Une fois encore on nous annonce le démarrage (expérimental) de la ligne E du RFR. On nous dit, entre autres, que ce sera durant le … premier semestre 2022 ! Peut-on ou doit-on le croire ? Chat échaudé craint l’eau froide, dirait toute personne avertie.
En tout état de cause, le Tunisien ne s’attend pas à ce que ce problème soit résolu dans l’immédiat. On lui a fait tellement de promesses qu’il n’accorde plus aucun crédit à toutes les annonces qu’on lui fait maintenant. Il est, même, convaincu que les responsables de ce projet ne sont pas maîtres de la situation. A tel point qu’il n’exclut aucune hypothèse allant dans le sens d’un blocage réel du projet pour des raisons qui pourraient être éclaircies, un jour.
Plus gênant, encore, ce silence autour du projet. Personne n’est venu expliquer les vraies causes des reports répétés du lancement de la ligne E (reliant Tunis et Essejoumi) qui semble, pourtant, prête. Ni la Société nationale des chemins de fer de Tunisie (Sncft), ni la société du RFR ne communiquent avec le public. Le site facebook du RFR est figé à la date du 23 juin dernier. Rien n’est, donc, dit à propos de ce qui attend les futurs usagers de ce nouveau mode de transport. On joue, depuis des années, sur les nerfs des habitants des zones censées être desservies par ce réseau ferroviaire. D’ailleurs, on est en droit de s’interroger sur l’existence de la société du RFR qui aurait pu être rattachée à la Sncft. En effet, tout milite dans le sens de l’unification de ces deux sociétés. C’est, peut-être, une des raisons de la désorganisation qui existe dans la réalisation du projet du RFR. Des rapports conflictuels ne sont pas à exclure. L’utilisation de l’emprise de la Sncft par la société du RFR pose plus de problèmes qu’elle n’en résout. Ces problèmes ne se seraient jamais posés s’il n’y avait qu’un seul opérateur. C’est, d’ailleurs, la multiplicité des intervenants qui est l’un des obstacles dans les retards cumulés relatifs au lancement effectif du réseau ferroviaire. Des retards qui ont coûté très cher et qui pénaliseront davantage notre économie.
Diviser pour régner
Le scindement de la SNT en deux sociétés (Sntri et Smlt), puis la reconversion en STT (l’actuelle Transtu), il y a près de vingt ans, avait un but. Le gouvernement de cette époque voulait diminuer l’impact des grèves des personnels. Diviser pour régner. Au contraire, aujourd’hui, une société devant gérer le réseau ferroviaire doit être forte et disposer de tous les moyens humains et matériels pour réaliser un tel programme. La création de la société RFR en 2007 a compliqué la tâche.
En laissant deux opérateurs différents s’occuper d’un même projet ne fait que disperser les efforts et les moyens. Ce qui, à notre sens, va à contre-courant de la politique de bonne gouvernance. Car seule une société forte et bien structurée est capable de mener de grands travaux à bon port. La Sncft, grâce à son passé (moyennant, bien sûr, une bonne restructuration), peut atteindre les objectifs fixés.
Le citoyen ne peut plus attendre. Il faut, qu’au moins, une ligne du RFR entre en exploitation le plus tôt possible. Aucun responsable n’a le droit de tergiverser davantage. Les différentes raisons et explications apportées par les uns et les autres ne convainquent plus personne. Il est temps de passer aux choses sérieuses. Finies les promesses non tenues et les faux-espoirs des futurs utilisateurs de ce réseau.
Aussi, peut-on s’attendre à des résultats concrets à la suite de la réunion du nouveau ministre du Transport, le 18 novembre, avec la commission chargée du suivi du projet du RFR. Des recommandations concrètes ont été formulées et des dispositions ont, également, été prises concernant des réunions hebdomadaires pour évaluer le déroulement des travaux et l’application des mesures.
Le ministre a, sur ce point, averti qu’il n’acceptera plus aucun retard ou report dès qu’un engagement est pris ou un rendez-vous fixé.