La société Ellouhoum a lancé une campagne de vente promotionnelle de viandes rouges du lundi 25 au mercredi 27 avril 2022. Le but déclaré était de soutenir le pouvoir d’achat des citoyens. En vérité, l’intention est bonne, mais la manière n’y était pas.
Certes, ce n’est pas la première fois qu’une telle opération est organisée par cette société. Et on a remarqué que malgré la bonne volonté affichée par les uns et les autres, les résultats n’étaient pas au niveau des attentes.
Il y a, tout d’abord, des remarques à faire sur le déroulement de la vente, l’affluence exceptionnelle des acheteurs, le profil de ces derniers et les conditions dans lesquelles se fait le travail des employés affectés à cet effet.
Si on passe en revue les différentes opérations organisées par la société Ellouhoum à diverses occasions, on note qu’elles ont, toujours, connu des affluences record. Les acheteurs se présentent, à chaque fois, en très grand nombre (plusieurs centaines). Donc, difficilement contrôlable notamment quand on voit le nombre de personnel mobilisé pour le servir. De plus, le local aménagé pour la vente est relativement exigu vu la forte demande et la pression du nombre de clients.
C’est pourquoi ces derniers doivent attendre des heures avant que leur tour n’arrive. Malgré une apparente organisation (distribution de numéros de priorité), on ne peut s’empêcher de signaler ces passe-droits et ces privilèges accordés aux connaissances.
En effet, il n’y a pas que de simples citoyens qui viennent faire leurs achats dans cet espace. Des professionnels (bouchers, restaurateurs …) sont au premier rang. Et, ils ont les moyens d’arriver à être servis les premiers et de façon infaillible. Quant aux autres acheteurs, c’est selon leur chance si d’aventure ils parviennent à trouver la quantité de viande recherchée et avec la qualité attendue.
Néanmoins, il est possible de trouver une meilleure manière de s’acquitter de cette mission. Jusqu’à présent, la société Ellouhoum n’a pas cherché à améliorer la qualité de ses prestations. Quand on sait quel est le rôle social qu’elle joue, on ne peut pas rester ainsi les bras croisés. Dans le contexte actuel, ceux qui en profitent le plus ne sont pas ceux qui ont un pouvoir d’achat limité, mais surtout des marchands et des spéculateurs. C’est malheureusement le sort de tous les secteurs en Tunisie. Chaque fois qu’on met en place une solution pour aider les classes à faible revenu et affronter les difficultés économiques, on trouve ces parasites qui viennent tout fausser.
Les efforts de la société sise à El Ouardia sont, bien sûr, louables et méritent d’être encouragés. Pour ce faire, il faudrait adopter une plus grande vigilance pour ne plus permettre à ces profiteurs de s’arroger des droits qui ne sont pas les leurs. Un simple consommateur se contente d’une autre quantité raisonnable de viande et non de ces quantités qui sont, carrément, arrachées sous le nez de ce consommateur qui a attendu très longtemps sans être servi. Il est vrai que chacun est libre d’acheter la quantité qu’il veut comme l’a précisé, à juste titre, le responsable de la société. Mais devant les abus de certains, il faut réagir sans, pour autant, vexer les clients. Pourquoi, en effet, ne préparerait-on pas à l’avance des paquets prêts à être livrés. Emballés sous forme de 2, 3, 4 ou 5 kg (maximum), ces paquets seront facilement écoulés lors de l’ouverture du magasin. Comme les clients ont, préalablement, confiance dans la marchandise, il n’y aura rien à redire. Pendant que la vente se déroule, d’autres employés continueront à préparer de nouveaux paquets. Ce serait une manière comme une autre de parer au manque de personnel affecté à la vente. Car la poignée de personnes chargées de la vente est insuffisante pour satisfaire cette grande foule qui afflue dès qu’on annonce une opération promotionnelle.
A côté du nombre réduit des vendeurs et la relative exiguïté du magasin, on peut relever cet immense paradoxe. Comment un tel complexe comme celui de la société Ellouhoum d’El Ouardia peut-il rester dans un tel état d’abandon (voire proche du délabrement) dans certains de ses pavillons ? Son étalement sur une grande superficie fait de lui un site hautement stratégique en matière, non seulement de viandes, mais, également, en ses dérivés. La modernisation de cet immense complexe s’impose et le plus vite serait le mieux. Le ministère et les autres parties concernées sont appelés à accorder l’intérêt qu’il faut à cet endroit qui mérite, vraiment, un autre destin.
En l’absence de l’éventualité de l’ouverture d’autres points de vente, l’aménagement moderne de ce site fournirait au Grand-Tunis un espace commercial de premier plan capable de répondre aux demandes les plus fortes.
En attendant la réalisation de ce rêve (pour ne pas parler d’utopie), on conseillera aux responsables de prévoir un autre espace plus grand pour la vente et un effectif plus renforcé de vendeurs. En plus d’une manière plus efficace de vente pour que la viande parvienne aux vrais bénéficiaires.