La polémique autour des nouvelles nominations au comité scientifique de lutte contre le Covid est-elle fondée ? C’est que plusieurs voix, plusieurs personnes ont crié au scandale justement après les changements introduits par le ministre de la Santé. Des noms sont partis, certains sont restés et d’autres compétences débarquent. Et c’est justement là l’enseignement majeur : ce comité regorge de compétences reconnues dans plusieurs domaines. C’est un comité ad hoc pluridisciplinaire qui ne dépend guère d’une personne qui s’en va. Au contraire, pour mettre fin à une très mauvaise communication autour de la pandémie (parfois on a une contradiction entre ce que disait l’ex-porte-parole et les décisions prises par le ministère) et aussi pour permettre à ce comité de prendre plus de retrait par rapport à l’entité décisionnaire (qui peut avoir des contraintes socioéconomiques que les scientifiques ne prennent pas en considération), il a été jugé utile d’opérer quelques changements. Ces mesures porteront-elles leurs ses fruits ?
Ce comité scientifique va poursuivre son travail, il ne s’arrêtera pas parce que les gens sont affectés par le départ d’une personne. Ce comité reste valeureux par les noms qui y exercent. C’est pourquoi il faut regarder plus loin pour unifier la communication et les messages relatifs au Covid, car on n’arrive plus à savoir si on est sur la bonne ou la mauvaise voie.
Cet attachement viscéral à certains noms est aujourd’hui une mode, une très dangereuse mode, à l’image de ce qui se passe au ministère des Finances où les fonctionnaires se rebellent et refusent des changements qui sont du ressort du ministre. Cela s’applique à plusieurs établissements publics où les postes sont «réservés» à des personnes qui s’y accrochent bec et ongles. Leur départ, dans le cadre d’une mutation ou d’un changement de souffle, est saboté par des gens qui bénéficient de certains avantages accordés par ces « éternels » responsables.
Tout Etat qui se respecte ne s’arrête pas sur les personnes. Ces dernières passent, mais l’intérêt supérieur de la nation et le travail restent. Qu’on arrête de sacraliser des responsables et ce qu’ils font ! Ce qui compte, c’est l’abnégation et l’apport réel et non les personnes elles-mêmes. Malheureusement, la compétence est reléguée au second plan, et c’est le nom de la personne qui prend le dessus sur le poste. Résultat: des crises aiguës au moment des changements, de la productivité qui diminue et le culte de la personnalité, qui est bien ancré dans notre culture. Finalement, les personnes passent, l’Etat continue, et nul n’est indispensable !