La scène culturelle et artistique tunisienne vient de perdre dans la matinée du 18 octobre 2020 la célèbre chanteuse et icône de la chanson tunisienne Naâma décédée à l’âge de 86 ans.
De son vrai nom Halima Bent Laroussi Ben Hassen Escheikh, Naâma est née dans la ville d’Azmour (Cap Bon) le 27 février 1934. Elle a grandi dans une famille artistique dans la mesure où son père était un féru d’art et de chant.
Selon les témoignages du critique d’art Tahar Melligi, c’était en 1959, l’âge d’or, au Casino de Tunis que ‘j’ai vu chanter pour la première fois « Inti wahdek saken qalbi » (Tu es seul dans mon cœur), paroles d’Ahmed Ghraïri et composition de Salah Mehdi.
Il se trouvait, selon le critique d’art, que tout près de la rue Eddiwane, habitait Béchir Ressaïssi, le premier promoteur de disques en Tunisie. Naâma se rendait souvent chez cette famille, à la rue Dar El Bacha. Un lieu fréquenté par les sommités artistiques de l’époque : Ali Riahi, Saliha, Fethia Khaïri, Sadok Thraya, Hassiba Rochdy, Hédi Jouini…
Elle chantait dans les grandes fêtes et les mariages. Elle n’oubliera pourtant jamais cette première fois où elle s’était produite en compagnie de la troupe de Hassen Gharbi. Elle y chanta « Habibi loobitou » de Mohamed Abdelwaheb, arrachant les vivats nourris et enthousiastes des présents. Elle était encore méconnue et avait décidé de chanter « Ashar wen cheghil ana » et « Ana qalbi lik mayel » de Feïza Ahmed, musique de Mohamed Mougi.
A la Rachidia, Naâma a été testée par Salah El Mehdi pour l’interprétation d’une chanson de Leïla Mourad diffusée en 1938 dans le film Yahia El Hob (Vive l’amour) composée par Mohamed Abdelwaheb, « Yama raq ennassim ».
Le premier concert public que Naâma a animé était organisé à Sfax. Mais c’est au cours des « Nuits de Ramadan », à la salle El Fath, à Bab Souika, accompagnée de la troupe « Al Manar », dirigée par le virtuose Ridha Kalaï, qu’elle s’était fait une réputation de jeune valeur sûre.
Naâma, la diva possède un répertoire de près de 500 chansons composées par les plus grands musiciens : Mohamed Triki, Chedly Anouar, Ridha Kalaï, Salah El Mehdi, Ali Riahi, Kaddour Srarfi, Ahmed Hamza, Abdelhamid Sassi, Sayed Chatta, Ali Chalgham, Mohamed Nouri, Laroussi Belkir, Ouannès Kraïem et Abdelhamid Slaïti.
La dernière apparition en public de Naâma fut le 24 juillet 2019 au centre culturel international de Hammamet où un hommage lui a été rendu de son vivant par le festival international de Hammamet. Une soirée où le public a eu le privilège de rencontrer l’une des plus grandes divas de la chanson Tunisienne.
En effet, le retour sur scène de Naâma après une grande éclipse, fut en lui-même un évènement de taille. La chanteuse prodige, qui a vite été projeté au firmament des stars de la musique Tunisienne durant les années 70- 80, était entourée de ses compagnons de route et des artistes de nouvelle génération à l’instar de Soulef, Mohsen Raïes, Noureddine El Beji, Abdelwaheb Hannachi, Leïla Hjaïej, Nawal Ghachem, Aya Daghnouch,Rakia Nasr, Foued Ben Cheikh, Houssem Zaghdane, Sofiène Zaïdi et le talentueux violoniste Bechir Selmi.
Aventurière à la voix haute bien frappée, entre force et fragilité, Naâma, qui s’est produite, le 24 juillet 2019 en exclusivité à Hammamet, a été adulée par le public. Ce fut un concert qui confirma ses talents d’artiste malgré une longue absence remarquée dans les festivals.
Au grand bonheur de ses fans, elle a interprété dans ce concert historique, des œuvres créées pour elle par les plus grands paroliers et compositeurs tunisiens en l’occurrence de ses chansons culte comme « Houa Lasmar », « Om El Qad Touila », « Ya Zine Assahra », « Habibi ya ghali », « Toussamt fik el khir » et autres comme les duos « Finek ya Ghali », issues d’une discographie qui compte plus de 700 œuvres.
La diva a aussi profité de la présence des médias pour les appeler à soutenir la chanson tunisienne et à l’imposer sur la scène nationale et arabe. Elle a par ailleurs exprimé sa joie d’avoir rencontré le public après de longues années assurant qu’elle se remémorera toujours de ces moments bonheur partagés avec lui ce soir là.
sixtus
19 octobre 2020 à 23:06
Paix à son âme. À vérifier : Wikipedia indique son année de naissance en 1936 et non 1934 comme dans cet article.