La Tunisie accueillera au mois d’août 2022 les assises de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (Ticad) dans sa huitième édition. Elle sera ainsi le deuxième pays africain après le Kenya en 2016. La Ticad 8 devrait être l’occasion pour la Tunisie de valoriser sa géographie, son histoire, son capital diplomatique et son potentiel scientifique et technologique pour promouvoir une triangulation économique et technologique.
Ce sommet de grande envergure sera une opportunité pour la Tunisie pour jouer un rôle important dans les pays avec lesquels elle entretient des relations privilégiées surtout en Afrique de l’Ouest.
La Ticad 8 pourrait plaider de privilégier et de capitaliser le potentiel humain et la position de l’Afrique comme une plateforme d’investissements directs au centre de l’arc géo-économique Atlantique-Méditerranée-Indopacifique pour mieux insérer l’Afrique dans la Chaine globale de recherche, d’innovation, de technologie et de savoir (GVE),devenue un impératif aussi bien économique, qu’écologique et social.
Triangulation stratégique
La Ticad 8 sera l’occasion d’explorer, d’approfondir et de valoriser les opportunités de triangulation gagnant-gagnant-gagnant , Asie-Afrique-Europe, Amérique-Afrique-Europe, et même Amérique-Afrique-Asie, ouvertes par le nouveau contexte international et régional et par la nouvelle attractivité de l’Afrique.
Selon les analystes, la Ticad 8 doit promouvoir la nouvelle position de l’Afrique au centre d’un arc de prospérité, de dynamisme économique et d’excellence technologique. Des actions de triangulation ont été réalisées dans les pays ayant des façades maritimes, surtout en Afrique du Nord avec l’Europe et en Afrique Orientale. Le développement d’une infrastructure « Seamless Africa » (Afrique sans sutures) de transport et de communication permettra de viabiliser et de désenclaver la masse continentale et d’étendre la triangulation aux autres pays de l’Afrique.
« L’appel du Japon au développement de l’Afrique procède de la conviction que, avec la globalisation, des écarts excessifs de développement entre les pays représentent une menace grave au système des relations internationales, à la paix et à la stabilité dans le monde, aussi réelle que la menace à l’unité nationale que représentent les écarts de développement entre les régions au sein d’un même pays ».
L’appel procède aussi de la conviction que le développement de l’Afrique contribue non seulement à l’atténuation de la menace au système des relations internationales, mais aussi à la création dans la chaîne globale de valeur d’un cycle vertueux long et important de croissance internationale.
La ruée…
Depuis la chute du mur de Berlin en 1989 et la première Ticad en 1993, « le contexte international de la Ticad a beaucoup changé et entré dans une phase de transition accélérée. La pandémie Covid-19 et d’autres mutations et défis globaux majeurs, comme le changement climatique, les avancées technologiques, etc. continuent à motoriser aujourd’hui et, pour longtemps encore, la transition rapide de ce contexte. La transition touche l’environnement global et régional, les objectifs, et les moyens d’action de la Ticad. Elle touche aussi les acteurs membres de la Communauté Ticad mais aussi de nouveaux acteurs intéressés par l’Afrique. La transition concerne enfin des initiatives nouvelles directement ou indirectement pertinentes à la Ticad », c’est ce qui ressort d’un débat animé par le Forum Ibn-Khaldoun pour le développement sur le futur Sommet.
Et de préciser que l’Afrique, qui était victime de « l’aide- fatigue » des donateurs d’APD (aide publique au développement), est aujourd’hui sollicitée par tous les acteurs majeurs sur la scène géopolitique et géoéconomique internationale. Ce continent se veut aujourd’hui un grand fournisseur de matières premières comme le bois, de ressources naturelles et minières, de main-d’œuvre, d’espace, de terres agricoles et de ressources en eau (virtuelle) pour le défi de la sécurité alimentaire.
Récemment, l’Afrique est devenue aussi un fournisseur important d’énergie fossile. « La croissance démographique, l’amélioration des niveaux de vie dans le monde, et l’entrée d’acteurs massifs, comme la Chine et l’Inde, dans la chaîne globale de production industrielle créent une demande explosive pour ces ressources. Cette demande s’ajoute à la demande existante et crée une ruée vers l’Afrique dans la compétition vive pour ces ressources limitées».
La Ticad 8 sera l’occasion d’explorer, d’approfondir et de valoriser les opportunités de triangulation gagnant-gagnant-gagnant , Asie-Afrique-Europe, Amérique-Afrique-Europe, et même Amérique-Afrique-Asie, ouvertes par le nouveau contexte international et régional et par la nouvelle attractivité de l’Afrique.
Présence économique du Japon en Tunisie
Actuellement, le nombre d’entreprises japonaises en Afrique s’élève à 800 dont 22, c’est- à-dire 3% du total, en Tunisie. Ces entreprises emploient 15.000 personnes (mai 2020). Elles sont actives essentiellement dans le secteur des composants automobiles (faisceaux électriques, airbags, etc…,).
Par ailleurs, la Tunisie a bénéficié du financement japonais concessionnel (APD), de plusieurs projets importants d’infrastructure dont le pont de Radès-Goulette pour $76mio, la Centrale électrique à Radès de $346mio, la station de dessalement de Sfax de $333mio, et l’équipement des centres de recherche du Parc Technologique de Borj Cédria pour $100mio.
La Ticad, en tant que conférence multilatérale prévoit d’aborder lors de sa 8e édition, les questions liées au développement en Afrique. Ainsi, le Japon s’engage à continuer de soutenir le processus de développement au niveau de l’Afrique dans le sillage des projections retenues au titre dudit sommet. C’est ce qui a été confirmé par Miyashita Tadayuki, directeur général adjoint d’Afrique au ministère japonais des Affaires étrangères, qui a affirmé que l’objectif premier assigné à cette édition consiste à «promouvoir le développement de l’Afrique». L’Afrique dit-il, qui «constitue le groupe le plus représentatif à l’Organisation des Nations unies, dispose d’un important potentiel en ressources minières et énergétiques et enregistre un taux de croissance démographique des plus élevés. Autant de facteurs et d’atouts qui justifient l’intérêt du Japon pour le développement de ce continent dans différents domaines, l’accélération de la transformation économique et l’amélioration de l’environnement des affaires, la consolidation d’une société durable et résiliente ».