Alors que la pandémie de Covid-19 est partie pour durer : Les jeunes gardent le cap malgré tout

Dans cette ambiance morose, il y a quand même, et c’est heureux qu’il en soit ainsi, des jeunes qui n’ont perdu ni espoir ni courage et qui n’hésitent pas à dire avec assurance qu’une simple idée peut changer le monde.

La Covid-19 a mis tout le monde d’accord : sur les cinq continents, les nouvelles se ressemblent : la jeunesse mondiale est en crise. Les adultes perdent espoir et semblent désespérés à attendre le jour où on leur annoncera qu’ils sont «positifs». Les moins jeunes ne savent plus où donner de la tête avec ces changements brusques qu’ils vivent d’un jour à l’autre. Le pessimisme est partout et le sourire est devenu la «chose» la moins partagée au monde. Un  monde  qui donne l’impression d’être en ruine et où on n’a plus envie de rien. Aucun signe de redressement. Les nouvelles que l’on attend tous n’arrivent toujours pas. Les laboratoires d’un bout à l’autre de la Terre se battent contre la montre, mais entre-temps s’entredéchirent. Bien sûr, il y a des pays qui ont annoncé l’entrée en fonction d’un  vaccin, mais…on ne voit rien venir. Les titres des journaux se ressemblent. Dans toutes les langues, on clame son désarroi face au nombre des personnes décédées et on relève avec stupéfaction la course folle de la Covid-19 qui bat tous les jours de nouveaux records.

Chacun à sa façon

En attendant, cette crise est porteuse d’autres mauvaises nouvelles : des sociétés qui mettent la clé sous le paillasson, des familles qui  pleurent leurs morts, d’autres qui sont plongées dans une inquiétude sans fin, d’autres encore qui, au lieu de partir en vacances,  se cloîtrent chez elles, des stages de formation ou même des études sont renvoyés à des jours meilleurs.

Chacun, à sa façon,  esquisse les prémices de lendemains meilleurs. Les augmentations du coût de la vie ou les pénuries enfoncent dans le marasme des familles qui n’y peuvent rien. Des panneaux entiers de l’économie qui disparaissent du jour au lendemain. Tragique pour les pays pauvres ou qui connaissent des périodes de troubles et de dysfonctionnement. Combien en avons-nous dans cette situation désastreuse et de quelle manière continuer à attendre et à espérer des jours meilleurs ?

Qui est capable de relancer la machine pour que le tourisme, les voyages, l’hôtellerie, les petits et moyens commerces et activités de loisirs et les arts reprennent droit de cité parmi toutes les populations du monde?

Tout est heureusement ou malheureusement entre les mains des scientifiques qui sont réputés avares en paroles. Par prudence ou pour éviter de donner de fausses joies, on s’abstient de se lancer dans les grands discours à forte tonalité positive. Mais dans cette ambiance morose, il y a quand même, et c’est heureux qu’il en soit ainsi, des jeunes qui n’ont  perdu ni espoir ni courage et qui n’hésitent pas à dire avec assurance « qu’une simple idée peut changer le monde ».

La génération Covid-19

Ces jeunes n’ont pas perdu espoir. Ils savent qu’ils sont capables de rester calmes et d’attendre la fin de la tempête en…inventant, en prenant des initiatives et en faisant preuve d’initiative. Ils ne comptent que sur eux-mêmes. Nous avons eu l’occasion de rencontrer quelques-uns d’entre eux.

Ali B. est…scout.

« Je suis là par conviction. Mes parents tremblent tous les jours en me voyant sortir au terme d’une visite que je leur fait tous les fins de mois. Je ne peux pas faire plus. J’ai peur pour eux et je les salue de loin sans m’approcher d’eux. Ils ont peur, mais m’encouragent. Ils savent de toutes les façons que j’y vais par conviction.

Le scoutisme nous a appris ce sentiment de dévouement que l’on voue à son prochain.

D’ailleurs, ce que je regrette, c’est que l’on ait supprimé le service militaire obligatoire. Voyez ce que font bon nombre de nos jeunes. Ils brûlent, cassent, bloquent et coupent les routes. Nous sommes en déficit d’amour pour notre patrie. Il faut revenir au service militaire obligatoire, encourager le scoutisme et miser sur les associations civiles non politisées. La Tunisie va se relever. J’en suis certain. Nous en a vu d’autres et ce n’est ni la première ni la dernière épreuve que nous dépasserons quoiqu’il en coûtera ».

