Certes, 2022 sera une année transitoire pour l’utilisation des drones en Tunisie ; dans les prochaines semaines, le ministère du Transport devrait publier le projet du décret présidentiel relatif à l’utilisation des drones.
A l’heure où les avancées technologiques ne connaissent plus aucune limite tant elles progressent et évoluent vite, l’utilisation des drones dans notre pays reste entravée par le manque d’un cadre législatif adéquat pour réglementer ce domaine qui comprend plusieurs secteurs, notamment la fabrication, l’exploitation, la formation et la maintenance. Et jusque-là, l’utilisation des drones en Tunisie ne se faisait qu’à travers l’acquisition d’une autorisation délivrée respectivement par les ministères de l’Intérieur, de la Défense, du Transport et de l’Equipement. Ce constat tombera bientôt dans l’oubli, puisque en peu de temps, le domaine de drones va émerger rapidement en Tunisie — comme il est déjà dans presque la majorité des pays du monde—, étant donné qu’une nouvelle législation est sur la piste de décollage. C’est ce qu’a annoncé Karim Hassine, chef de division du système de la gestion des fréquences à l’Agence nationale des fréquences (ANF) et pilote du drone formé dans le cadre de la coopération entre le gouvernement tunisien, la Banque africaine de développement (BAD) et la Corée du Sud fin 2018 début 2019.
2022, une année transitoire…
Dans une déclaration accordée à La Presse, M. Hassine a indiqué que depuis 2018, le gouvernement tunisien, notamment le ministère du Transport, a essayé de mettre en place un cadre légal et institutionnel propice pour ce domaine. Mais l’instabilité politique, qui règne dans le pays depuis des années, a constitué un facteur de blocage, ce qui rend l’expansion de certaines activités économiques, dont l’utilisation des drones, impossible. Mais à partir de cette année, l’utilisation de ce joyau technologique connaîtra un tournant décisif dans notre pays ; tant attendu, le projet initial du cadre juridique relatif à l’utilisation des drones a été finalisé et devrait répondre aux besoins du marché tunisien en la matière.
« Début de l’année 2021, le projet initial en coordination avec les différents départements ministériels a été achevé. Puis, durant le premier trimestre 2021, on a procédé à la concertation de la communauté multipartite composée de dirigeants de la société civile, d’entrepreneurs issus du secteur des technologies (startuppeurs), de mentors universitaires, d’experts de l’industrie… Après avoir étudié les avis sur cette première version, le projet sera prêt avant la fin de 2022, voire dans quelques semaines… Une telle mesure aura un impact très important, surtout pour l’économie nationale, étant donné que le domaine des drones est vaste ; c’est tout un écosystème qui fait face, aujourd’hui, à des enjeux multiples, à l’instar de l’évolution de l’utilisation des drones à usage militaire, civil et économique avec des performances notoires (prises de vues aériennes, surveillance, transport, agriculture…), l’évolution future des drones de petite taille, télépilotés… Plus loin que cela, aujourd’hui, tout est devenu plus intelligent; agriculture, commerce, surveillance et même la livraison de biens connaissent des transformations et, donc, on ne peut plus faire marche arrière, c’est contre la nature du monde technologique, son rôle, ses influences dans la société, son image…
A mon avis, 2022 sera une année transitoire pour l’utilisation des drones dans tous les domaines… Certes, on est sur la bonne voie, étant donné que le ministère du Transport et celui des Technologies de la communication ont, bel et bien, dit leur mot et soutiennent ce chemin. Et, donc, l’initiative, la volonté, la détermination et l’implication des différents ministères dans cette démarche ne peuvent que nous encourager à poursuivre dans cette voie. Et le plus important dans tout cela, est que la volonté politique ne manque pas pour faire avancer les choses, avec un cadre réglementaire favorable à l’utilisation des drones dans tous les secteurs», a expliqué M. Hassine.
La formation, l’autre enjeu
Notre interlocuteur a, également, affirmé que dans le futur proche, le monde aura encore plus de technologies et de solutions innovantes, qui peuvent êtres aéroportées par les drones dans n’importe quel secteur. Pour ce faire, une formation adéquate est, de toute évidence, l’une des conditions essentielles du succès dans ce domaine.
« Notre pays dispose du personnel qualifié dont des instructeurs drones à voilures fixes et à voilures tournantes, des instructeurs et concepteurs de cours qualifiés à l’échelle internationale par l’Organisation de l’aviation civile internationale…Et, donc, une fois le cadre légal mis en place, il faut accélérer la formation théorique et pratique au pilotage de drones civils pour que ce secteur prenne son envol et continue de progresser en volume et en valeur… Tout ce processus devrait être développé conformément à la réglementation internationale dans le domaine, car avec la révolution 4.0 que les pays industrialisés sont en train de vivre, le recours aux drones serait inévitable pour tous les secteurs économiques et même autres. Et grâce au transfert du savoir-faire et de la technologie coréenne, la Tunisie dispose, actuellement, de ses propres formateurs au pilotage de drones. Aujourd’hui, il suffit de passer à l’action car dans un futur très proche, où l’intelligence artificielle fera l’unique loi qui régit l’économie d’une société donnée, les drones seront la main-d’œuvre favorite par les jeunes entrepreneurs…Il suffit de croire à une démarche participative pour atteindre tous ces objectifs », a-t-il encore précisé.