Troisième semaine depuis «L’état d’exception», et le doute s’estompe, petit à petit, à propos de ce qui attend le pays.
Finis d’abord les discours sur la légalité et la constitutionnalité.
A quoi riment-ils désormais? Le peuple a manifesté ce 25 juillet, rejetant gouvernement et parlement, et le Président élu par près de trois millions de Tunisiens y a aussitôt répondu. « Légitimité populiste »? Peut-être bien. Mais fondée, les sondages le disent, sur l’appui et la volonté de 87% de la population.
Les mécontents, ensuite. Idem. De la réputation, de l’argent, du bruit, mais dans la réalité, au concret, si peu , sans crédit, sans effet. De vieux opposants rageurs d’être « hors du coup ». Simplement, « bêtement » , envieux. Des juristes hors contexte , « phraséologues » obsédés de Droit. Et puis, bien sûr ,les « évincés du pouvoir », Ennahdha et sa petite suite, El Karama, et ce qui a pu subsister de Qalb Touness. Pratiquement sans poids
Les réactions ,enfin. Quelques-unes. A commencer par la campagne rageuse et contradictoire de Rached Ghannouchi, dont on ne retiendra finalement que les prétextes et les intentions. L’islamisme des frères qui vole , seul ( ????) au secours de la démocratie en Tunisie : une énormité ! Les menaces de faire couler le sang, aussi. Avec quoi, contre qui ? Ou encore les promesses faites de rallier les appels du Président. A t-on jamais mieux simulé, dissimulé ?
Les élites s’impatientent, elles. Vrai. Mais elles gardent espoir. Trois semaines sans feuille de route encore et sans gouvernement donnent à se méfier. Kaïs Saïed peut être emporté dans son action. Peut réformer les choses jusqu’à s’oublier. La « jonction » espérée par Ghannouchi ne se réalisera pas néanmoins. Le rapport des forces est largement en faveur de l’institution résidentielle et du gros du peuple qui la soutient. Quant aux élites, elles se suffisent, semble-t-il, de la halte faite à l’islam politique. L’essentiel à leurs yeux .Méfiance et vigilance suivront nécessairement.
Le plus attendu maintenant. Certainement pas un « retour en arrière ». Kais Saïed n’a pas pris les risques de l’article 80 pour finalement retomber entre les griffes du parlement et des partis. Son projet ne bouge pas depuis ses débuts en politique :régime présidentiel et démocratie participative. Il ne pouvait le réaliser en 2019, lors de sa portant large victoire. La Constitution a dévoilé ses limites depuis, et les partis au pouvoir ont perdu tout crédit. Avec l’enjeu économique et social, celui du corona, avec le soutien populaire massif, celui des institutions sécuritaires, celui de la société civile et des médias, plus vraiment de doutes. La voie paraît tracée. Nouvelle Constitution, nouvelle République, nouvelles élections. Le plus attendu, le plus probable demain…
Zenobie
19 août 2021 à 03:09
« régime présidentiel et démocratie participative » dites-vous: en réalité aujourd’hui, dissolution de l’Etat tunisien qui n’a plus qu’un président de la république concentrant entre ses mains et celles de son clan (dont son frère et sa cheffe de cabinet) l’intégralité des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Plus de gouvernement hormis 3 ministres nommés par le président (économie, TIC et santé), plus de conseil des ministres, plus de parlement.
Le pays est en réalité en voie de « somalisation » rapide: toutes les instances dirigeantes étatiques habituelles ont disparu, seule subsiste la présidence de la république qui décide de tout, à tout instant, pour tout le monde.
Le souci est que le pays était au bord du gouffre financier et que les bailleurs de fonds internationaux risquent de ne pas poursuivre leur aide devant un tel délitement de l’Etat, ce qui risque de mener au chaos total avec impossibilité simplement de payer les salaires des fonctionnaires le mois prochain, impossibilité de poursuivre la fourniture des services publics tels l’alimentation en électricité, gaz, eau, produits alimentaires, essence…