Les arts, c’est la vie

Larbi S. est artiste. Il se déclare heureux que l’on ait enfin compris que l’art est une denrée indispensable pour la vie. Il  nourrit notre enfance, sculpte notre personnalité d’homme du futur en développant notre goût pour ce qui fait la beauté de l’âme.

« Le fait d’avoir tout arrêté a été un coup mortel pour la production, la création et pout tous les gens du métier. Nous vivons de ce métier. Un métier auquel il est interdit de faire des projets parce que nous sommes à la merci de tous les aléas.

Déjà que nous sommes mal lotis dans cette société qui nous donne l’impression d’être des parias à rejeter et à  oublier. J’ai repris la préparation de mon rôle pour une production  programmée pour le mois de Ramadan».

Un coup d’arrêt

Moncef B.S. travaille dans un des ateliers d’une entreprise tunisienne de fabrication de voitures. «Cette» Covid-19 nous en avons ressenti le contrecoup. Nos programmes d’exportation ont été quelque peu ralentis. Mais je suis sûr que cela reprendra une fois cette pandémie dépassée. Les Tunisiens en ont connu des difficultés et ils s’en sont sortis. La relance s’effectuera grâce à ceux de ma génération, car nous ne croyons pas en cette politique faite de coups bas et de  démagogie.

A voir ce qui se passe dans cette ARP, nous perdons forcément confiance en nos politiques et les voix que nous avons données l’ont été en pure perte. C’est un scandale.

Nos jeunes peuvent tout changer

Asma S. est institutrice. Elle a peur pour son unique enfant et pour son mari. « Chaque fois que je prends le chemin de la maison, je subis une forte pression. Bien entendu, avant d’entrer, j’enlève mes chaussures, et je m’engouffre dans la salle de bain pour changer mes vêtements, me laver les mains et aérer la maison. On nous a encouragé à le faire pour qu’il y ait toujours de l’air qui circule dans la maison. J’ai peur pour mes élèves. Bien plus que pour mon fils, car moi, j’ai les moyens de me protéger. Beaucoup de ceux qui viennent à l’école n’en ont pas. C’est un problème. Il va sans dire que nous devons absolument continuer à travailler, sinon le pays est perdu. Tous ceux qui ont mon âge en sont convaincus. Une fois cette pandémie mise sous contrôle, notre génération sera en mesure de relever le défi de la relance. Cela ne saurait tarder. Les nouvelles sont plutôt bonnes au niveau des pays qui sont en dernière phase des essais cliniques ».

Tragique

Hasna N. est copilote. Elle ne vole plus depuis un bon bout de temps et cela l’ennuie. «Déjà que nous avons des problèmes au niveau de notre société, cet arrêt forcé est tragique. Bien entendu, indépendamment des questions techniques que nous pouvons toujours résoudre, il y a l’aspect économique qui pèse de plus en plus. Nous sommes complètement dans le brouillard. La fermeture des frontières et l’arrêt de tous les déplacements internationaux ont porté atteinte à toutes les compagnies aériennes. Et dire que personne ne sait quand cela prendra fin. Même lorsqu’il y aura un vaccin ce ne sera pas aussi facile de revenir au rythme habituel. Tout le monde a peur. Moi, je suis prête à remonter aux commandes, Covid ou pas Covid !»

Il faut le faire

Mosbah A.J. est ambulancier. Nous l’avions arrêté à un rond point. Il s’est arrêté par politesse, mais ne tenait pas en place. Il regardait sans arrêt la route. Il voulait repartir. «Je me suis arrêté parce qu’on ne m’a pas appelé, sinon j’aurai continué ma route. Ces temps-ci, cela est devenu infernal. Bien que fatigués, nous nous reposons au mieux pour ne pas créer des histoires et être auteurs d’accidents dont nous pourrions nous en passer. C’est un travail harassant, mais il faut bien que quelqu’un le fasse. Notre  génération pourra se targuer d’avoir été utile pour son pays et pour ceux qui en avaient besoin. Mais, parfois, c’est atroce. Surtout lorsque l’on perd quelqu’un en route». Voilà quelques-uns de cette génération Covid-19. Une génération qui garde quand même espoir en une relance  et qui tranche avec les titres et manchettes qui barrent tous les journaux du monde, où pessimisme se conjugue avec fatigue et désarroi.

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