est pas forte et la disponibilité des fruits ne devraient pas être un  problème. Les prix, en raison d’une demande normale, ne devraient pas dépasser certains seuils.

Il y a, en effet, des exemples assez choquants : les raisins de table frôlent les quatre dinars cinq cents millimes.

La qualité n’est pas au rendez-vous et pour cause leur cueillette s’est effectuée assez tôt pour accaparer le marché.

Cela est reconnaissable à l’aspect desséché de la grappe et à la couleur marron qui dénote une mise au frigo qui a enlevé tout le goût que les rayons de soleil donnent à ce fruit.

Les fraises d’ailleurs dont la période est dépassée se sont vendues à la limite de leur conservation. Et encore, le consommateur s’est sans aucun doute laissé berner  par la couche supérieure qui cache la qualité quelconque de ce qu’il y a dessous.

Les prix ont littéralement chuté après ramadan car il fallait se débarrasser d’un produit facilement périssable.

A la limite

Les pommes sont elles aussi à des prix inacceptables pour un pays qui en produit en grande quantité. Le calibre de ce qui est mis sur le marché est  quelconque. C’est comme si on voulait se débarrasser de ces fruits-là pour ouvrir la voie à une autre catégorie qui sera encore plus chère.

Les meilleures seront exposées à la veille du jour de l’an.

Les poires, on n’en voit pas tellement et celles qui sont mises à la vente n’ont pas belle allure. Nous savons qu’une bonne partie des poiriers ont été victimes il y a deux ou trois ans d’une maladie qui a nécessité leur arrachage. Il a fallu les arracher et bien entendu leur donner le temps d’entrer en production. Mais de là à afficher des prix hors du commun pour des semblant de poires, il y a quand même des limites à ne pas dépasser.

Les figues sont à sept dinars et plus !

Que se passe-t-il pour ce fruit qui ne demande ni eau en grande quantité, ni engrais particuliers ni soins et qui est considéré par toutes les époques de la longue histoire de l’humanité comme un fruit sauveur et sur lequel on se replie en cas de disette ?

La question est entre les mains de ceux qui possèdent des chambres froides pour les écouler au compte-goutte avec des prix dépassant tout entendement.

Les usines et la transformation

En essayant de comprendre, nous avons été orientés vers ce qui est, actuellement, en train de fausser presque toutes les données. L’entrée en scène des usines de transformation qui engloutissent une bonne partie des récoltes. Ces usines achètent tout  en l’état où se trouvent ces fruits et offrent ainsi une position de repli pour les propriétaires des chambres froides.

Ce sont ensuite les nouvelles  petites unités de transformation  qu’on peut qualifier de familiales  que montent des jeunes qui s’installent à leur compte. Ils fabriquent des confitures  «maison» qui ont l’air de recueillir l’intérêt des consommateurs. Ces confitures ou marmelades sont surtout exposées à l’occasion des foires régionales et même internationales. Joli design, bel emballage, et le sourire en sus, ces préparations artisanales  trouvent preneurs en dépit des prix parfois élevés et le goût  qui se discute. Il y a bien sûr de la très bonne qualité sous différentes appellations qui commence à se faire une clientèle régulière. Certaines grandes surfaces en ont acquis et cela constitue un bon moyen d’encourager ces courageux artisans. Tant mieux pour ces jeunes entrepreneurs  qui ont trouvé le moyen de s’en sortir.

Ces deux nouveaux intervenants exercent forcément une pression sur le marché et faussent pour ainsi dire les prévisions. Toujours à l’affût des occasions qui leur offrent le plus de gains, les opérateurs qui achètent les récoltes sur pied disposent de cette nouvelle carte pour manœuvrer et mettre sous leur joug le marché.

Dans ce festival, la banane voit sa noblesse quelque peu égratignée. La chaleur et les difficultés de l’emmagasiner dans des conditions adéquates par cette chaleur ont nettement fait chuter  son prix.

Mais étant donné que notre pays est producteur d’une large gamme de fruits, nous aurions aimé ne pas voir ces bananes que nous avons vues exposées à deux dinars huit cents millimes le kilo.

Pastèques et melon sont en fin de cycle. Leur prix a automatiquement grimpé mais avec l’arrivée imminente des nouvelles dattes, ils ne seront plus qu’un souvenir.

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