Piscine d’El Menzah : Un champ de ruines

Cette piscine, qui est aujourd’hui dans un état déplorable, a accueilli des événements inoubliables : Jeux méditerranéens, Jeux africains, Championnats arabes et maghrébins…


Il fut un temps où la Tunisie était considérée comme « un pays refuge » pour toutes les confédérations africaines des différentes disciplines sportives. En effet, nos équipements sportifs étaient à la pointe du progrès, notre infrastructure hôtelière était rodée et couvrait tout le territoire. L’état de nos moyens de communication était bon, la sécurité qui régnait de jour comme de nuit, bref tout plaidait en faveur d’un choix automatique en cas de désistement d’un des pays organisateurs africains, pour le remplacer au pied levé par la Tunisie.

Cela avait commencé depuis l’organisation des Jeux méditerranéens en 1967. L’entrée en fonction du stade de Radès avec  la décision prise pour le doter de suite d’un Palais des sports a permis à la Tunisie d’obtenir l’organisation du Championnat du monde de handball en 2005. Ce fut un succès, et nos amis allemands nous avaient déclaré que « nous avions mis la barre trop haut » à l’issue d’une compétition qui a valu le respect de tous les participants.

Une inclinaison négative

A partir de cette date, les choses commencèrent à changer. Les budgets du sport  observèrent une  inclinaison négative. Ils  baissèrent dangereusement en dépit du rôle que jouent la jeunesse et les sports.

Et depuis un peu plus de dix ans, les ministres qui se sont succédé ont beaucoup plus axé leurs efforts sur la construction de nouveaux terrains qu’à s’occuper ou s’inquiéter de l’entretien et de la rénovation. C’est ce qui fait que la Cité d’El Menzah commence aujourd’hui à devenir un champ de ruines.

Le stade est à refaire.  Et après des années de tergiversation, il semble que les choses iront mieux avec l’ouverture des plis pour le choix de l’entreprise qui aura la mission de rénover ce qui était un joyau, dont nous étions fiers.

C’est au tour de la piscine de plier le genou. Une  photo prise et largement diffusée par les réseaux sociaux a  de  quoi nous pousser à perdre nos derniers espoirs.

En effet, pour les ministres qui ont dirigé ce secteur des sports, il semble qu’il est plus flatteur de dire « qu’ils ont inauguré un nouveau stade ». Le fait d’engager des travaux de rénovation en  réservant une enveloppe conséquente pour la restauration d’une installation déjà en   place n’est pas du meilleur effet.

On créera une commission

Depuis donc dix, quinze ans, nos installations sont usées jusqu’à la corde. Lorsque  les commentaires deviennent trop pressants, on « réunit une commission » pour étudier et prendre en charge un dossier.

Où en est le Stade Zouiten ? Personne ne la sait.

La FTF avait offert l’opportunité de le prendre en charge, le rénover et le faire homologuer conformément aux nouvelles conditions internationales. Il paraît que cela n’a pas été du goût de la municipalité qui en est propriétaire. Les raisons importent peu. Cette installation est fermée. On paie toujours des ouvriers pour ouvrir et  fermer des portes. Pour, peut-être, enlever les mauvaises herbes. On paie, nous le supposons, les factures d’électricité et d’eau pour maintenir en vie ce qui reste du gazon. Pour le reste, motus et bouche cousue. Le Stade Zouiten, qui aurait  pu rendre d’éminents  services et alléger le fardeau des deux autres grands stades de la capitale, demeure fermé.

Cette  piscine, si on lui donnait l’occasion d’écrire ses mémoires, elle aurait besoin qu’on lui rappelle ces souvenirs inoubliables qu’elle a vécus : des Jeux méditerranéens, des Jeux africains, des Championnats arabes et maghrébins, des meetings internationaux et même des galas de haut vol ont été organisés dans ce temple de la natation et du waterpolo tunisiens. Les plus grands champions, que la Tunisie a connus, ont commencé à y barboter, apprendre leur sport favori, s’épanouir et devenir ce qu’ils sont devenus : d’âpres défenseurs  des couleurs nationales.

Un trou verdâtre

Alors le voir devenir un trou verdâtre, où  même    grenouilles et crapauds  refuseraient de plonger, cela fait mal au cœur. Que vont devenir  ces dizaines de clubs et les centaines de jeunes filles et garçons qui n’auront plus la possibilité de s’adonner à leur sport favori ? Ce sport, qui a donné à la Tunisie des titres olympiques et mondiaux, mérite-t-il ce sort ?

Ne parlons pas bien sûr du rôle social que joue ce trou d’eau pour les jeunes avoisinants, qui viennent de près de dix kilomètres à la ronde pour se rafraîchir en été, faute de pouvoir aller sur la côte.

Comment ceux qui sont là depuis longtemps ou récemment ont-ils fait pour que la situation atteigne cette cote d’alerte ? Comment peut-on se permettre de laisser une installation pareille tomber si bas ? C’est que même si ce champ d’eau est destiné à la destruction, on aurait dû respecter  le minimum  des règles d’hygiène au vu des  importantes agglomérations qui l’entourent,  à l’orée de la saison estivale et l’arrivée en force des moustiques.

On entend dire que c’est l’usure. C‘est très bien, mais qu’a-t-on fait pour éviter que tout s’écroule et qu’il n’y ait plus d’espoir de rattraper une négligence ?

Combien d’autres installations sont dans le même cas ? Comment ceux qui sont responsables vont-ils se jeter la balle ? Qui sera l’accusé pour sauver le véritable responsable ?

A l’image de ce qui s’est passé au  stade que l’on a érigé quelques centaines de mètres plus loin, la piscine d’El Menzah sur laquelle ouvrent presque toutes les fenêtres du ministère des Sports est en ruine.

Pour en arriver là, il y a eu certainement des négligences quelque part. Le commun des mortels ne voudrait pas le savoir. De toutes les façons, il sera difficile de connaître la vérité. Le changement de responsable, tel qu’on l’a fait pour  le stade, ne sera pas la solution. Il faut de l’argent et de la conviction.

Alors que le pays est dans un marasme insoutenable, il faudrait agir en redéployant ce qui a été prévu pour de nouvelles installations et parer au plus pressé. Sinon, on n’aura plus qu’à refaire le tout, de fond en comble.

Dans quelques années.

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