Quelles que soient les nobles intentions du Chef de l’Etat, les journalistes doivent en être les partenaires. Des partenaires qui n’ont pas pour vocation d’applaudir mais de rendre compte de la réalité.
Si les journalistes font preuve d’énormément de professionnalisme dans le traitement de l’information depuis le 25 juillet, ils ont également refusé et refuseront toujours de s’immiscer en politique. Leur rôle, surtout dans le service public, est de veiller à ce que tout le monde soit représenté et à ce que la situation puisse disposer de l’ensemble des données qui lui permettent de décrypter le monde qui l’entoure.
Mais pour y parvenir, il faut que ce pouvoir indépendant qu’est la presse puisse travailler correctement et en toute sérénité, loin de toute pression, loin de tout parti pris mais également loin de l’opacité des politiques et de l’administration.
Le Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt), dans un communiqué publié hier, a décidé de réagir en fustigeant notamment le lynchage de certains journalistes sur les réseaux sociaux.
Cela dit, le Snjt reconnaît que la situation créée par les annonces du Président le 25 juillet a engendré un certain nombre de dérapages dans quelques médias.
Mais ces dérapages, et la confusion dans laquelle se trouvent parfois les médias, trouvent leurs racines dans une communication présidentielle hermétique et anachronique.
La stratégie de communication choisie par le Chef de l’Etat qui consiste à se démarquer des médias et à préférer une communication directe et mise en scène n’est certainement pas adéquate dans un environnement démocratique.
Cette vision binaire du monde qui étouffe tout sens critique est plus limpide sur les plateformes de réseaux sociaux, où la logique des supporters de foot fanatiques l’emporte sur le bon sens.
En maintenant le flou sur la communication en fermant la porte devant les journalistes professionnels soucieux de rendre compte de la réalité telle quelle, «la raison d’Etat» ôte toute raison à l’opinion publique.
Dans ce cadre, l’information cède la place à l’impression et les fake news sont érigés en informations certaines.
Le syndicat des journalistes a donc eu raison de rappeler à l’ordre dans un État encore démocratique. Quelles que soient les nobles intentions du Chef de l’Etat, les journalistes doivent en être les partenaires. Des partenaires qui n’ont pas pour vocation d’applaudir mais de rendre compte de la réalité, de blâmer quand il le faut.
Il est grand temps que la Présidence s’ouvre à l’opinion publique et aux journalistes.