L’idée de créer une Chambre de commerce tuniso-coréenne (Cctc) a fait l’objet, en décembre 2018, d’un mémorandum d’entente entre le chef du gouvernement tunisien et son homologue coréen. Ce projet visant la promotion de l’échange commercial bilatéral et la propulsion, par conséquent, des différentes composantes économiques dont le tourisme, la mobilité estudiantine et professionnelle, l’investissement, le développement et l’appui à la recherche scientifique et aux compétences des deux pays, a vu le jour. Une conférence de presse a été tenue mercredi 29 mai à Tunis à cet effet.
La délégation coréenne, chapeautée par MM. Lee Joo-young et Cho Koo Rae, respectivement vice-président de l’Assemblée nationale coréenne et Ambassadeur de la République coréenne à Tunis, a compté un certain nombre de représentants de grandes entreprises coréennes ainsi que quatre députés. Se disant ravie de pouvoir inaugurer officiellement la création de ladite Chambre, la délégation coréenne a signifié son intention d’œuvrer, dans le cadre d’une coopération plus soutenue, afin d’assurer la relance des échanges économiques et culturels bilatéraux. D’autant plus que l’instauration de cette structure mixte vient couronner cinquante ans de relations diplomatiques entre les deux pays amis.
Pour un déficit commercial zéro
Ouvrant la conférence, M. Slim Sallami, président de la (Cctc) a signifié sa satisfaction quant à l’aboutissement d’un projet d’envergure qui coïncide avec la célébration du 50e anniversaire des relations diplomatiques tuniso-coréennes. Un demi-siècle de coopération a eu pour impact, jusque-là, le développement significatif des échanges commerciaux entre les deux pays. Cela dit, «les exportations tunisiennes vers la République coréenne ont été d’une valeurs de 61 millions de dollars en 2018 contre 155 millions de dollars d’importations», a-t-il indiqué.
Equilibrer l’équation pour atteindre un déficit commercial zéro figure parmi les challenges que se pose la Chambre. D’autant plus qu’elle s’appliquera, désormais, à relancer le mouvement des investissements directs qui stagne depuis deux ans… Pour ce faire, il convient, selon M. Sallami, d’accroître le volume des échanges entre les deux pays en usant de la place stratégique de la Tunisie dans la zone méditerranéenne, dans la région MENA mais aussi dans le continent africain.
«La Tunisie dispose de grandes potentialités l’habilitant à jouer le rôle de moteur économique voire de facilitateur de transactions non seulement entre les deux pays mais aussi entre les continents. Pour ce faire, et afin d’atteindre le déficit zéro, nous nous engageons à soutenir les exportateurs tunisiens, à contribuer au renforcement du climat pro-investissement et à la promotion du tourisme», a-t-il ajouté. Il n’a pas manqué de rappeler, en outre, que le transport aérien jouera un grand rôle dans la promotion du tourisme entre les deux pays partenaires. La Tunisie se doit d’intégrer le circuit euro-coréen en profitant de sa situation géographique.
Une coopération plus performante
Prenant la parole à son tour, M. Lee Joo Young a rappelé que la visite officielle de la délégation gouvernementale coréenne, en date de décembre 2018, a eu lieu à l’issue de la création d’une structure d’échange commercial mixte entre les deux pays dont les résultats portent, aujourd’hui, leurs fruits. «La Tunisie comme la Corée sont dotées de moult atouts dont des ressources humaines de compétence confirmée, des patrimoines spécifiques, dignes d’être valorisés et d’emplacements stratégiques. Cette structure mixte aura pour mission de servir de véritable plateforme économique bilatérale, garantissant la collaboration et la coordination entre les entreprises coréennes et tunisiennes et défendant leurs intérêts respectifs», a-t-il expliqué.
La naissance de la Cctc sera, d’ailleurs, annoncée le 4 juin 2019 dans le cadre des travaux du Forum du nouvel air en Afrique. Le vice-président de l’Assemblée nationale coréenne a incité les chambres de commerce et d’industrie coréenne et tunisienne à œuvrer ensemble, pour une coopération plus performante.
Place à une commission mixte de transfert des technologies
S’agissant des échanges commerciaux proprement dits, M. Young a témoigné de son appréciation quant à l’excellente qualité des produits tunisiens, notamment agricoles. Ainsi, il a suggéré une éventuelle visite d’une délégation coréenne dans l’optique d’avoir de plus amples informations sur les produits tunisiens et de les promouvoir en Corée, facilitant ainsi leur accès au marché de ce pays.
«Nous devons nous appliquer à une série de démarches fondées, impérativement, sur le principe gagnant-gagnant», a-t-il souligné. Le partenariat doit, selon lui, booster simultanément l’économie et l’employabilité, une équation à réussir immanquablement. M. Young a aussi mis l’accent sur un troisième défi : le transfert des technologies entre les deux pays partenaires s’impose. Dans ce dessein, il a proposé l’instauration d’une Commission mixte, qui sera chargée de ce volet de grande importance.
Un crédit de 60 millions de dollars
Pour sa part, la Corée s’engage d’assurer, cette année, des flux d’investissement. Une vingtaine d’entreprises coréennes se rendront en Tunisie. Par ailleurs, l’on envisage la mise en place d’un système d’informatisation des données cadastrales. Le gouvernement coréen accordera aussi à son homologue tunisien un crédit de l’ordre de 60 millions de dollars, remboursable sur une période de trois décennies. L’objectif étant, via ce crédit, de trouver des solutions au déficit commercial entre les deux partenaires.
Pour ce qui est de la promotion du tourisme tunisien, M. Young a indiqué que la Tunisie s’achemine sûrement sur la bonne voie, après le coup d’arrêt que ce secteur a subi à la suite des attentats de Sousse et du Bardo. Et d’ajouter que les contraintes relatives au transport aérien direct entre les deux destinations pourraient être surmontées pour une mobilité permanente dans les deux sens.
De son côté, M. Cho Koo Rae a éclairé l’assistance sur la mobilité estudiantine entre les deux pays. Il a insisté sur l’impératif de mettre en place un cadre légal, destiné à l’augmentation du volume des échanges d’étudiants mais aussi des ressources humaines entre les deux pays.
D. BEN SALEM