Accueil Editorial A-t-on retenu la leçon ?

A-t-on retenu la leçon ?

La troisième vague de la Covid-19 était prévisible et respecte un principe logique : les mêmes erreurs produisent les mêmes effets. On a tout fait, exprès peut-être ou par naïveté, pour provoquer une nouvelle vague, mais cette fois terrible. C’est qu’à chaque fois, le ministère de la Santé et le comité national qui devrait lutter contre le Covid commettent les mêmes erreurs une fois la pandémie contrôlée. Début mars, on a crié trop tôt victoire, en parlant même, avec beaucoup de dogmatisme, d’une immunité collective. Cela rappelle ce qui s’est passé en juin dernier quand le ministère a parlé de victoire et quand les Tunisiens se sont relâchés de manière à causer la vague de novembre puis de janvier. Et à chaque fois, on a l’impression qu’on ne retient pas la leçon. Les mesures prises en janvier et en février, notamment l’alternance dans le service public et le travail à distance avec un couvre-feu assez raisonnable, ont produit leur effet. Le nombre de cas a diminué et les vaccins ont commencé à affluer. Au lieu de consolider cet élan en renforçant ces mesures, on a vite cédé à la distraction, à la fausse et «arrogante» euphorie. On a repris un train de vie pratiquement normal : les gens ont renoué avec les mauvaises habitudes (fréquentations en masse, regroupements nocturnes, cafés et lieux de distraction bondés, déplacements à tort et à travers). Si l’on ajoute la catastrophique communication du comité national dont les communiqués contredisaient les propos prudents du ministre de la Santé, si l’on ajoute aussi la non-application des lois concernant le port du masque et le travail à distance, on comprend pourquoi on replonge dans le danger Covid. En deux semaines, et à cause de cette mauvaise gestion de l’après-diminution des cas, la troisième vague est un fait. Ce n’est pas une blague, ce n’est pas une mauvaise anecdote, c’est un fléau qui rebondit bêtement. Et attention, la simple vaccination ne suffira pas pour atténuer le nombre de cas et les dégâts attendus. Les mesures d’hygiène et la distanciation restent les premiers atouts pour maîtriser la courbe ascendante des cas et des décès. En plus, la vaccination doit s’accélérer pour espérer sauver les meubles et freiner la recrudescence qu’on observe actuellement. Malheureusement, toutes les parties concernées ont très mal géré ce dossier : et maintenant qu’on est débordés (nous sommes un pays pauvre qui n’a pas de système de santé performant), il faudra que le gouvernement réfléchisse avant de reproduire les mêmes erreurs. La question n’est pas seulement le mois de Ramadan, elle doit concerner l’été aussi. Autrement dit, et d’après ce que disent les spécialistes, il faudra des mesures qui aillent jusqu’à septembre avec une cadence élevée de la vaccination. Halte au relâchement en été même si le nombre de cas diminuait. Et c’est au Tunisien de faire valoir sa conscience et sa citoyenneté, et c’est à l’Etat de suivre et d’appliquer la loi tout en communiquant à temps et comme il faut. Rien ne sert d’effrayer les gens et d’organiser des émissions télé pour leur dire que la situation est grave, alors qu’une semaine avant, on leur disait le contraire. La Covid est un vrai fléau, elle tue, elle met ses victimes dans une épreuve douloureuse, ce n’est pas une simple grippe qu’on peut gérer. Mais le plus important, c’est  la victoire finale…

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