Aujourd’hui et ici, en l’an 2022, qui dit intelligence artificielle (IA) dit une science informatique qui permet aux systèmes d’apprendre et d’exécuter des tâches ordinairement associées à l’intelligence humaine. On en cite : reconnaissance vocale, prise de décisions et perception visuelle. De par le monde, 83% des entreprises interrogées placent l’intelligence artificielle comme une priorité stratégique et 75 % déclarent que l’intelligence artificielle est la clé pour identifier de nouveaux clients et de nouvelles entreprises.
D’après les experts et spécialistes les plus avérés, «de la détection des fraudes aux méthodes d’embauche efficaces, en passant par la prévision de la maintenance des machines, l’intelligence artificielle est aujourd’hui devenue un facteur d’innovation dans le monde du travail et ses applications quotidiennes».
Or, en Tunisie tout comme dans le reste des domaines du vécu, l’on continue cette assassine marche à reculons qui ne fait que freiner toute marche sur la voie du développement.
Chez nous, nous qui sommes égarés dans un monde qui va à mille à l’heure, on ne peut toujours pas parler d’intelligence artificielle et les efforts des institutions universitaires depuis 2010 en matière d’IA semblent être restées lettre morte. Les publications scientifiques passant d’une dizaine à une centaine de publications par instituion (Universités de Sfax, Tunis, Sousse, Monastir et Carthage), en l’espace de 10 ans, n’ont pas fait bouger les choses sur le plan pratique.
Pis encore — et c’est le comble de la bêtise humaine —, notre pays dispose de l’un des écosystèmes de startup IA des plus actifs en Afrique, et des plus intéressants dans sa diversité et son approche. Plusieurs startup tunisiennes spécialisées en IA, lancées ces dernières années, ont excellé sur les plans national, continental et international.
En novembre dernier, le leader BioNTech européen a, en effet, annoncé une collaboration stratégique avec la startup tunisienne «InstaDeep» avec l’intention de former un laboratoire d’innovation en IA pour développer de nouvelles immunothérapies basées sur la plateforme technologique «DeepChain d’InstaDeep». Une preuve, entre autres, des performances tunisiennes en la matière.
Sauf que les lois protectionnistes mises en place pour la protection d’une oligarchie, dont le fonctionnement est régi par une assassine économie de rente, bloquent toute perspective d’avancement réel dans ce domaine fort prometteur.
Un exemple édifiant est celui relevant de l’utilisation des drones (engins volants, légers, sophistiqués et très pratiques). Le cadre légal régissant ces engins en Tunisie est, en effet, incroyablement différent des autres pays du monde. L’utilisation des drones est encore entravée par des autorisations spéciales, ce qui rend l’expansion de certaines activités économiques impossible. En conséquence, le marché des drones reste très restreint et peine à décoller et les professionnels sont de plus en plus démotivés par la complexité des démarches à suivre et les barrières imposées.
En 2019, le marché des drones destiné au grand public était estimé à près de 5 milliards de dollars, selon des statistiques officielles. Ce marché continue à représenter des perspectives de croissance, grâce à l’ouverture progressive des espaces aériens à travers le monde. Selon l’étude de la société Teal Group, ce chiffre sera amené à tripler pour franchir la barre des 14 milliards de dollars en 2028.
En Tunisie, ici et aujourd’hui, il suffit d’importer un engin pour qu’il soit saisi par les autorités douanières, il suffit de lancer un petit engin dans notre espace pour des prises de vue technique ou artistiques pour ensuite passer des heures devant un enquêteur ou un autre relevant du ministère de l’Intérieur.
Le comble de la bêtise humaine : enseigner, mener et financer des recherches sur ce qu’on ne saura pas mettre en pratique pour en tirer profit par la suite. Chez nous, le monde est à l’envers et la marche à reculons se poursuit.