Par Khaled TEBOURBI
Le «Médina» de Tunis (le «vieux» qui se maintient), les «Médinas» qui poussent dans les banlieues et à travers tout le pays, «les nuits du musée» qui en sont à leurs débuts au Bardo, et puis, ce que propose la toute nouvelle Cité comme soirées spéciales : pour nous, anciens journalistes, pour les émules du classique, pour la gente qui a survécu aux années 70 et 80, cette flambée musicale qui accompagne la venue du Ramadan signifie essentiellement une chose: un éveil à la chanson d’époque. Un retour à la bonne vieille «wataria».
Aucune exagération, içi. Le monde de la musique a bel et bien muté. Les années «filent» surtout. 197O c’est il y a un demi-siècle, déjà. Et les belles années 80, les années de Sabeur, de Dhikra et de Amina, oui celles de Dhikra, Najet et Amina, c’est il y a quarante ans, bientôt. On dira ce que l’on voudra, à propos de «régression des arts» et de «dépréciation des goûts», mais c’est bien à un retour à la musique « wataria », à un éveil à la chanson d’époque, auquel nous assistons voilà des années. C’est, hélas, une «histoire» qui sera feuilletée à chaque mois saint. C’est bien de nostalgie qu’il s’agit.
Le « hélas » vaut bien regret, maintenant.
Il y a d’abord que cette musique wataria et cette chanson d’époque ont laissé des centaines de chefs-d’œuvre derrière elles. Et enfanté des voix superbes, des compositeurs et des paroliers de génie. Cela ne s’oublie jamais.
Il y a le « pire », ensuite : à ce jour, ni ces chefs-d’œuvre, ni ces voix, ni ces compositeurs et ni ces auteurs n’ont été remplacés.
L’amertume est double en fait. En tout temps et partout, les Arts se succèdent, de grands répertoires à grands répertoires, de grandes écoles à grandes écoles, de maîtres illustres à dignes héritiers. On fait du «surplace», nous, aujourd’hui. On rumine non seulement des « legs», mais en plus, on se montre incapable d’en produire.
Le plus étrange est que nous nous «ratons» jusque dans les genres nouveaux. Un moment, au début des années 2000, les jeunes du jazz, les chanteurs populaires et les rappeurs ont donné à croire à la possibilité d’une musique alternative, d’un réel projet musical de substitution. Des années sont passées. Presque deux décennies. Rien ne se confirme encore. Rien n’aboutit.
Nous perdons, en sorte, sur les deux tableaux. La chanson d’époque, la bonne vieille wataria, nous la réservons, autant que recette le permette, aux courts intervalles des festivals d’été et du mois de Ramadan. Tandis que s’effritent, à vue, toutes les belles promesses du Rap, du chant populaire, des musiques du monde et du jazz fusion.
Ni modernité, ni nouveauté. Ce Ramadan, encore, on ruminera nos legs classiques et nos chants de la tradition. En musique, comme c’est déjà coutume, on vivra de nostalgie.
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