Célébration de la Journée Mondiale de la Terre : La menace qui guette notre bien commun

La Journée mondiale de la Terre est une occasion de mettre en exergue la vie sur la Terre qui est menacée.

La Journée mondiale de la Terre a été célébrée samedi dernier, à la Cité des sciences de Tunis. L’objectif de cette journée consiste à sensibiliser les gens aux menaces qui guettent notre planète. Dans ce contexte, Dr Haïfa Boudegga, maître-assistante en entomologie, acarologie, apiculture à l’Institut supérieur agronomique de Chott Meriem et présidente de l’Association des sciences agronomiques de Chott Meriem (ASA-CM), a indiqué qu’il est nécessaire de «protéger les pollinisateurs».   

En fait, la pollinisation est un processus essentiel pour la production mondiale de denrées alimentaires, car les insectes pollinisateurs ont une influence sur la production de plus de 75% des principales cultures vivrières du monde. L’abeille à miel (Apis mellifera) joue notamment un rôle fondamental pour la fourniture d’aliments nutritifs, mais aussi d’autres types d’abeilles, d’autres insectes (comme les papillons, certaines mouches) et d’autres animaux qui sont déterminants pour notre production alimentaire.

Le déclin des insectes

Aujourd’hui, il est de plus en plus clair que les populations de pollinisateurs sont en diminution dans le monde entier. Le nombre de colonies d’abeilles a dégringolé, surtout dans certaines régions du monde, et la plupart des colonies sauvages sont menacées d’extinction. De nombreux pollinisateurs sont gravement menacés par la modification de l’utilisation des terres et l’intensification de l’agriculture. Le déclin des insectes pollinisateurs est un problème complexe à cause de multiples facteurs, essentiellement la monoculture, la gestion intensive de l’agriculture, le changement de l’utilisation des sols, l’urbanisation, la pollution environnementale, l’introduction d’espèces exotiques…

Dr Boudegga a ajouté que, pour protéger nos pollinisateurs, il est obligatoire de préserver leurs sources de nourriture et leurs sites de nidification. Des habitats doivent être créés dans les zones les moins productives de l’exploitation agricole (dans ou hors de la parcelle) en cultivant des bandes de végétation naturelle de fleurs sauvages. De simples sites de reproduction, faits de matériaux naturels, devraient être installés, avec des matériaux variés et de dimensions différentes. 

Gestion des ressources en eau

De son côté, Pr Noureddine Gaâloul, docteur en sciences & techniques de l’Eau (ENGEE) à Strasbourg (France) et professeur de l’Enseignement supérieur agricole Inrgref (Iresa) à l’Université de Carthage, a ajouté que la Tunisie a engagé une réflexion prospective sur les impacts du changement climatique dans le secteur agricole et les ressources naturelles. Il a cité les moyens requis pour en limiter les effets d’une manière soutenue et durable. 

C’est ainsi qu’une stratégie nationale d’adaptation de l’agriculture tunisienne et des écosystèmes au changement climatique et une étude sur la protection des écosystèmes et l’adaptation au changement climatique ont été élaborées. Pour les projections climatiques sur la Tunisie, le modèle HadCM3 (modèle de circulation générale couplé atmosphère-océan) a été utilisé pour quantifier les élévations des températures et les baisses probables des précipitations et étudier la variabilité des précipitations et des extrêmes aux horizons 2020-2050. 

Plusieurs impacts du changement climatique ont été observés. Ainsi, une augmentation de la fréquence et de l’intensité des années extrêmes sèches a été constatée. Aussi, les eaux souterraines, notamment au niveau des nappes phréatiques de forte salinité, des nappes littorales et des aquifères non renouvelables, diminueront de 28% à l’horizon 2030.  

A cause de l’augmentation des températures, le risque de grands incendies dans le Nord va s’accroître. De plus, la remontée des niveaux des mers (50 cm à l’horizon 2100) a des répercussions négatives sur le littoral à l’horizon 2100.

Superficies exposées à l’érosion marine

L’augmentation de l’érosion marine des régions littorales et l’avancée de la mer vers la terre ferme des zones côtières auront un impact sur l’archipel de Kerkennah et l’Île de Djerba dont la superficie totale, exposée à l’érosion marine diminuera d’environ 30%.  En cas de grande sécheresse, il y aurait baisse de la production des surfaces oléicoles en sec, ainsi qu’une baisse de la surface céréalière au centre et au sud et la réduction des cheptels bovin, ovin et caprin au Nord, mais surtout au Centre et au Sud.

Les prévisions et les études récentes placent la Tunisie parmi les pays les plus vulnérables de la Méditerranée au changement climatique. Il est nécessaire de renforcer la gouvernance territoriale de l’eau, en se basant sur des institutions locales et en s’appuyant sur la participation des usagers. Il faut mettre en place des moyens nationaux de financement, notamment pour entretenir les infrastructures hydrauliques existantes et promouvoir les aménagements hydro-agricoles. D’où la nécessité de faciliter la production et la diffusion de l’information climatique, hydrologique et agricole en général.

S’adapter au changement climatique

L’apport de la recherche pourra être traduit dans l’élaboration d’un référentiel, qui permettra de développer les connaissances, de produire des solutions et de modeler différemment notre savoir-faire actuel de manière à s’adapter aux nouveaux besoins liés au changement climatique. Les perspectives en matière de changement climatique sont très alarmantes tant en termes d’évolution des principaux paramètres climatiques (températures, précipitations) qu’en termes d’impacts sur les secteurs clés, tels que les ressources en eau, l’agriculture et les zones côtières.

Cela nécessitera des efforts considérables à déployer en vue de réduire les impacts et de s’y adapter. Pour réduire les incertitudes sur le climat régional nord-africain (Tunisie, Algérie, Maroc), il est impératif de focaliser le travail sur l’amélioration des observations climatiques. La veille par le biais de la densification des réseaux nationaux de mesure et de collecte de données climatiques s’avère aujourd’hui indispensable.

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