Accueil Magazine La Presse Préparation à l’accouchement sans douleur au CHU Farhat Hached à Sousse: soulager la douleur autrement

Préparation à l’accouchement sans douleur au CHU Farhat Hached à Sousse: soulager la douleur autrement


Donner vie à un être humain constitue, indéniablement, la plus éprouvante épreuve à laquelle doit réussir une femme. L’accouchement sans douleur est pratiqué depuis cinq décennies via la technique de l’analgésie péridurale. Sauf que cette pratique ne suffit aucunement à éviter à la future maman l’angoisse de mettre au monde sa progéniture.


En Tunisie, une Unité de préparation à l’accouchement sans douleur a vu le jour en décembre 2010. Fondée par le Dr Amor Slama, médecin anesthésiste-réanimateur à la maternité du CHU Farhat Hached à Sousse, elle représente une première, non seulement à l’échelle nationale mais aussi à l’échelle internationale de par son activité complète, diversifiée et médicalisée. Elle a pour finalité la mise à la disposition des futures mamans et même de leurs époux une panoplie de pratiques pluridisciplinaires en vue de les habiliter à accueillir, sous de bons auspices, leurs nouveau-nés. Le bien-être et le développement du fœtus représentent, en effet, les principaux centres d’intérêt de toute une équipe, composée de médecins, de sages-femmes et de kinésithérapeutes, qui s’appliquent, chacun de son côté et selon ses compétences, à préparer la femme et son fœtus à l’heureux évènement.
«La péridurale est utilisée comme technique d’accouchement sans douleurs depuis un demi-siècle. Toutefois, et à défaut d’une bonne connaissance des caractéristiques de l’accouchement dont la bonne respiration et la poussée efficace au moment opportun, nombreuses sont les futures mamans qui se trouvent, même sous péridurale, dans une situation d’accouchement inconfortable engendrant une insatisfaction. Ignorant la bonne technique de respiration indispensable à l’accouchement, le bébé peut souffrir durant cette étape vitale. Les retentissements sur le nouveau-né seront négatifs à tous les niveaux. Aussi, toute une préparation à l’accouchement sans douleur s’impose-t-elle. Elle assure un meilleur vécu de l’accouchement aussi bien chez la maman que chez le bébé», indique le Dr Slama. Aussi, une série de disciplines sont-elles pratiquées par les professionnels afin de soutenir la femme avant, pendant et après l’accouchement.

Un état psychologique lénifiant
Le processus de cette pratique commence par la préparation psychoprophylactique. L’objectif étant d’initier la future maman à la relaxation (musculaire, respiratoire, cardiaque, circulatoire, utérine et fœtale) tout en permettant au fœtus de se développer dans un climat émotionnel rassurant. Pour ce, les spécialistes recourent aussi à la musicothérapie et au chant prénatal en usant de musiques et de chansons adaptées à cet effet. Des séances de danse prénatale sont également recommandées afin d’influer positivement et sur la psychologie de la maman et sur celle de son fœtus. Outre ces techniques usuelles, les spécialistes optent pour la sophrologie en apprenant à la future maman le contrôle de son subconscient, le délestant ainsi de toute négativité susceptible de nuire à la psychologie et à l’état d’âme du fœtus. Autre technique utilisée dans cette phase préparatoire : «l’haptonomie» «La médecine a en effet confirmé depuis longtemps que les sens du fœtus sont assez développés pour lui permettre d’entendre les sons et les voix qui résonnent autour de sa maman, de savourer ce qu’elle mange, de percevoir la lumière et d’être, par conséquent, parfaitement sensible à son environnement. Depuis une quinzaine d’années, l’haptonomie a montré que le fœtus perçoit les vibrations via le ventre de sa mère. Il suffit, par exemple, que le papa caresse le ventre de sa femme pour que le bébé ressente cette forme d’affection parentale. Il arrive à reconnaître la main de sa maman, de son papa ou de ses frères et sœurs», explique le Dr Slama.
Par ailleurs, il est à signaler qu’à la maternité de Sousse, la musicothérapie fonctionne 24h/24 partout : consultation, accueil, urgences, salles d’accouchement et blocs opératoires.

S’entraîner à bien respirer !
A partir du quatrième mois de la grossesse, la future maman entame les séances de préparation physique prénatale. Ce volet acquiert en importance dans la mesure où il habilite, progressivement, la future maman à réussir l’épreuve de l’accouchement.
L’idée étant de lui apprendre la bonne respiration, nécessaire au bon déroulement de l’accouchement. «Il s’agit d’un véritable entraînement pour acquérir une respiration efficace. La maman doit, en effet, apprendre à inspirer par le nez et à expirer par la bouche tout en s’entraînant pour une longue apnée oscillant entre trente secondes et une minute. Cette longue apnée permettra de bien pousser et aidera le bébé à bien s’oxygéner durant l’accouchement. L’augmentation de la capacité respiratoire améliore le confort de vie en fin de grossesse (efforts habituels et position de sommeil), pendant le travail et l’accouchement», renchérit le chef de l’Unité. Cet entraînement physique est assuré une fois par semaine du 4e mois de grossesse jusqu’au début du 9e mois. «Encore faut-il préciser que la future maman est appelée à réitérer lesdits exercices quotidiennement à la maison, sous l’œil vigilant et encourageant de son mari qui joue, en effet, un rôle considérable dans cette cruciale étape. Son appui moral s’avère également être de taille», ajoute-t-il.

Des conditions physiques bien déterminées
Il est bon de souligner que durant cette phase préparatoire, le couple accède à toutes sortes d’informations relatives à l’accouchement, y compris les questions relatives à la vie sexuelle pendant et après la grossesse. La femme dispose ainsi de tout un processus d’entraînement physique lui permettant de renforcer sa poitrine et ses abdominaux. Des exercices sont aussi recommandés dans le but d’assouplir au mieux le périnée (zone entre les organes génitaux externes et l’anus), et ce, afin d’éviter le risque de déchirures et les larges épisiotomies.
«La préparation physique prénatale assure, poursuit Dr Slama, aussi une meilleure circulation sanguine au niveau des membres inférieurs, ce qui atténue significativement les désagréments liés au gonflement des pieds, aux crampes, à la sensation de jambes lourdes et l’apparition de varices sans oublier les risques thrombo-emboliques».
Faisant indéniablement partie du confort des femmes enceintes, les massages relaxants sont à prescrire. Et c’est aux maris qu’il convient de les pratiquer afin de soulager leurs femmes des douleurs et des tensions. Il s’agit de massages relaxants, axés essentiellement, sur le cuir chevelu, la tête, la nuque et les épaules. « Ce sont les parties du corps sources de douleur que la femme ne peut pas atteindre. C’est donc aux maris de garantir ce confort et de réussir cette mission, sans oublier encore le retentissement fœtal positif », ajoute-t-il.
La dernière étape de cette préparation physique consiste en l’apprentissage de la poussée efficace, spécial accouchement. Les femmes bénéficient, par ailleurs, d’une série d’informations détaillées portant sur la péridurale. Quant aux maris désireux d’assister à l’accouchement, un topo spécialisé leur est accordé afin de mieux les éclairer sur cette épreuve en leur faisant, de plus, une visite guidée de la salle d’accouchement en couple.
30 jours après l’accouchement et jusqu’au 6e mois, la jeune maman reprend la préparation physique (4 à 5 séances) portant sur l’assouplissement général ainsi que le renforcement de la poitrine et des abdominaux, à visée surtout esthétique. Au-delà de cette période, il lui est permis de pratiquer des activités physiques dans les salles de sport sans risque.

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