Il est confirmé que, selon certaines études évoquées, que l’écrasante majorité des personnes hospitalisées à la suite d’une contamination au Covid ne sont pas vaccinées. Il est donc défendable pour un pays, qui souffre notamment d’une infrastructure sanitaire vétuste et inadaptée aux défis actuels, de vouloir protéger son système de santé de l’effondrement. Un effondrement que nous avons frôlé, ne l’oublions pas, au début de l’été 2021.
Il n’y aura pas eu débat autour du passe sanitaire en Tunisie. Le palais de Carthage en a décidé et le peuple devra s’y soumettre. En effet, vendredi, le Président de la République, publié au Journal officiel un décret-loi en vertu duquel est instauré un passe sanitaire obligatoire, avec des sanctions des plus sévères pour ceux qui refusent encore de se faire vacciner.
Dans deux mois, date de l’entrée en vigueur effective du décret-loi, les établissements publics seront interdits à celles et ceux qui ne présenteraient pas un passeport sanitaire qui sera officiellement élaboré dans les semaines qui viennent. Les établissements pénitentiaires, les hôpitaux, mais également les cafés, les restaurants et l’ensemble des endroits à caractère touristique seront interdits aux personnes non vaccinées. Selon le même décret, certaines personnes non vaccinées pourraient perdre leur emploi.
En d’autres termes, ceux qui refusent de se faire vacciner, par conviction, par peur, et ceux qui hésitent encore seront bannis, chassés de l’espace public et sans aucun doute stigmatisés. Bref, l’Etat force la main des plus récalcitrants.
Si certains semblent surpris de voir décrété ce passe sanitaire, il serait utile de rappeler que l’idée a commencé à être diffusée par les autorités sanitaires depuis cet été.
Au cours du mois d’août dernier, Dr Jalila Ben Khelil avait fait savoir que ce passe sanitaire serait dans un premier temps imposé pour les personnes de plus de 40 ans. Mais il semble cependant que le décret promulgué par le chef de l’Etat n’ait pas fixé un âge précis.
Pour Imed, 38 ans, qui s’est jusqu’ici débrouillé pour éviter de se faire vacciner et a échappé à la contamination au Covid, la décision présidentielle sonne comme une atteinte à sa liberté de choix. «Je ne comprends pas comment on peut m’obliger à me faire vacciner, alors que j’ai toujours respecté les règles sanitaires strictes, et que finalement, toutes les études confirment que même vaccinés, les gens peuvent être contaminés par le Covid ou l’un de ses variants», nous dit-il, révolté. Cependant, s’il n’a pas d’autres choix, Imed nous confie qu’il consentira finalement, à contrecœur, à se faire «piquer».
Mais il est également vrai que, selon les mêmes études évoquées, que l’écrasante majorité des personnes hospitalisées à la suite d’une contamination au Covid, sont des personnes non vaccinées. Il est donc défendable pour un pays, qui souffre notamment d’une infrastructure sanitaire vétuste et inadaptée aux défis actuels, de vouloir protéger son système de santé de l’effondrement. Un effondrement que nous avons frôlé, rappelons-le, au début de l’été 2021.
Dans un petit groupe crée par des Tunisiens sur Facebook baptisé «Non au passe sanitaire», les «fake news» sont légion. Mais tous dénoncent ce qu’ils estiment être du «chantage», du «banditisme» et de la «dictature». Qualifié par les antivaccins de «passe de la honte», le passeport sanitaire isole certaines personnes. Est-il pour autant prudent de courir le risque d’une nouvelle pandémie qui serait désastreuse ?
L’équilibre délicat entre le respect des libertés individuelles et l’intérêt supérieur de la nation est toujours très difficile à trouver.