• En novembre 2021, survint un drame : décès d’un nourrisson âgé d’à peine sept mois dans une crèche pour cause de négligence. Plus qu’un drame, il s’agit là d’un fait qui reflète l’état d’un secteur gangréné par les établissements illégaux, anarchiques et non structurés.
• Des témoignages rapportent des cas de violence, d’autres assurent que des enfants ont droit « à leur dose quotidienne » de somnifère pour que règne le calme dans l’établissement.
• Il y a quelques mois, 266 crèches et jardins d’enfants ont fermé leurs portes, car ils ne sont pas réglementaires. Néanmoins, des centaines d’autres continuent à ouvrir et à recevoir des enfants en bas âge en toute impunité.
Le ministère de la Famille, de la Femme, de l’Enfance et des Personnes âgées vient d’annoncer la fermeture provisoire, jusqu’à ce que l’enquête soit menée à bout, d’un jardin d’enfants dans le gouvernorat de Ben Arous. En effet, une vidéo montrant un enfant en pleurs dans le jardin révèle un soupçon de négligence, voire maltraitance. Chose que le personnel de l’établissement réfute, assurant que l’enfant jouait dehors et s’est enfermé à l’extérieur. Il n’a été ni puni, ni empêché d’entrer, la mère de l’enfant elle-même, aurait réitéré les mêmes propos.
Seulement, la question qui se pose : où est la surveillance ? Comment peut-on laisser des enfants jouer dehors, fut-ce dans le jardin sans que cela ne soit supervisé par un adulte ?
Le ministère a de son côté offert une prise en charge psychologique à l’enfant qu’on voyait crier sur la vidéo tout en continuant à mener l’enquête.
L’application de la décision relative au nouveau cahier des charges reportée
Rappelons qu’un arrêté ratifiant le cahier des charges pour la création des jardins d’enfants a été publié le 24 janvier 2022 dans le Journal officiel de la République Tunisienne. Annulant celui du 28 mars 2003, il stipule des nouvelles dispositions auxquelles doivent se conformer les jardins d’enfants et les crèches dans un délai d’un an.
Le cahier des charges est constitué d’une cinquantaine d’articles relatifs à l’ouverture, l’organisation des établissements de petite enfance, ainsi qu’au contrôle et suivi.
Ayant causé polémique, car la chambre nationale relevant de l’Utica estime avoir été écartée de l’élaboration de ces disposition, l’application de l’arrêté vient d’être reportée au mois de décembre 2022. Le ministère a par ailleurs annoncé mercredi dernier que les parties prenantes seront impliquées.
Relevant que le cahier des charges stipule la nécessité d’un casier juridique vierge pour toute personne ayant l’intention d’ouvrir un établissement pour la petite enfance : « Ne pas avoir été poursuivie pour un crime ou un délit immoral ou un crime de violence à l’égard des femmes et des enfants, quelle qu’en soit la forme », ainsi que l’obligation d’un équipement de surveillance à l’entrée principale, dans les couloirs et les espaces d’accueil.
Les activités doivent se conformer au programme scolaire officiel du ministère de la Famille, de la Femme, de l’Enfance et des Personnes âgées.
Ces quelques conditions seraient nécessaires dans un pays où les jardins d’enfants dites coraniques ont proliféré un peu partout en Tunisie, inculquant aux enfants des valeurs extrémistes. Certains de ces établissements sont devenus des nids d’embrigadement précoce.
Notons par ailleurs que l’Etat doit suivre de près les crèches et jardins d’enfants réglementaires aussi afin de s’assurer des bonnes conditions offertes aux enfants et nourrissons.