Le premier trimestre sera marqué par les négociations avec le FMI et le lancement d’un programme de réformes de l’économie et des finances publiques. La pandémie restera omniprésente et prégnante. Les querelles politiques aussi. Voici, dans le désordre, les mots de 2022.
Omicron et autres variants. Soyons optimistes. 2022 sera peut-être la dernière année du Covid-19 tel qu’on l’a connu en 2020-21. Il deviendra plus présent. Moins dangereux. Endémique. Plus proche d’une grippe que d’une maladie grave. Le monde aura appris à vivre avec.
Libye. Ou l’espérance d’un retour à la stabilité. On ne le dit pas assez : l’instabilité en Libye, qui dure depuis 2011, a aggravé la situation économique de la Tunisie. Elle a créé des conditions qui ont menacé la sécurité de notre pays. Des élections sont de nouveaux annoncées. Elles auront peut-être lieu. Peut-être pas. Le statu quo serait meilleur que le retour à la guerre civile. Des institutions légitimes et qui fonctionnent seraient meilleures que le statu quo.
Ne l’oublions pas, la Libye comme le Yémen ou la Syrie, est l’exemple de ces pays du printemps arabe où les enjeux externes ont pris le pas sur les enjeux internes et où des puissances étrangères, nombreuses et hétérogènes, sont intervenues directement dans les affaires intérieures. La seule voie pour nous est celle de la souveraineté et de l’indépendance sourcilleuse.
Le calendrier politique tunisien
Consultation électronique à partir du 1er janvier dans 24 gouvernorats, puis totalement ouverte à compter du 15 janvier sur l’adresse : https://e-istichara.tn/home. La consultation contribuera à élaborer des amendements constitutionnels ainsi qu’une réforme de la loi électorale.
Référendum le 25 juillet 2022. Nouvelles élections le 17 décembre 2022 sur la base d’une nouvelle loi électorale. Projet de loi de réconciliation pénale prévoyant des transactions des personnes impliquées dans des crimes économiques et financiers.
Ce calendrier et son contenu ne suscitent pas l’unanimité. Les réactions vont de l’adhésion au rejet, en passant par les critiques d’ordre juridique ou politique.
Les réformes économiques et financières
Le premier trimestre sera consacré à des réformes et aux négociations avec le FMI. Depuis la révolution, le pays a été happé dans une pente dangereuse qui l’a conduit à une trappe de déficit budgétaire, de faible croissance, de chômage, de délitement de l’Etat, d’endettement public… Tout cela a sapé la confiance des investisseurs, créé des tensions sociales. La masse salariale de l’administration a triplé en dix ans, atteignant un record : 16% du PIB.
Les maux sont connus, identifiés, font consensus. L’assainissement des finances publiques est une priorité absolue. Sans cela, aucune reprise, aucune dynamique vertueuse n’est possible.
Le plan du gouvernement pour sortir de cette trappe de l’endettement, des déficits et de la faible croissance a le mérite d’être tuniso-tunisien. Il est pragmatique, plus pragmatique que ceux des précédents gouvernements. Cela étant, il n’est pas assez volontariste, il ne va pas assez vite mais c’est probablement dû à la situation politique. C’est un plan progressif qui veut restructurer les entreprises publiques, réduire la masse salariale, réduire les subventions.
Sera-t-il suffisamment crédible pour le FMI ? Il est trop tôt pour le savoir. Il est à première vue acceptable, même s’il est trop progressif. Le risque, c’est la perte de crédibilité de la Tunisie : les précédents gouvernements ont pris des engagements qu’ils ont été loin d’atteindre.
Notons que les pays disposés à accorder des prêts ou des garanties demandent tous soit un accord avec le FMI, soit une hausse des cours internationaux du pétrole, ce qui leur permettrait d’avoir suffisamment de ressources.