
Ce sont les spéculateurs qui prennent en charge ces points de vente et qui y mettent leurs hommes à l’effet de remettre les pendules à l’heure : les prix redeviennent incontrôlables et la qualité laisse à désirer.
«Décision» a été prise de mettre en place, à l’occasion du mois de Ramadan, des «points de vente du producteur au consommateur». Combien de fois a-t-on procédé à cette mise en scène qui ne dure que l’espace de quelques jours, le temps que les organes de presse «couvrent» ce non-événement ?
Ceux qui ont pensé encore une fois à cette idée géniale pour aider le consommateur à subvenir à ses besoins pour nourrir sa famille en ce mois saint devraient être plus imaginatifs. De toutes les façons, ces décisions interviennent trop tard et cela ne représente absolument rien par rapport à la gravité de la situation qui semble devenir incontrôlable.
Ont-ils pris la peine de rendre visite à ces points de vente une fois le matériel TV rangé, et les articles de presse parus ? Est-ce pour soulager leur conscience qu’ils reprennent ce même refrain qui ne trompe plus personne ?
C’est qu’une fois toute cette mise en scène terminée, ce sont les spéculateurs qui prennent en charge ces points de vente et qui y mettent leurs hommes à l’effet de remettre les pendules à l’heure: les prix redeviennent incontrôlables et la qualité laisse à désirer.
Quant aux «producteurs», on n’en entendra plus parler jusqu’à la prochaine occasion que l’on choisira, en fonction de la situation du marché et des hurlements et angoisses des consommateurs.
Des sociétés régionales
Dans une précédente édition, nous avions suggéré de mettre en place non pas des «points de vente», mais d’inciter ces organismes qui sont censés défendre les intérêts des producteurs et ceux qui se contentent de relever les doléances des consommateurs, à œuvrer pour la création de sociétés régionales qui veilleraient à gérer ces points de vente du producteur au consommateur tout au long de l’année, et non pas de façon conjoncturelle. Ces sociétés qui regrouperaient seulement des producteurs désirant s’engager à réguler les prix et souhaitant mettre un terme à cette exploitation éhontée de leurs efforts.
Les autorités régionales seront, bien entendu, parties prenantes. Elles pourraient, dans une première phase, fixer et mettre à disposition les lieux de ces points de vente. Une fois le système rodé et bien en place, on pourra penser à la régularisation de la situation sur le plan foncier.
En effet, depuis des années que l’on s’adonne à ces gesticulations inutiles qui ne durent que le temps de leur annonce, il faudrait changer d’optique et agir en fonction des réalités du terrain.
Il faudrait tout de suite signaler que ces «sociétés» ne seront pas créées pour offrir de l’emploi aux cousins et amis, à ceux que l’on risque de parachuter et qu’il n’y aura ni secrétaires, ni moquettes, ni climatiseurs et encore moins de voitures de service et de bons d’essence.
Des prix «équitables»
Le tout se limitera à des opérations de gestion comptable et à la fixation des prix «équitables» qui seraient de nature à réguler le marché. Leur nombre sera décidé en fonction de la dynamique du marché et devrait répondre aux besoins d’une population en quête d’un marché équitable.
Les grandes surfaces (qui pourraient devenir les premiers clients de ces sociétés), auraient pu répondre à ce besoin de régulation, mais en raison des prix imposés par les spéculateurs au niveau des marchés de gros où tout est pris en main pour déséquilibrer l’offre et la demande, elles ne pourront jamais aider à soulager le consommateur. Leurs prix sont souvent, très souvent, supérieurs à ceux des marchés. Et c’est d’ailleurs pour cette raison que le consommateur se rabat sur les vendeurs à la sauvette qui constituent, qu’on le veuille ou non, la seule planche de salut pour le père de famille.
Des changements notables
On a, à ce propos, relevé un changement notable au niveau des consommateurs. Nombre d’entre eux n’achètent plus au kilo, mais à la pièce. Les balances électroniques, lorsque qu’elles ne sont pas trafiquées, donnent le prix allégé pour un consommateur à bout de souffle et qui ne se permet pas d’acheter plus qu’il ne lui en faut pour la journée.
A croire que ce changement de comportement agira en faveur d’une consommation plus réaliste et qu’elle poussera vers une limitation des pertes que l’on enregistre au niveau des aliments que l’on met à la poubelle.
Ils n’ont rien compris !
C’est que ceux qui sont censés nous tranquilliser à propos de la situation du marché semblent n’avoir rien compris. Ou encore donnent-ils l’impression de n’avoir aucune idée de ce qui se passe dans le pays, sur le terrain. Qu’ils prennent l’initiative de prendre leur couffin et de se rendre sur un marché de leur choix, pour se rendre compte de ces hausses de prix incroyables qui ont marqué ce début de mois de Ramadan.
Il ne s’agit donc pas de tranquilliser le consommateur à propos des quantités qui seront disponibles (théoriquement), mais de garantir que ces quantités passeront par les marchés de gros, assureront l’équilibre entre l’offre et la demande, et empêcheront les étiquettes de voltiger au gré des spéculateurs.
A cœur joie
Les légumes que l’on a annoncés en quantités plus que suffisantes sont en hausse.
Les fruits, à part les fraises et encore, n’en parlons pas. Cela coïncide, certes, avec l’intersaison, mais cela n’est pas une raison pour qu’on laisse faire en donnant l’impression que les spéculateurs peuvent s’en donner à cœur joie. Des fruits, comme les nèfles, les abricots, les prunes et autres, ne sont pas encore là.
Mais on trouve des melons et des pastèques qui sont hors de prix. Ce n’est pas la saison, bien entendu, mais des pommes immangeables, des poires marron foncé qui virent au noir, des ananas (?) sortis d’on ne sait où, presque secs, des dattes qui semblent venir d’un pays qui en importe une fois tous les dix ans, cela tient de l’hérésie.
A propos de dattes, dont on a fixé le prix, on tombe tout à fait par hasard sur de la bonne qualité. Le reste est indigne d’un pays supposé être grand producteur. Les dattes de meilleure qualité seront là pour le jour de l’An !
Voilà ! Assez dit à l’occasion de ces premiers jours de Ramadan. A moins de rappeler, malheureusement, que les spéculateurs, faute d’imagination, de politique et de plan d’action réaliste et rigoureux, ont encore de beaux jours devant eux.