Opposition interne (élites et partis) ou externe (Congress américain et Union européenne), un seul et même appel est adressé, aujourd’hui, à Kaïs Saïed : l’appel à la reprise constitutionnelle et institutionnelle et au retour du Parlement.
En plus simple, à peine deux mois plus tard, l’appel à renoncer au « 25 juillet ».
Les motivations diffèrent sûrement. Le congress est en grande partie sous influence des lobbies islamistes et sionistes, souvent connectés. L’Europe, elle, préfère toujours être avertie. Quant à l’opposition politique locale, essentiellement minoritaire, elle court le risque de la disparition.
Mais tout cela se dissimule, plus ou moins, plutôt plus que moins, derrière le « noble prétexte » de « défense de la démocratie ».
Les Etats-Unis et l’Europe sont-ils vraiment rebutés par les mesures d’exception et l’article 117 décrétés par Kaïs Saïed? Sont-ils, comme ils le disent, « effarés » de voir tous les pouvoirs cumulés chez un seul homme ? Craignent-ils à ce point pour l’expérience démocratique tunisienne ? L’histoire passée comme présente indique bien que non. Les Etats-Unis ont bien contribué à l’élimination de Allende au Chili et installé à sa place le tyran Pinochet. Et puis là, tout proche de nous, n’ont-ils attendu que quelques semaines pour reconnaître le coup d’Etat et le régime militaire de Sissi ? La France, l’Angleterre et l’Allemagne n’entretiennent-elles pas, encore et toujours, les meilleures relations avec les dictatures d’Afrique et d’Orient ? C’est dire si l’on en sourit, aujourd’hui, à l’abord de l’exemple tunisien. Choix partisans, alors, ou « simple cinéma »…
Nos élites et nos partis, idem. Ils manifestent et contestent ; jurent de mourir pour la démocratie. Ils coulaient pourtant des jours tranquilles sous Ben Ali. Et pendant la décennie désastreuse d’Ennahdha, on les voyait à peine lever le petit doigt.
A ces opposants nôtres on avertira surtout de ceci : qu’il est logique, peut-être même vital, de veiller aux dérives autoritaires, mais qu’un plus grave danger menace le pays si le retour au parlement de 2019 se fait comme y invitent des « donneurs d’ordre » occidentaux et quelques élites et partis empressés. Sans les précautions, les retouches, voire les réformes préalables. Ce serait comme prolonger l’impunité des coupables. Comme remettre le pays entre les mains de ceux qui l’ont détruit.
Le congress et le Parlement européen peuvent s’autoriser cette omission, ils n’y perdent rien. Nous, non. Absolument non !