
Quelques parents ont veillé, toutefois, à ce que leurs enfants suivent des cours de rattrapage pour combler le retard occasionné par la pandémie de la Covid-19.
On mettra cela sur le dos de la Covid-19 : l’été pour nos enfants et pour nos jeunes n’a pas été apprenant. Certains parents qui ont des moyens ont pu s’organiser pour faire bénéficier leurs enfants d’une batterie de cours de rattrapage.
Pour les autres, ils se suffiront de la poussière soulevée par les grèves et les sit-in, les brûlures du siroco, la fumée des pneus qui barraient les routes.
De toutes les façons, cet été n’a pas été une période de détente. Combien d’enfants sont-ils allés à la mer ? Combien ont-ils accompagné leurs parents en camping ou en visites familiales, parfois traditionnelles qui permettaient un large regroupement des membres d’une même famille ?
Très peu.
Quoi qu’il en soit, il fallait que les différentes parties prenantes s’y engagent. L’état général du pays le permettait-il ? Bien sûr que non.
Chacun pour soi
Les meilleures dispositions sont tombées au fond du trou. La possibilité de ne pas laisser les parents se débattre seuls, sans solution, dans la situation qui a succédé à la période de confinement n’a été qu’un vœu pieux. Chacun pour soi et Dieu pour tous.
Au niveau du ministère, le ministre, assis entre deux chaises, était bien discret. Il est enfin sorti de son mutisme pour nous annoncer la date de la reprise des cours.
Ce sera le 15 septembre 2020. Dans quelle conditions, en respectant quel protocole sanitaire, alors que la Covid-19 a retrouvé toute sa vigueur et que notre bonne population est tout ce qu’il y a de plus insouciant ?
Une équipe, paraît-il, travaille dessus. Nous avons encore le temps, surtout que les insouciants savent comment bloquer l’horloge céleste.
Les directeurs sentent déjà que leurs têtes sont sous l’eau. Ils savent qu’ils sont dans l’obligation de résoudre une autre urgence : organiser le retour en classe dans le respect du protocole sanitaire.
Mais… et il y a un mais. Qui se chargera de le faire respecter. Le policier qui ne porte pas lui-même de bavette ou le concierge de l’école, du collège ou du lycée qui sera obligé de le payer à deux dinars cinq cents millimes ? Et de quel genre sera cette bavette ? Du genre lavable ou à usage unique ? Il sera toujours temps de nous le dire.
Ces vacances n’ont pas été comme celles qui ont précédé. Nos enfants l’ont, bien entendu, ressenti et leur déception égale leur contrariété. En effet, si les adultes se battaient pour un fauteuil au gouvernement, un poste de responsabilité quelque part en remerciement pour les efforts fournis en faveur d’un parti, les enfants ont sans doute été plus conscients.
Nous en avons rencontré quelques-uns. Ils accompagnaient leurs parents, sur les rotules après Ramadan et les deux Aïds, qui ont pour ainsi dire vidé leurs poches, dans les librairies et les grandes surfaces pour acheter les livres scolaires, quelques cahiers au papier subventionné (qui manquent d’ailleurs sur le marché) et qui nous ont spécifiquement fait comprendre qu’ils sont inquiets.
Et ces cours perdus ?
Une question les taraude : comment allait faire leur instituteur ou leur prof pour rattraper les cours perdus ? Ils sont eux aussi dans les nuages. Et comme leurs parents n’ont pas les moyens de leur offrir des cours de rattrapage, ils reprendront les cours avec beaucoup d’inquiétude.
C’est l’une de ces élèves de collège qui nous a rappelé, qu’en France, ses cousins et cousines ont eu droit à toute une organisation de l’après- Covid-19 : «Ils ont eu des « Ecoles buissonnières ouvertes», des «colonies de vacances apprenantes », des «écoles ouvertes»… Des dispositifs ont été mis en place pour offrir au maximum d’enfants, des activités ludiques et pédagogiques durant cet été. L’objectif : aider certains enfants à rattraper le retard pris pendant le confinement».
Effectivement, pour les élèves du primaire, du collège et du lycée, les parents ont pu opter pour des « écoles ouvertes », accueillant en journée les enfants pour leur proposer des activités de soutien scolaire le matin et des jeux culturels ou sportifs l’après-midi.
Leur gouvernement n’était pas à la recherche de ses ministres, l’Etat n’était pas au bord de la faillite. Les rouages de l’administration n’étaient pas enrayés par le doute et n’allaient pas vers l’inconnu. Il a été possible d’organiser des vacances apprenantes aux élèves en difficulté, sur la base du volontariat, pour des stages de remise à niveau.
Le dispositif a reposé, en effet, sur le volontariat. Les profs ont été payés à l’heure en supplément de leur salaire mensuel. Il y a eu des profs volontaires qui ont travaillé gratuitement pour contribuer à la réussite de ce dispositif mis au service des enfants.
Quatre-vingt pour cent des dépenses ont été à la charge de l’Etat. Le reste a été pris en compte par les mairies ou municipalités.
A l’heure où, certaines des nôtres avaient beaucoup plus à l’esprit la mise en place de caisses capables de ramener de l’argent, se chamaillaient ou tout simplement démissionnaient parce que non satisfaites…
Elle a bon dos la Covid-19 ! Nous y reviendrons.