En dépit de son exiguïté et du manque flagrant de soutien, l’espace de lecture Trottoir culturel du Kram, situé à l’avenue Habib Bourguiba, regorge de livres précieux et draine des bibliophiles et des étudiants de diverses nationalités.
Exception faite des rares maisons de culture qui font de la résistance aux cafés qui essaiment sur nos trottoirs, il existe peu d’endroits dans les villes où les citoyens de tout âge peuvent s’abreuver de lecture. En dépit de ce constat consternant et frustrant, certains liseurs croient toujours aux bienfaits de la lecture, refusent d’abdiquer devant les contraintes et persévèrent dans leur difficile tâche consistant à aménager des espaces pour la lecture et la vente du livre .C’est le cas de l’un des habitants du Kram (banlieue nord de Tunis) qui a réussi un réel challenge. Chercheur autodidacte et bibliophile bien connu au Kram, Hamed Benabdelaziz Thabet est fier de son petit coin situé à l’avenue Habib Bourguiba qui fait office de bibliothèque avec une touche de déco atypique. Sous l’appellation du «trottoir culturel du Kram», cet espace de lecture et de vente de livres commence lentement et sûrement à frayer son chemin sans aucune aide. Des livres en différentes langues se rapportant à la science, la littérature, l’histoire, aux magazines et manuscrits anciens relatifs à l’histoire de la Tunisie au temps du beylicat, en passant par des études et des recherches universitaires, l’espace en question est unique en son genre dans toute la banlieue nord. «Lecture gratuite pour tous … bienvenue», lit-on sur une pancarte à l’intérieur de la bibliothèque en ébène . C’est que notre ami ne cherche pas à gagner de l’argent et ne cible pas que les bibliophiles et les bibliomanes. La lecture résume toute sa vie et il tient à partager cette passion avec tout le monde sans aucune exception. Des étudiants africains se sont habitués récemment à ce lieu de lecture et de culture. Ils viennent même pour réviser leurs cours ou pour bouquiner, nous fait-il encore savoir. Il regrette que les jeunes boudent ce genre d’espaces dédiés à la lecture.
Manque de soutien
Des promesses de soutien financier, Hamed en a reçu à maintes reprises, aussi bien des institutions publiques que privées mais, à chaque fois, il a dû déchanter. Et pourtant il a grand besoin de ce soutien pour organiser des conférences et des débats littéraires. En raison de la situation actuelle de cet espace et du manque de matériel, il m’est impossible d’accueillir des tables rondes autour de thèmes culturels, regrette -t-il. Et d’ajouter que certaines institutions ont imposé des conditions très restrictives contre une éventuelle aide, ce qu’il a refusé d’emblée. Toutefois, il reconnaît le mérite et le soutien du maire actuel.
En grand amateur d’ouvrages écrits, Hamed est toujours en quête de livres rares et précieux et ne cesse d’étonner par son grand amour pour la recherche. Il se penche depuis 1987 sur une grande étude se rapportant aux charges symboliques de diverses civilisations qui ont marqué la Tunisie, notamment les drapeaux. A cet effet, il a effectué plusieurs visites à l’étranger, dont l’Egypte, la Turquie, la France, l’Italie, la Suisse, l’Espagne et a eu des entretiens avec des chercheurs, des historiens et cinéastes tunisiens.