
Chaque année, huit millions de tonnes de plastique sont rejetées en mer…
La pollution plastique et le réchauffement climatique sont deux fléaux de nos sociétés modernes. Des chercheurs confirment, aujourd’hui, à quel point les deux problématiques sont liées. Dans ce contexte, Yassine Mchirgui, Président de l’Association de protection de l’environnement et développement social à Bizerte, nous a expliqué que, pour sortir de l’impasse « nous devrons trouver des solutions communes. Chaque année, huit millions de tonnes de plastique sont rejetées en mer. Ce matériau évolue au gré des courants. Il est mangé par les organismes marins, jusqu’à contaminer toute la chaîne alimentaire ».
À quelques jours de l’ouverture de la 26e Conférence des Parties signataires de la convention-cadre des Nations unies pour les changements climatiques (ndlr avant-hier), la COP26, le réchauffement climatique est sur toutes les lèvres, mais également une autre menace plane sur notre planète : celle de la pollution plastique. Une équipe internationale de chercheurs nous propose même aujourd’hui, de nous interroger sur l’effet cumulatif du réchauffement climatique et de la pollution plastique. Les scientifiques ont, en effet, identifié trois manières importantes dont ces deux crises sont liées. Il y a d’abord, bien entendu, le fait que le marché du plastique, sa production et son élimination sont à l’origine d’importantes émissions de gaz à effet de serre. M. Mchirgui a ajouté dans ce cadre, que « nous le savons désormais résolument, le réchauffement climatique que nous vivons est le résultat de ces émissions. Le réchauffement climatique et la pollution plastique viennent d’un problème unique, d’une matière première principale : le pétrole », d’après Andrew Davies, chercheur à l’université de Rhode Island (États-Unis). D’autres chercheurs, de l’université de Canterbury (Nouvelle-Zélande), se sont interrogés sur les effets des microplastiques présents dans l’air. Plusieurs études ont récemment montré que les plastiques ne polluent pas seulement les terres et les mers, ils sont aussi dispersés dans l’air que nous respirons.
Impact du climat par la pollution plastique
Les chercheurs ont aussi montré que les conditions météorologiques extrêmes, comme les inondations, ont tendance à disperser et à aggraver la pollution plastique. Lorsqu’une tempête se déchaîne, un bon nombre de déchets sont balayés vers nos rivières et nos côtes. Parmi eux, des déchets plastiques qui mettent beaucoup de temps à se décomposer dans la nature. Ainsi, certains se retrouvent à circuler dans les océans et se déposent dans les fonds marins. Ils endommagent les habitats et blessent ou tuent des espèces marines. En 2018, suite à la tempête Emma, qui s’est abattue sur le nord du Pays de Galles, toute la zone a été envahie par des particules flottantes de polystyrène blanc. Le risque immédiat : voir une espèce envahissante jusqu’alors contrôlée se transporter ainsi plus loin.
Yassine Mchirgui a mentionné que le réchauffement climatique et la pollution plastique ont des effets indésirables sur les espèces marines et sur les écosystèmes, expliquant que les scientifiques qualifient de microplastiques, de minuscules fragments libérés lors de la dégradation de déchets plastiques. « Ils sont suffisamment légers pour être transportés par le vent sur de grandes distances. Ils peuvent même, après un passage dans les eaux, retourner vers l’atmosphère par le biais des embruns. Et être poussés jusque dans les neiges de l’Arctique ou sur les sommets de l’Himalaya ». Et de poursuivre : « Les chercheurs pensent également, que les microplastiques pourraient interagir avec les nuages ou servir de surfaces où des réactions chimiques peuvent se produire. La concentration actuelle de microplastiques dans l’atmosphère reste toutefois faible aujourd’hui », souligne notre expert environnemental. Ces microplastiques-là n’ont donc qu’une très faible influence sur le climat mondial à ce stade. Mais étant donné les projections d’un doublement des déchets plastiques au cours des trois prochaines décennies, les chercheurs estiment que les microplastiques auront alors un impact plus important sur le système climatique de la Terre, à moins que nous ne prenions des mesures pour lutter contre la pollution plastique.