Les jeunes frondeurs ont commencé à investir les artères, aux alentours du siège du gouvernorat, revendiquant la concrétisation, sans tarder, du contenu du dernier accord conclu, le 8 novembre 2020, avec le gouvernement Hichem Mechichi
Après un an d’accalmie, sur fond d’attentisme et d’impatience à peine voilée, la crise d’El Kamour, au sud tunisien, refait surface. Et les protestations ont, ces derniers jours, repris de plus belle, en menaçant de fermer, de nouveau, la vanne de production pétrolière. Quitte à aller jusqu’au bout, avertissant d’escalade vers un point de non-retour. Leur coordination, constituée suite au premier accord signé en 2017 avec l’ancien gouvernement Youssef Chahed, est revenue à la charge, en bloquant, lundi dans la matinée, le croisement reliant Tataouine à Médenine. La région semble monter au créneau, réclamant son droit au développement et à l’emploi. Ainsi, l’hiver s’annonce assez chaud.
Retour à la rue
En fait, les jeunes frondeurs ont commencé à investir les artères aux alentours du siège du gouvernorat, revendiquant la concrétisation, sans tarder, du contenu du dernier accord conclu le 8 novembre 2020 avec le gouvernement Hichem Mechichi. A l’époque, Mechichi avait cédé aux pressions de la rue, approuvant, au terme de négociations-marathon, une batterie de mesures en faveur de la région. Mais l’accord tel qu’il a été adopté n’a pas manqué d’exacerber les tensions sociales dans pas mal de régions. Gafsa et Le Kef, en l’occurrence, ont manifesté leur mécontentement face à la politique de deux poids deux mesures. C’est que le développement régional est un droit pour tous. Mais personne ne savait, a priori, que même l’accord d’El Kamour n’allait pas voir le bout du tunnel. Et que les promesses, à maintes fois données, ne sont, réellement, que de la poudre aux yeux. Afin de contenir la colère des sitinneurs et leur vendre de faux espoirs.
Aperçu sur un accord en sursis
Cette fuite en avant n’a fait que perdurer la crise et réveiller les vieux démons. Et le bras de fer «kamouristes»- gouvernements successifs s’est érigé en un dialogue de sourds. Enfin, le problème n’est pas encore résolu. A vrai dire, Mechichi ne lui a pas trouvé de solution. Une année déjà, le gouvernement n’a pas honoré ses engagements envers ces jeunes manifestants. Fini l’ultimatum, place à toutes les formes de protestation. Tarek Haddad, chef de fille des mouvements et porte-voix de la région, lui, a commencé à affûter ses armes, déclarant prêt à tout faire. Jusqu’à la mise en application de tous les points de l’accord en question. Si généreux soit-il, ledit accord, conclu à l’arraché, demeure en sursis. Il prévoit, entre autres, la création d’un fonds de développement régional et un autre d’investissements, dotés chacun de 80 millions de dinars, le recrutement de 1.000 agents et cadres par les sociétés de l’environnement basées dans la région, l’embauche de 215 agents par les compagnies pétrolières en 2020 et de 70 autres en 2021.
Il a également promis 100 crédits d’une valeur de 2,2 MD pour le financement de projets pour les jeunes, 1,2 million de dinars sont destinés à des associations de développement, 2,6 millions de dinars aux municipalités du gouvernorat et 1,2 million de dinars à l’Union Sportive de Tataouine. Soit un énorme budget qui aurait dû être débloqué pour calmer les esprits et satisfaire les besoins des habitants. Et là, on est en droit de se poser une question : comment le gouvernement Bouden va-t-il réagir face à cette nouvelle vague de protestations ? Réussira-t-il là où avaient échoué ses prédécesseurs ? Saïed sera-t-il en mesure d’en finir avec la crise ?