Accueil Société Les tunisiens et les traditions de l’Aid: Une célébration sur fond de pandémie !

Les tunisiens et les traditions de l’Aid: Une célébration sur fond de pandémie !

Ce que nous sommes en train de vivre depuis le début de la pandémie a visiblement changé nos habitudes. La crise sanitaire a généré une crise financière : les Tunisiens n’arrivent plus à joindre les deux bouts et à subvenir à leurs besoins. Les fêtes religieuses ne sont plus vécues comme autrefois. Témoignages….


D’habitude et en général, les Tunisiens fêtent l’Aïd en achetant de nouvelles fringues, surtout pour les enfants et en préparant de délicieuses pâtisseries fait maison. Cette année, puisque nous vivons dans un contexte assez particulier, certains ont opté pour d’autres alternatives afin de pouvoir gérer cette crise sanitaire et financière qui semble persister depuis quelque temps.

Sawsan, une jeune fille de 25 ans que nous avons rencontrée avant-hier dans un jardin public de son quartier après la rupture du jeûne, témoigne à ce sujet en notant que sa mère se prépare toujours à l’avance en ce qui concerne les pâtisseries ou les habits pour la fête d’Aïd el Fitr.

«Je n’aime pas la foule, les boutiques pleines à craquer, la folie des clients et le cauchemar des interminables files d’attente. Du coup, je préfère prendre mon temps, avoir des idées claires et faire mes essayages tranquillement, sans pour autant être pressée par les clientes qui attendent leur tour en dehors de la cabine d’essayage. Pour ce fait, j’ai adopté une démarche depuis plusieurs années déjà : je fais mon shopping une semaine ou deux avant le mois de Ramadan. Il arrive que, des fois, je ne trouve pas tout ce qui me plaît et je sors faire les boutiques après la rupture du jeûne mais je fais mon maximum pour que ce soit pour l’achat d’accessoires ou autres trucs qui ne prennent pas beaucoup de temps», s’exprime-t-elle.

Et d’ajouter «En ce qui concerne les pâtisseries, c’est très rare que nous les faisons à la maison. Ma mère travaille souvent le Ramadan et des fois même, le jour de l’Aïd et donc nous les achetons. Depuis la crise sanitaire de la Covid-19, nous avons tous changé nos habitudes. Pour cette année, ma mère a décidé d’utiliser des gobelets et des assiettes en plastique, les invités auront, donc, leurs propres verres et assiettes remplies de différentes viennoiseries sans avoir à toucher ou à piocher dans le même plateau et contaminer les autres. Nous sommes tous sur nos gardes et voulons à tout prix passer de joyeuses fêtes tout en faisant attention et en adoptant les bons gestes».

Une tradition aux oubliettes

Quant à Latifa, propriétaire d’une épicerie, dans ce même quartier, elle prenait confortablement une place dans ce jardin, pour discuter avec ses voisines qui se sont réunies afin de changer d’air. Son mari prend la relève, et sert les clients qui affluent jusqu’à une heure tardive de la nuit.

Elle précise que le mois de Ramadan est vécu de façon particulière pour la deuxième année consécutive. Pareil pour la fête de l’Aïd ! Elle sera célébrée autrement. Minimisant le contact avec tout le monde, afin d’éviter le risque de choper le virus, cette femme qui a dépassé la cinquantaine va se contenter d’acheter les confiseries de l’Aïd auprès d’une pâtisserie. Faute de temps et d’argent, cette dernière ne peut pas consacrer un budget pour préparer les pâtisseries de l’Aïd chez elle comme à l’accoutumée, il y a déjà quelques années. Quant aux nouvelles fringues, qu’elle devra offrir à ses quatre enfants à l’occasion de l’Aïd, Latifa nous explique qu’elle va opter pour les boutiques de friperie qui vendent des vêtements beaucoup moins chers que ceux de prêt-à-porter; pour le reste de la tenue, elle va les acheter auprès des boutiques qui proposent des prix plus au moins modérés. «A cause de la Covid-19, nous galérons, mon mari et moi, pour subvenir à nos besoins. Nous payons un loyer estimé à 800 dinars pour le local de l’épicerie et celui de la maison. J’ai quatre enfants et ils suivent tous leurs études au collège et à la faculté. Heureusement que mes deux enfants qui suivent leurs études à la faculté sont compréhensifs, ils savent très bien que nous passons par une crise financière. Pour les plus petits, il est difficile de leur expliquer ce qui se passe, du coup, je suis obligée de me débrouiller afin de les «gâter» et leur offrir de nouveaux vêtements pour fêter l’Aïd comme il se doit. Quant aux pâtisseries d’Aïd, je vais me contenter d’en acheter une petite quantité de moyenne gamme auprès d’une pâtisserie qui se trouve juste à côté», note-t-elle sur un ton amer.

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