Fraîchement créé, le collectif “Zéro Déchet Tunisie” milite pour la préservation de l’environnement et l’amélioration de la qualité de la vie, à travers la promotion du concept “Zéro Déchet” dans notre pays. Un ensemble de citoyens, de scientifiques, de personnalités publiques, d’associations et de startup ont adhéré au concept et en font leur combat.
Dans un rapport publié en septembre 2018, la Banque mondiale prévient que d’ici à 2050, le volume des déchets dans le monde pourrait augmenter de 70% à près de 3,5 milliards de tonnes et que le monde moderne risque d’étouffer sous une montagne de déchets si rien n’est entrepris pour lutter contre ce fléau. La Tunisie, qui n’a pas encore ou ne peut pas se permettre une vraie politique environnementale, n’échappe pas à cette règle : sur terre, sur les plages, sur mer, aux ports, dans les rues, dans les champs… pratiquement aucune zone du pays n’échappe à la prolifération des déchets… Pis, les choses ne s’arrangent pas vraiment, car la quantité produite ne cesse d’augmenter et le pays risque, aujourd’hui, de crouler sous ces déchets. Pour mettre un terme à ce fléau et stopper la dégradation continue de l’espace public, qui constitue non seulement un désastre environnemental, mais affecte également les secteurs vitaux, comme la santé, l’agriculture, la pêche et le tourisme, le collectif “Zéro Déchet Tunisie” compte lancer une campagne nationale baptisée ”Tunisie sans déchets”. Cette campagne, qui vise aussi à promouvoir une approche intégrée et durable de gestion des déchets en Tunisie, sera lancée le 18 mars 2021, une date symbolique qui coïncide avec la célébration de la Journée mondiale du recyclage.
Principe des 5R
Sami Ben Yahya, président de l’association Action Tunisie Propre “ACT’UP” et coordinateur du collectif “Zéro Déchet Tunisie”, indique que depuis sa création en décembre 2020, pas moins de 13 organisations, outre un ensemble de citoyens, de personnalités publiques, de scientifiques et de startup, ont adhéré au collectif “Zéro Déchet Tunisie” qui défend les intérêts des citoyens, des consommateurs et des usagers dans les domaines de l’environnement, de la gestion des déchets et du cadre de vie. Sa démarche prône l’efficacité dans l’utilisation de nos ressources, la réduction du gaspillage et des déchets par l’éco-conception, la consommation responsable, le réemploi et la valorisation de la matière.
M.Ben Yahya ajoute que le collectif “Zéro Déchet Tunisie” défend aussi la règle des 5R (Refuse, Reduce, Reuse, Rot, Recycle), qui est une recommandation de mode de vie écologique. En effet, la démarche “Zéro Déchet” est fondée sur les pratiques suivantes : refuser les produits à usage unique et privilégier les achats sans déchet (Refuse), réduire la consommation de biens (Reduce), réutiliser et réparer tout ce qui peut l’être (Reuse), composter tous les déchets organiques (Rot) et recycler tout ce qui ne peut pas être réutilisé (Recycle). Ce concept permet, donc, de réduire autant que possible les déchets, ce qui a un impact positif sur l’environnement.
Il affirme, également, que le concept “Zéro Déchet” va beaucoup plus loin, il va jusqu’à la source… Le concept a un enjeu économique important, puisqu’il permet de créer et de développer de l’emploi dans de nouveaux secteurs économiques, comme le tri et le recyclage. Ce concept permet, également, d’interagir et de se mobiliser entre personnes qui ont un but commun : des partages d’expériences, la mise en œuvre d’actions concrètes capables de mettre en place des stratégies pour maintenir et faire évoluer ce concept…
Nécessaire prise de conscience
Alors que la crise sanitaire liée au Covid-19 a montré comment les bonnes pratiques d’hygiène sont d’une importance capitale et comportent des transformations durables des comportements de consommation du citoyen, qui a pu s’adapter à l’évolution de la situation pendant et après la période du confinement, il y a encore une incommensurable inconscience au niveau écologico-climatique : cela fait de nombreuses années que la Tunisie croule sous les déchets, alors que le pays était propre, organisé et les gens civilisés, il y a 50 ans… Pour faire face à cette situation, la Campagne nationale a mis en place un objectif de première priorité : assurer un comportement responsable face à l’environnement, de la part des citoyens, des administrations et des entreprises publiques et privées, et surtout des industries.
«Aujourd’hui, la Tunisie a prouvé qu’elle n’est pas une très bonne élève en la matière et, donc, tout un système est à revoir. A cette fin, le collectif “Zéro Déchet Tunisie” compte mener des actions de sensibilisation dans les écoles et auprès du citoyen afin de réhabiliter son inconscient…
A l’école, on devrait remettre au programme l’éducation civique, l’enrichir et en faire une éducation écologique pour cultiver le sens du beau et du propre… Les Tunisiens devraient retrouver le sentiment d’appartenance à leur pays…
«Faut-il rappeler que la gestion des déchets commence au niveau des ménages et des individus ? Ainsi, les stratégies visant à les éduquer et à les motiver peuvent modifier radicalement les comportements», souligne Ben Yahya.
Etre une force de proposition
Lors de la 21e Conférence des parties sur le climat (COP 21), la Tunisie a promis de réduire de 41% ses émissions de CO2 en 2030. L’Etat tunisien s’est également engagé à intégrer les énergies renouvelables dans la production de l’électricité à hauteur de 30%.
«Dans le monde entier, la mauvaise gestion des déchets nuit à la santé humaine et à l’environnement, ce qui s’ajoute au problème du climat… Mais malheureusement, ce sont souvent les plus pauvres de la société qui subissent l’impact d’une gestion inadéquate des déchets. Ainsi, il est plus que jamais temps d’honorer tous ces engagements et de passer à l’action…
Aujourd’hui, on a un problème et on connaît exactement ses causes (l’homme d’une manière directe et l’Etat d’une manière indirecte) et, donc, on devrait chercher des solutions… Pour toutes ces raisons, à travers les actions que nous sommes en train de mener, nous voulons être une force de proposition pour prendre conscience qu’il y a urgence à faire évoluer ces actions pour un monde meilleur et pour l’avenir de ce joli pays… Le lancement, le 18 mars, de la campagne nationale “Tunisie sans déchets” n’est que le début, car nous voulons également pousser l’Etat à réviser et revoir la réglementation environnementale, assurer le développement des zones urbaines esthétiques, contribuer à l’amélioration dans le système d’éliminer les déchets…», explique-t-il.