LES productions télévisées ramadanesques longuement présentées comme des créations artistiques sans précédent ont-elles répondu, aux premiers jours de leur diffusion sur les différentes chaînes TV aux attentes des Tunisiens et assouvi leur faim et leur propension légitime à un produit TV qui les réconcilie, en ce mois saint de Ramadan, avec leur petit écran et les libère, pour une période aussi courte qu’un mois, des mièvreries et des bides qui leur sont servis tout au long de l’année ?
Et si les TV, dans leur large majorité, ont décidé d’accorder au public un moment de répit en le privant des programmes politiques considérés comme étouffants, plus particulièrement en ces temps de tiraillements, de polémiques interminables et de combats de coqs, elles ont choisi de leur servir, en alternative, des programmes qu’elles considèrent divertissants et relevant de la création artistique.
Et les téléspectateurs de se voir obligés de poursuivre quotidiennement — confinement oblige — une série de feuilletons et de variétés se voulant légers où la plupart ne s’y retrouvent guère, estimant que leur contenu et les comédiens qui y jouent sont étrangers à notre environnement culturel, les problématiques qu’ils soulèvent ne répondent pas à nos préoccupations et même les villes ou les endroits où ils sont tournés ne cadrent pas avec ce que l’on attend d’un produit ou d’une création tunisienne.
D’ailleurs, les Tunisiens, qui laissaient entendre que leurs TV nationale et privées allaient leur alléger leurs souffrances nées de l’interdiction des veillées ramadanesques d’antan, n’ont pas manqué de dénoncer vigoureusement les dépassements et les dérives commis dans ces «créations» et d’appeler les instances de régulation à intervenir et à rappeler à l’ordre, dans les limites que leur confère la loi, les contrevenants.
En effet, l’objectif recherché par la Haica en épinglant plusieurs chaînes TV pour les infractions qu’elles ont commises aux dépens, notamment, du non-respect des règles déontologiques dans la publicité, ne vise en aucune manière la liberté de pensée ou de création, comme certains peuvent le prétendre, mais ambitionne plutôt de redresser les torts et de faire saisir aux TV concernées que la liberté n’autorise pas les dérives, les comportements inadmissibles et les discours de déni de la liberté , sous le prétexte de la fausse créativité.