
Au commencement, il y a le mot qui conduit à l’image qui, à son tour, génère d’autres mots. Du texte à l’image, sa pratique va opérer un mouvement de va-et-vient entre les deux pour finir par les confondre. Ainsi, la peinture récolte ses transhumances littéraires pour ensuite les faire siennes.
Très discret et préférant le faire aux futiles palabres, Slimen El Kamel fait pourtant partie des artistes tunisiens qui ont su diffuser leur art un peu partout dans le monde et dont les œuvres figurent dans de nombreuses collections qu’elles soient privées ou appartenant à des institutions d’art internationales.
Théâtralité de l’image, scènes de vie à la narration poétique et surréelle, figuration symbolique abordée en «All Over» dans un enchevêtrement de traits, de matière où trônent des personnages posés en constellations et une palette pléthorique, griot et guérisseur des temps nouveaux, l’artiste représente le populaire pour évoquer l’intime et le personnel, fabule autour de l’humain et son environnement pour mieux appréhender la réalité de la société moderne. Son œuvre au «réalisme magique» (comme il la décrit) panse nos maux et nous réconcilie avec notre insoutenable fragilité humaine. Portrait.
Artiste plasticien et critique d’art, Slimen El Kamel est né en 1983 à Mazouna dans la région de Sidi Bouzid en Tunisie. Bercé par les contes et autres poèmes populaires, enfant, il est marqué par cet imaginaire oral qu’il invoquera, plus tard, dans ses récits picturaux et littéraires.
Après le baccalauréat, il opte pour des études artistiques et intègre l’Institut supérieur des Beaux-Arts de Tunis, lui, où il se spécialisera en peinture. L’écriture abreuvera sa pratique artistique et vice-versa. Ses textes aux différents tons ouvreront grand le champ des expérimentations picturales.
L’artiste a pris part à différents événements artistiques internationaux, entre autres, la Foire 1-54 d’Art Africain contemporain à Marrakech en 2019, la Biennale de Dakar en 2018, Paris Art Fair et Turbine Art South Africa en 2017, en 2016 au Dubai Art Fair, 1-54 contemporary African Art Fair London ou encore au Cape Town Art Fair South Africa et la Biennale d’Art Contemporain de Cachan 2016.
Au commencement, il y a le mot qui conduit à une image qui, à son tour, génère d’autres mots. Du texte à l’image, sa pratique va opérer un mouvement de va-et-vient entre les deux pour finir par les confondre. Ainsi la peinture récolte ses transhumances littéraires pour ensuite les faire siennes. «Je commence d’abord par écrire des textes poétiques à propos de ce qui m’entoure. Des expérimentations littéraires faites de poésie arabe, de la prose, d’histoires réelles nourries d’imaginaire improvisé, constituent le point de départ d’une histoire mi-réelle qui se dessine progressivement dans mon esprit. Puis dans un premier jet, la peinture devient à ces idées qui se transforment ensuite en espace de conflits, d’échanges, de rapprochement, de construction, ce qui m’amène à utiliser différentes méthodes», écrit-il dans ce sens.
Et ces méthodes peuvent inclure la sérigraphie, transfert d’images, sculpture, dessin maîtrisé ou naïf, pointillisme, tachisme, assemblage… une pléthore de manifestations matérielles d’un imaginaire prolifique. Cela donne lieu à des incantations plastiques où se mêlent mémoire collective et mythologie personnelle, où la notion du temps semble s’effacer au profit d’une dimension qui confond devenir et passé et où se dégage une douce mélancolie.
Slimen expose, jusqu’au 1er novembre 2020, avec d’autres artistes tunisiens dans le cadre de l’Expo paysage abritée par le musée Safia-Farhat au Centre des arts vivants à Radès. Il est aussi en pleine préparation d’une exposition personnelle qui se tiendra à partir du 15 février 2021 à l’Institut du Monde Arabe à Paris.