Les discussions ont porté exclusivement sur les questions économiques et financières, ainsi que sur le soutien de la France aux réformes envisagées par la Tunisie dans le cadre de ses négociations avec le Fonds monétaire international, précise la partie française.
Il a fallu un communiqué publié par la direction générale du trésor relevant du ministère français de l’Economie des Finances et de la Relance pour clarifier le contexte de la visite du directeur général du Trésor, Emmanuel Moulin, à Tunis, le 31 janvier dernier. Une visite que les médias n’ont pas passé sous silence et autour de laquelle le gouvernement n’a pas daigné apporter la moindre explication dans un premier temps par excès de prudence, alimentant ainsi les rumeurs quant au cadre de cette visite. Les précisions apportées tard dans la soirée d’avant-hier par la ministre des Finances, Sihem Nemsia, ont, toutefois, exclu un recours au Club de Paris.
Renégociation des créances de la Tunisie
Selon le communiqué publié par la partie française, Emmanuel Moulin s’est rendu à Tunis sur invitation des autorités tunisiennes. Il était accompagné de la cheffe du service des affaires bilatérales et de l’internationalisation des entreprises du Trésor, Magali Cesana. Cette visite s’inscrit dans le cadre des échanges réguliers entre les deux pays et les discussions ont porté exclusivement sur les questions économiques et financières, ainsi que sur le soutien de la France aux réformes envisagées par la Tunisie dans le cadre de ses négociations avec le Fonds monétaire international.
Certes, tout n’a pas été dit. Le diable est dans les détails et notamment au niveau des réformes dictées par le FMI pour la poursuite des négociations avec notre pays en vue d’obtenir de nouvelles lignes de crédit. Autrement dit, la renégociation des créances de la Tunisie par le biais d’un soutien apporté par la France. Le déplacement à Tunis de l’ancien conseiller économique de l’ex-président français Nicolas Sarkozy, ou mieux encore de celui qui est qualifié à Paris comme étant le vétéran des crises financières, en compagnie de la cheffe du service des affaires bilatérales et de l’internationalisation des entreprises du Trésor, intervient après l’entretien téléphonique entre les deux présidents Kaïs Saïed et Emmanuel Macron, samedi 22 janvier.
Cette visite survient dans un contexte de grave crise économique jamais vécue par notre pays depuis l’indépendance, selon les experts. Les énormes difficultés budgétaires auxquelles fait face la Tunisie aggravées par une crise politique aiguë, ne laissent plus une grande marge de manœuvre aux gouvernants et inquiète les bailleurs de fonds. Ce qui explique la nécessité d’un soutien d’une tierce partie en guise de garantie mais aussi d’accompagnement.
Des réformes profondes inévitables
Emmanuel Moulin a-t-il été appelé à la rescousse en portant la casquette du Club de Paris, ce groupe informel de créanciers publics, dont le rôle est de trouver des solutions aux difficultés de paiement, d’autant plus qu’il a eu déjà une rencontre avec le gouverneur de la Banque centrale ainsi que la ministre des Finances ? On ne le sait trop surtout que la partie tunisienne s’est montrée beaucoup plus discrète autour de cette visite. Mais il semble bien que le « super techno », comme aiment l’appeler certains de ses collègues, ait été mandaté par le président Macron en personne dans le cadre d’une assistance technique.
En effet, la ministre des Finances, Mme Sihem Nemsia, a apporté certaines précisions autour de cette question sur la chaîne de télévision nationale. Elle a tenu à expliquer que la visite du directeur général du Trésor, Emmanuel Moulin, à Tunis était déjà programmée. « Non, il ne portait pas la casquette du Club de Paris, mais il est arrivé en tant que conseiller technique pour des négociations avec le FMI, notamment en ce qui concerne la proposition relative à la création à cet effet de deux agences, l’une consacrée au Trésor et l’autre aux entreprises publiques », a-t-elle ajouté.
Le pays traverse une crise financière sans précédent qui risque de s’aggraver encore plus. L’arrivée à Tunis d’un conseiller technique de la trempe d’Emmanuel Moulin après concertation entre les deux présidents Kaïs Saïed et Emmanuel Macron pourrait bien aider à surmonter ces moments difficiles. L’homme est bien connu en France par son savoir-faire et son flegme en matière de gestion de crise, mais la mise en œuvre des réformes profondes pour réengager les négociations de nouveaux accords est inéluctable pour la Tunisie.